La réforme du collège dans l’académie de Strasbourg

Quel bilan peut-on faire de la mise en place de la réforme du collège dans l'académie de Strasbourg ? Loin de l'apocalypse annoncée, mais avec beaucoup de difficultés dues à la précipitation du ministère, la réforme se met doucement en place et les projets se multiplient.

réforme du collège

Une mise en place très variée de la réforme du collège dans les établissements

Il se passe quelque chose dans les collèges

Dans certains établissements, la réforme du collège a été prise en main : le conseil pédagogique* a pris toute sa place et a collaboré activement avec le chef d’établissement pour décider de l’utilisation des heures de marge* et de la mise en place de l’AP* et des EPI*. Le travail en équipe s’est vu alors souvent revivifié et légitimé, car les enseignants ont pu et su travailler ensemble, par discipline ou en interdisciplinarité pour monter et faire vivre aux élèves de nombreux projets.

 

« C’est révolutionnaire, c’est génial ; les collègues discutent entre eux sur ce qui va être fait en AP ».

 

Certaines équipes ont mis en place des classes sans notes, ou un véritable accueil des élèves de 6e dans le cadre de l’AP pour leur faire mieux réussir leur début de scolarité secondaire. Ces collèges nous prouvent qu’une autonomie productive et positive est possible et même souhaitable : nous étions si nombreux à avoir besoin d’un peu d’oxygène.

« Les collèges ont enfin de l’autonomie : à des problèmes locaux, on peut trouver des solutions locales »

 

Mais des freins subsistent encore

On peut d’ailleurs regretter la multiplication des règlements parfois absurdes qui cassent un peu cette autonomie et empêchent de pouvoir faire de bons choix. Bien entendu, il existe aussi des établissements où le chef d’établissement est parvenu à tout verrouiller, où les dispositifs choisis sont très, voire trop, complexes pour les élèves ou pour les professeurs (emplois du temps à trous, ou à 3 ou 4 types de semaines, ou changeant chaque trimestre…) ; des établissements où ce sont les personnels, parfois influencés par le syndicat de moins en moins majoritaire qui ont bloqué toute réflexion et prise en main des changements dus à la réforme du collège.

« Chez nous, on n’a pas eu le choix, les moyens ont été utilisés pour sauver les postes ».

Une stratégie de l’attente bien compréhensible

Enfin, dans de nombreux collèges, les équipes sont dans l’attente, préférant être sûres que la réforme sera maintenue après les échéances électorales de 2017 : peut-on les blâmer lorsqu’on se souvient par exemple du sort fait aux Itinéraires de Découverte (IDD), dispositif pourtant prometteur, qui avait été enterré sans ménagement (et sans aucune réflexion) par un certain François Fillon en 2002 ?

 

réforme du collège reconnaissance

Le Sgen-CFDT réclame de nouvelles avancées pour une réforme du collège plus efficace

Une charge de travail trop lourde pour tout le monde

Cependant, du fait de la mise en place de nouveaux programmes dans toutes les disciplines et sur tous les niveaux, la charge de travail est très lourde pour tous les collègues ; si on ajoute l’investissement de beaucoup d’entre eux dans les EPI* et l’AP*, les conseils pédagogiques*, les conseils de vie collégienne en plus des CA et conseils de discipline, la tâche devient immense !

Pour les enseignants de langues vivantes enfin, il faut reconnaître que leurs conditions de travail se sont détériorées, car la marge horaire est absolument insuffisante pour assurer des groupes à effectifs raisonnables et assurer la transition (il a même souvent fallu mélanger des débutants avec des non-débutants !)

« Comment changer ses pratiques ? C’est compliqué, même si on y croit ».

 

Il faut donner du temps et une reconnaissance financière aux personnels

Et bien entendu, aucune valorisation, aucune reconnaissance de ce travail supplémentaire n’a été annoncée par Najat Vallaud Belkacem : cela est inacceptable. Le Sgen-CFDT continuera tout au long de l’année scolaire de réclamer un vrai coup de pouce pour tous les professeurs exerçant en collège.
Mais nous demanderons aussi sans relâche que du temps soit donné aux équipes pour la mise en place de la réforme !
La réforme du collège ne pourra en effet produire ses fruits qu’au bout de plusieurs années et il y a tellement de choses à faire que tout ne pourra être parfait dès cette année scolaire ! Il faut du temps aux équipes éducatives pour se concerter, pour se former, pour faire des bilans sérieux de ce qui a été fait.