Mais que fait le Sgen ? Agir

Ces questions, nous, militants, nous les entendons souvent : "Et alors, il fait quoi ton syndicat ?" ou "Pourquoi n'appelle-t-il pas à la grève?" Et effectivement, nos moyens d'actions demandent à être questionné, renouvelés...

Lisez notre appel à la mobilisation le 30 mars !

Lutte vintage et transformation

Nous faisons face à une crise démocratique et écologique sans précédent. Faisons ici l’hypothèse que reprendre l’ancien et s’en inspirer pour faire du neuf ne sera pas à la hauteur des enjeux actuels.

Monsieur Macron et son gouvernement se contrefichent des corps intermédiaires. Plus qu’un manque de temps, c’est même stratégique. Laurent Berger a tendu la perche plusieurs fois. Pas de réponse.

Jupiter veut un lien direct avec “le peuple”. Mais qu’est-ce que le peuple ? Le peuple n’est pas la foule… Et le format “questions/réponses à tout” dans lequel il semble à l’aise est très “ancien monde”.

Agir, mais comment ?

Que faire face à cette impression de chaos ? Comment ne pas se résigner ou tomber dans le cynisme ?

La question n’est pas nouvelle

Elle s’était déjà posée à l’époque du président Sarkozy qui déclarait, goguenard, que “désormais quand il y a une grève en France, plus personne ne s’en aperçoit”. Depuis 2008, la CFDT varie les modes d’actions, sans pour autant renier l’appel à la grève lorsque le besoin s’en fait sentir.

grève pasteurQu’en est-il en 2019?

Le Sgen-CFDT a choisi de ne pas participer à la grève du 19 mars, car la question de l’école n’est pas au cœur de ce mouvement. Il s’agit d’un appel à une grève générale et nationale, aussi bien dans le public que dans le privé, dont les revendications sont, en partie, en relation avec le pouvoir d’achat et sont communes avec celles du mouvement des Gilets Jaunes : augmentation des salaires, des minima sociaux… Certes, il est fait référence à « un véritable droit à l’éducation » ou à la réforme du lycée, mais le communiqué ne dit rien de la loi Blanquer qui nous préoccupe !

Le Sgen-CFDT préfère cibler ses actions

Appeler les collègues à perdre une journée de salaire pour participer à un mouvement qui risque de noyer le sujet qui nous préoccupe par d’autres revendications, ne nous semble pas pertinent. Mais nous ne restons pas inactif pour autant :

Certes, pour certains, cela n’est pas ou plus suffisant

Des gens comme Juan Branco, qui tient par ailleurs des propos grèvetrès intéressants sur l’endogamie au sein de l’élite française (discours d’autant plus marquant qu’il en est issu), défendent l’idée que nos représentants nationaux sont pour la plupart tellement déconnectés du quotidien et de l’impact de leurs décisions qui maltraitent les corps que ce n’est que lorsqu’ils se sentiront eux-aussi menacés physiquement et qu’il auront peur qu’ils bougeront.

Cela peut s’entendre tant l’exaspération d’un côté et la surdité de l’autre ne semble pas trouver d’issue. Mais pour le Sgen-CFDT, la violence n’a jamais été une solution tant elle peut produire l’inverse de l’effet escompté et tant elle n’est pas du tout garante de produire du commun. Et puis que penser de ces mobilisations qui ne forment qu’un agrégat difforme de mécontentements ? Ne finissent-elles pas par être contre-productives ainsi qu’en témoigne le rassemblement du 16 mars à Paris.

Pour le Sgen, la bonne attitude, c’est proposer… quoi qu’il arrive

N’ayons pas non plus la mémoire trop courte en nous souvenant que lorsque nous avions des occasions de faire avancer nos propositions pour l’école, il y a 5 ou 6 ans dans un contexte de créations de postes, d’autres organisations syndicales les ont bloquées sous prétexte que “le compte n’y était toujours pas”. Cette expression confortable est ainsi répétée à l’envie…

Mais ce sera quand le bon moment ? La valse des ministres n’y aide pas (2 ans de durée de vie moyenne sous la Vème République)…

Mais un syndicat peut justement être le lieu du temps long.

Osons aller encore plus loin: du changement à la transformation

On ne change pas les choses en s’opposant à ce qui existe déjà. Pour que les choses changent, il faut construire un nouveau modèle qui rende l’ancien obsolète.

Richard Buckminster Fuller

Face à une telle crise de la représentation (dont les syndicats font partie) et face à l’enjeu de la survie de notre espèce, nous appelons donc à une transformation. Le Larousse nous donne la définition suivante du changement : « Action, fait de changer, de modifier quelque chose » et pour la transformation : “ passage d’une forme à une autre, par exemple, la transformation de la chrysalide en papillon ”. La réforme ou le changement appellent donc à modifier l’existant pour l’améliorer, tandis que la transformation ou la métamorphose produisent un résultat nouveau. Un papillon n’est pas une chenille améliorée

Concrètement, que fait-on ?

L’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul.

Gandhi

Pas de côtéCommençons par nous-mêmes. Expérimentons d’autres formes de fonctionnements collectifs dans nos établissements, dans nos écoles, dans notre classe. Nous critiquons vertement la posture jupitérienne, mais demandons-nous si, nous aussi, nous ne nous complaisons pas, parfois, dans une posture « d’exécutants-consommateurs-commentateurs ».

Au Sgen-CFDT, nous nous intéressons à de nouvelles formes de gouvernance comme la sociocratie ou l’holacratie (expliquée par le Sgen Pays de Loire). À l’échelle d’un établissement, réfléchissons à la manière de mieux se répartir les rôles pour sortir d’un modèle pyramidal descendant.

Dans ma classe, quand est-ce que les élèves ont droit à la parole ? Pierre Rosanvallon dit que nous sommes à la préhistoire de la démocratie. Quelle éducation à la délibération collective ? Quelle éducation au choix ?

Et professionnellement, comment sortir de la solitude et du schéma profondément ancré “1h / 1 prof / 1 classe” ou “1 jour / 1 prof / 1 classe”? Comment créer des lieux solidaires au sein desquels on peut sécuriser la parole et se dire que, parfois, on y arrive pas (ce qui suppose de revoir le rôle des inspections obsolètes et infantilisantes) ? Pourquoi ces lieux ne sont mis en place qu’en cas de crise et dans les établissements dits difficiles ?

Voyons le syndicat comme un lieu parmi d’autres où l’on peut faire ce pas de côté.

De la réaction à la création

Au quotidien, les militants engagés dans notre équipe syndicale utilisent cette force du collectif pour accompagner, grâce à leur connaissance des rouages de l’éducation nationale, les collègues dans leurs parcours individuels. Mais ils ne cherchent pas de boucs émissaires. Ils et elles préfèrent questionner l’environnement et ce qui fait système, pour trouver des clés ensemble.

Nous proposons également des temps pour descendre du vélo et se regarder pédaler, comme des formations:

Et puis, avec la CFDT, nous construisons, patiemment mais sûrement (et plus discrètement que d’autres) des revendications au long cours, seuls ou à plusieurs, comme ces 66 propositions pour un autre modèle de développement. Chacun(e) jugera du mode d’action qui lui semble le plus efficace…

Prenez cet article comme une invitation à faire partie de cette aventure collective.