« Choc des savoirs » : ce qu’il en reste à la rentrée 2024

La dissolution aura eu au moins un mérite : retarder ou ajourner la mise en place de certaines mesures contenues dans le fameux "choc des savoirs" décidé par Gabriel Attal et mis en œuvre par Nicole Belloubet... En attendant, un jour peut-être, la nomination du 4e ministre de l'Education en un an.

Jusqu’au bout, la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques a pesé pour obtenir des avancées qui permettent d’améliorer les conditions de travail des agents. Forte d’un regard multiple, parce qu’elle syndique toutes les professions, la CFDT a fait le choix de privilégier le dialogue à la chaise vide.

Au regard de la gravité de la situation politique, certaines avancées peuvent paraitre modestes. Elles changeront malgré tout le quotidien de travail de nombreux agentes et agents.

Dans le premier degré : on échappe (pour le moment) aux nouveaux programmes et à la labellisation des manuels

Des évaluations maintenues, mais avec quelles modalités de reconnaissance du travail des personnels

  • Choc des savoirsMalgré les demandes répétées et insistantes de la CFDT de ne pas les généraliser, les évaluations nationales seront bien obligatoires tous les ans du CP à la 6ème dès la rentrée 2024. Il serait impossible de les repousser car « les livrets sont déjà imprimés »…
  • Nous avons obtenu l’assurance du ministère que les frais de transport des livrets par nos collègues IEN seraient remboursées. Cependant, le Ministère n’a toujours donné aucune réponse à notre demande de reconnaissance du travail supplémentaire induit pour les enseignants. Il confirme donc le « travailler plus pour gagner autant » ! Les collègues pourront uniquement profiter de la déduction de 6 heures sur les APC.
  • Il convient de souligner que cette modalité se fait sur le dos des heures dues aux élèves ayant des besoins identifiés, des élèves que les évaluations sont censées aider, dixit la note du ministère.

L’application des programmes de Cycle 1 et Cycle 2 repoussée en septembre 2025

Choc des savoirs Les programmes de cycle 1 et 2 ne seront pas applicables en septembre 2024, même si leur publication avait lieu. Ce report rend de facto obsolètes les formations que certains IEN voulaient mettre en place dès la rentrée pour les enseignants des cycles concernés.

Autre conséquence et avancée de ce report, la labellisation des manuels qui ne pourra être mise en œuvre.

Dans le second degré : beaucoup de changement sont (heureusement) gelés

Évaluations nationales au collège : des changements et quelques avancées

Choc des savoirsConcernant les évaluations en collège, nous avions demandé à Madame la Ministre de ne pas lancer le dispositif d’évaluation tel qu’il était présenté dans la circulaire de rentrée.

Nous avons obtenu en partie satisfaction puisque les évaluations de 5ème et de 3ème seront facultatives. Elles ont été allégées par rapport à ce qui était prévu :

  • une heure maximum pour les épreuves de maths et français,
  • une épreuve de fluence facultative pour les élèves de 5ème et de 3ème,
  • un calendrier de passation resserré.

Le Sgen-CFDT Alsace propose aux collègues de ne pas s’engager dans une telle démarche au regard de la mise en place du mal nommé choc des savoirs. Notre organisation syndicale rappelle son opposition à cette « évaluationnite » permanente.

Groupes de niveau

Ils seront, hélas, bien mis en place, les décrets ayant été publiés avant la dissolution de l’Assemblée nationale. Ils le sont le plus souvent avec des moyens insuffisants qui ont impacté parfois fortement les établissements, obligés de supprimer des dispositifs pédagogiques ayant fait leurs preuves…

Le Sgen-CFDT Alsace demeure totalement opposé à cette mesure et appelle les équipes à se saisir des marges d’autonomie qui leur restent pour faire au mieux, en gardant si possible de l’hétérogénéité dans les groupes.

Groupes de niveau au collège : le « chaos » des savoirs

Diplôme National du Brevet : des reculs à prévoir

  • Choc des savoirsLà encore, le « Choc des savoirs » entendait modifier un certain nombre de choses. Nous avons rappelé à plusieurs reprises notre opposition à ce qui était proposé par ces mesures, en particulier l‘obligation d’obtenir le DNB pour poursuivre en lycée. Cette mesure, qui devait entrer en vigueur à la rentrée de septembre 2025, semble ne plus être d’actualité. Une avancée qui reste à confirmer, le décret d’application étant simplement « gelé » dans l’attente de la nomination d’un nouveau ministre.

Mais à l’heure actuelle, d’un point de vue légal, l’obligation d’avoir le Brevet pour passer en Seconde (GT ou pro) n’existe pas.

  • Enfin, pour le collège, nous avons clairement marqué notre opposition à la modification de la part de contrôle continu pour l’obtention du DNB présentée au futur CSE de la fin du mois d’août qui risque, comme beaucoup d’annonces de ce ministère, de ne pas pouvoir être prise en compte. Lors de sa conférence de presse, Nicole Belloubet a annoncé « que les décrets ont dû être reportés mais ils sont prêts à être publiés pour entrer en vigueur en 2025″.

Reste que les PP de  3e se retrouvent à devoir accueillir les élèves sans pouvoir leur dire précisément les enjeux et les modalités d’évaluation et de passage au lycée.

Classes « prépa Seconde »

A l’heure actuelle, deux lycées de l’Académie de Strasbourg accueilleront les élèves volontaires, ayant échoué au Brevet, pour les préparer à la Seconde. Cette expérimentation se fait dans le flou avec des programmes vagues et incomplets. Reste à savoir combien de familles et d’élèves se sont portés volontaires dans notre académie et si ce dispositif sera vraiment généralisé à la rentrée 2025.

Le brevet des collège risquant de devenir beaucoup plus difficile à obtenir (voir plus haut), le nombre d’échecs et donc d’élèves devant passer par une classe prépa-Seconde risque d’augmenter de manière exponentielle !

En savoir plus sur ce qui était prévu pour les classes prépa-Seconde

En savoir plus sur le choc des savoirs

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