Dans le premier degré, la question de la gouvernance se pose de manière singulière car l'école n'est pas un établissement public. Elle ne dispose donc d'aucun statut légitimant une prise de décision réellement autonome. Cela n'est plus acceptable...
École : une absence de statut juridique devenue inacceptable
Comment piloter une école au plus près de ses besoins quand les lieux où se prennent les décisions pour les personnels et les élèves en sont éloignés ?
C’est au niveau départemental ou des inspections de circonscription que le pilotage pédagogique s’effectue, alors que l’organisation matérielle et périscolaire dépend de la municipalité.
Ces décisions hors les murs, dans des lieux différents, engendrent inadéquation avec les besoins, lourdeur de fonctionnement et incompréhension des personnels. Les adultes des écoles sont de fait dépossédés d’une grande part de l’organisation qui les concerne et pour laquelle ils devraient pouvoir décider collectivement. Les enseignants y voient un manque de reconnaissance de leur expertise et de leur capacité à concevoir et à agir. C’est au directeur ou à la directrice que revient, avec l’équipe enseignante, la gestion de cette contradiction avec l’équipe enseignante, en assumant le plus souvent une gestion de classe au quotidien.
Cela n’est plus acceptable.
Que l’école soit urbaine ou rurale, les problématiques se rejoignent : importance grandissante des questions de sécurité des personnes et des biens, manque de temps, besoin d’aide administrative pérenne, incapacité à s’organiser en toute autonomie, absence de légitimité face aux acteurs locaux, besoin d’adultes dans l’école pour faire face à tous les aléas du quotidien et manque de reconnaissance de l’institution…
Pour le Sgen-CFDT, le statuquo n’est plus possible.
Aujourd’hui, se donner les moyens structurels d’améliorer le fonctionnement des écoles est un impératif !
Témoignages venant de collègues exerçant dans d’autres académies
La création d’un établissement du 1er degré crédibiliserait la fonction de directeur… »
L’école, non reconnue en REP, accueille des publics en difficulté.
Nous manquons de moyens et les classes sont chargées, avec des niveaux doubles ou triples. L’équipe enseignante est renforcée par deux AVS, une stagiaire « CAP petite enfance », un service civique et deux Atsem. Si l’aide apportée est une chance pour tous, cette diversité requiert de nombreuses réunions et des suivis administratifs, y compris avec le collège-employeur. Or je ne dispose que d’une journée par mois, à des moments et avec des remplaçants différents. Il faudrait donner un temps de direction fixe pour tous et rendre notre rémunération plus attractive. À ce titre, l’accès à la classe exceptionnelle qu’instaure le protocole PPCR est un véritable progrès.
Les difficultés d’exercice sont donc réelles : manque de soutien et de considération de la part de l’institution et absence d’aide administrative pérenne, notamment.
La création d’un établissement du premier degré devrait y répondre et permettrait aussi de crédibiliser la fonction de directeur face aux différents interlocuteurs.
L’école souffre de nombreux manques et la hiérarchie est trop pesante…
Mon école, située dans un quartier REP+ de Marseille, accueille une population hétérogène en grande difficulté sociale.
La misère y est quotidienne si bien qu’à mon métier de directrice s’ajoutent des tas d’autres fonctions : assistante sociale, infirmière, policière ou écrivaine publique. L’équipe enseignante y est jeune et sans expérience en REP+, il faut donc les aider à remplir leur fonction dans la classe et en dehors.
L’école souffre de nombreux manques : en matière d’aide administrative, de moyens financiers, de personnels pour soutenir l’action dans les classes ; le matériel informatique – celui des élèves comme celui de la direction – est à bout de souffle. De surcroît, la hiérarchie est trop pesante.
Pour faciliter le fonctionnement de l’école, il faut avant tout la doter d’un statut, de moyens suffisants et d’une autonomie financière pour que les priorités soient données au plus près des besoins. Mais il faut également que le directeur ou la directrice ait un vrai pouvoir et soient de vrais interlocuteurs pour les décideurs (inspection de l’Éducation nationale, mairie).
L’avis du Sgen-CFDT
La gouvernance des écoles est un sujet majeur, car c’est le levier essentiel d’amélioration du système éducatif et des conditions de travail des personnels, au profit des usagers.
Notre organisation, dans l’esprit du droit à l’émancipation défendue par la CFDT, demande plus d’autonomie pour les écoles afin que les équipes puissent légitimement faire les choix d’organisation qui les concernent.
Pour pouvoir s’exercer, cette autonomie doit s’accompagner de la délégation des moyens nécessaires. Elle doit également être organisée et structurée par des statuts d’établissement public originaux qui organisent la vie démocratique de l’école.
Les modèles existants d’établissements de l’enseignement supérieur ou du second degré doivent être expertisés mais une simple transposition aux écoles serait une erreur. Proche des citoyens par sa mission, par son rattachement aux communes et par son implantation géographique, l’école occupe une place singulière. Cette particularité doit transparaitre dans des statuts ambitieux en matière de démocratie sociale et de projet éducatif et pédagogique. C’est le projet construit par le Sgen-CFDT dans la continuité des résolutions des congrès de Décines et d’Aix-les-Bains sur l’établissement du premier degré.