
Il
est bien tôt pour dresser un bilan complet de la rentrée dans notre
académie. Néanmoins, quelques points saillants méritent d'ores et déjà
d'être relevés. Cela n'aura échappé à personne, l'autorité
ministérielle a placé cette rentrée sous le signe de la sécurité. Le
contexte l'exige évidemment. Mais sur le terrain, les mesures annoncées
restent problématiques à mettre en œuvre et nos établissements sont
loin de répondre à tous les besoins dans ce domaine. La culture de la
sécurité n'est par ailleurs pas si simple à acquérir et va demander des
efforts particuliers à tous les personnels. Quels moyens y seront
affectés ?
Instituée sous Sarkozy en 2008, la prime spéciale encourageant à faire au
moins 3 heures supplémentaires est abrogée. Rappelons que cette prime devait
permettre de réduire plus facilement le nombre d'enseignants. La
décision est exécutoire dès la rentrée et les enseignants devraient la
voir disparaitre de leur salaire cette année. Le ministère doit estimer
qu'il y a suffisamment de création de postes pour ne plus avoir besoin de
cette prime. Le
Sgen-CFDT dénonce le retard de publication des textes concernant les
enseignants contractuels qui les prive d’une année de droits
sociaux nouveaux.
Publier
ces textes le 31 août 2016 est contradictoire avec les engagements
du ministère devant les partenaires sociaux et irrespectueux des
enseignants contractuels.
Les
personnels contractuels contribuent à la réalisation du service
public d’éducation, ils méritent un plus grand respect de la part
de leur employeur. Ce n’est pas avec de telles pratiques de gestion
des personnels que le ministère attirera les compétences dont il a
pourtant grand besoin.
Lire
notre communiqué de presse en intégralité
Si nous continuons à penser que la réforme du collège porte en elle des germes très positifs
pour tous, nous avons bien conscience que ceux-ci mettront longtemps à
porter tous leurs fruits, si on leur laisse le temps nécessaire : il
nous faut accepter le temps long, se répéter qu'il n'y a pas
d'obligation de perfection dès le 1er septembre !Alors que François Hollande annonce une réforme du lycée sans que personne n'y croit, du moins avant les élections présidentielles, on constate partout la nécessité d'un profond changement pour cet échelon de notre système éducatif délaissé par la refondation.
Le
lycée français, général, technologique et professionnel souffre en effet
aujourd'hui de la montée des effectifs d'élèves, d'une
organisation trop rigide et trop cloisonnée, et d'un baccalauréat
inadapté qui empêche toute évolution pédagogique et surtout toute
vraie coordination avec l'enseignement supérieur. Le Sgen-CFDT se
bat depuis des années pour une refonte complète et globale du
lycée, du bac et des premières années de l'enseignement supérieur
selon un cursus Bac-3/Bac+3 : nous avons décidé de mettre cette
revendication au coeur de notre action syndicale lors de cette
rentrée 2016, ce dont la presse s'est fait largement écho.
"Un bac sur mesure défendu par le Sgen-CFDT" sur EducPro
Voir notre CP : La Refondation s'est arrêtée aux portes des lycées
L'économiste
Thomas Piketty a lancé un pavé dans la mare en dénonçant sans le
journal LeMonde
un
niveau de ségrégation sociale très élevé dans le sytème
scolaire français, en prenant l'exemple des colléges de la région
parisienne.
Dans la capitale, où il y a 175 collèges, la quasi-totalité des
enfants dit socialement "défavorisés" – c’est-à-dire
dont les parents sont ouvriers, chômeurs, ou inactifs – sont selon
lui scolarisés dans les établissements publics alors que ces
enfants défavorisés représentent moins de 1% dans les
établissements privés. Le privé, dit Piketty, "pratique une
exclusion sociale quasi-complète des classes sociales défavorisées".
Et de proposer que les établissements privés massivement
subventionnés (puisque l'Etat paie la quasi totalité du salaire de
ses enseignants) se voient imposer une procédure commune
d’affectation des élèves, avec un système qui fasse en sorte que
tous les collèges, publics ou privés, comptent entre 10% et 25%
d’élèves défavorisés.
La tribune a beaucoup fait réagir : éditorial du Monde, réponse de la ministre dans le même journal. Marie Piquemal avait déjà évoqué ces lycées parisiens "où l’entre-soi prime toujours »
Lire la tribune de Piketty sur LeMonde.frLa
tribune de l'enseignante Charlotte Magri, qui a enseigné dans
les quartiers Nord de Marseille. Sur le HuffingtonPost,
elle
lance un cri d'alarme : "Les
fondations de notre école s'effritent et craquent. Nos responsables
viennent claironner que tout va bien puisqu'ils ont changé une tuile
à la toiture. Tant mieux pour l'élève qui était juste en dessous
de la tuile en question. Mais pour les autres? Et pour demain?".
Nous
les enseignants sommes les grands déçus du hollandisme... C'est du
moins ce qu'affirment une foule d'articles (LeParisien
par exemple ou LesEchos.fr)
appuyés sur des sondages accablants pour le président de la
République (voir
le
sondage OpinionWay).
Le grand chantier dit de la Refondation de l'école n'est visiblement
pas parvenu à satisfaire les profs... Le bilan qu'en dresse la
presse est plus que mitigé, voir par exemple LesEchos.fr,
Libération,
Altereco+.
Cette
déception sera peut-être relativisée par certains enseignants
quand ils auront pris connaissance des programmes des candidats à la
primaire de la droite. Selon Claude Lelièvre qui a recensé toutes
les propositions des différents candidats, c'est "en
arrière toute et même un peu plus loin ". Pour L'Obs,
"les
réac-républicains prennent d'assaut l'école".
On pourrait rajouter que tous proposent aussi une baisse drastique du
nombre de fonctionnaires qui affectera très certainement
considérablement l'Education Nationale. Pas grave pour Sarkozy car
les profs auront 25% d'heures à faire en plus...
Sûr que l'uniforme (souhaité selon un sondage par deux français
sur trois, voir laDépêche)
permettra de mettre fin à la ségrégation sociale (voir point
précédent...).
Les
médias en ont peu parlé et pourtant, les animateurs du périscolaire
étaient en grève dans toute la France lundi dernier : en
cause, un décret paru durant l'été dénoncé par 5 syndicats dojnt
la CFDT qui ont appelé à la grève. Ce décret, paru le 1er août
officialise la réduction du taux d'encadrement déjà prévue
lors de la réforme des rythmes scolaires afin de faire face à la
hausse des besoins en animation périscolaire.
Sur le site Tout sur l’Algérie,
on compare les systèmes éducatifs de la Corée du Sud et de la
Finlande, qui bien que diamétralement opposés dans leur approche, sont
plutôt égalitaires, aux systèmes éducatifs des États-Unis, de France et
du Liban, où les disparités demeurent, voire s’accentuent…|
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