Grande enquête sur les conditions de travail des stagiaires

Nous avons réalisé une grande enquête en février sur le site de la Meinau à Strasbourg portant les conditions de travail des stagiaires. Plus de 100 stagiaires 1er et 2nd degré ont participé. Un grand merci à eux. Voici les résultats et notre analyse.

Votre parole, notre synthèse

1) Le temps de travail des stagiaires


On parle ici du temps de travail tout compris (préparations des cours, réunions, formations, corrections,…). 78% des stagiaires du 1er degré et 58% des stagiaires du 2nd degré trouvent que la charge de travail est excessive.

Temps de travail 1er degré                                        Temps de travail 2nd degré

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Les conditions de travail : « notre cerveau n’est pas extensible à l’infini »
Beaucoup de déplacements pour « des formations qui ne répondent pas à du concret » et qui si elles ne sont pas systématiquement inintéressantes « sont parfois trop déconnectées », d’où l’impression de perte de temps. Ce temps jugé de façon assez unanime comme étant terriblement contraint. « l’enseignement à assurer + les trajets + la formation c’est très lourd ». A l’évidence, vous n’êtes pas toutes et tous en situation de burn out, mais vos conditions de travail sont globalement estimées comme étant très difficiles. Le « manque de temps pour se poser » prendre du recul est le point cardinal de beaucoup de remarques implicites.

2) Les tuteurs

Des tuteurs plébiscités, mais…

Globalement vous semblez plébisciter vos tuteurs, que vous soyez du 1er ou de second degré. Le taux de satisfaction est élevé (86% pour le 1er degré et 95% pour le 2nd degré) et les rapports tendus avec le tuteur semblent marginaux. Il est toutefois noté que les relations tendues sont essentiellement dus à un rapport d’autorité de type maître/élève. L’ambiguïté des relations de confiance tuteur/stagiaire est également évoquée au travers du constat suivant « un tuteur qui note n’est pas un tuteur à qui l’on peut se confier ». Enfin dans certains cas, le tuteur semble être un accompagnant potentiellement remarquable, mais manquant manifestement de temps pour jouer son rôle à plein. Vous remarquez également parfois qu’il y a des injonctions contradictoires entre tuteurs et formateurs ESPE, votre souhait est également de rencontrer davantage de PEMF « capables de parler de leurs expériences pédagogiques ou didactiques ».

3) Les apports professionnels qui manquent aux stagiaires

Des apports professionnels insuffisants, une formation trop déconnectée des réalités du travail. 

Le problème de l’articulation entre théorie et pratique est un problème récurrent qui existait dès la création des IUFM dans les années 90 et qui semble perdurer de façon massive avec l’ESPE.

Vous êtes nombreux à dire que « de nombreux projets à réaliser seraient plus utiles a posteriori une fois les bases du métier maîtrisées », que la formation TICE n’est pas toujours adaptée aux besoins et que la formation en générale est plus « une suite de défis à relever ou de pièges à éviter » alors que vous auriez besoin « d’outils concrets sur comment créer un cours du début à la fin ». Bref beaucoup de stagiaires considèrent que les formations proposées sont « hors sujet ou hors sol par rapport aux préoccupations centrales et immédiates du métier » et qu’il faudrait laisser davantage de place aux échanges de pratiques.

« Je préfère travailler pour ma classe que d’écouter un enseignement chronophage et sans lien avec l’emploi ».

Voici ce qui vous paraît manquer :

1er degré :                                                                  2nd degré :

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« On a l’impression d’être jeté à l’eau puis qu’on essaye de nous apprendre à nager à coup de diaporama…». Vos demandes d’apports professionnels sont davantage diversifiées que vos remarques pour les autres questions. On notera simplement qu’émerge une demande assez forte dans le premier degré en faveur de davantage de didactique et plus précocement, plus particulièrement en mathématiques, que la formation-sensibilisation ASH était nécessaire mais arrivant trop tardivement dans l’année scolaire. Trop peu de formations également dans les domaines suivants : immersion REP ou Rep+, poser sa voix, marquer son autorité, gérer sa carrière et ses rapports avec la hiérarchie…

4) Préparation au métier et représentation initiale du métier

Des différences importantes sont à noter dans ces deux domaines. 71% des stagiaires du 1er degré trouvent la préparation incomplète contre 44% dans le second degré. Et donc logiquement 69% des stagiaires du 1er degré déclarent que le métier est plus difficile que ce qu’ils pensaient alors que 50% des stagiaires du second degré ont une vision du métier conforme à leur représentation initiale.

Une conclusion

Plus de bienveillance, moins de stress, plus de temps pour construire des séquences

« On veut faire de nous des praticiens réflexifs mais nous on a d’abord besoin de survivre à la semaine ». Ce n’est finalement pas la qualité des enseignements assurés par les formateurs ESPE qui est en cause, mais bien l’articulation entre théorie et pratique ou le continuum n’est pas bien construit. Le sentiment d’urgence permanente, la succession ou l’empilement de tâches à réaliser génèrent souvent du stress au travail et les congés scolaires (ceux de Noël notamment) sont perçus comme des moments où l’on va enfin pouvoir se consacrer…à avancer dans ses préparations de cours. Pas de repos pour les stagiaires-forçats !

Le résultat de cette enquête sera communiqué par le Sgen-CFDT Alsace au directeur de l’ESPE, à la Rectrice et aux corps d’inspections dans le cadre d’entrevues bilatérales.

 

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