Une journée de mobilisation a eu lieu le 8 mars pour rendre visibles les conditions de travail des travailleuses essentielles et des travailleurs essentiels ainsi que les revendications que la CFDT porte les concernant...
Pour une juste reconnaissance des métiers les plus précaires dans l’éducation nationale
Le 3 février 2022, la CFDT organisait, à Paris, une marche des travailleurs essentiels, afin de mettre en lumière ces salariés insuffisamment reconnus. L’action se poursuit le 8 mars, avec une journée destinée à rendre visibles les conditions de travail de ces salariés de l’ombre et faire remonter les revendications qu’ils portent.
Le Sgen-CFDT s’associe à la journée des travailleurs et travailleuses essentiel.le.s portée par la CFDT, le 8 mars 2022. AESH, AED, personnels administratifs de catégories B et C, personnels ouvriers des CROUS… le Sgen-CFDT souhaite rendre visibles les conditions de travail de ses personnels et les invite à faire remonter leurs revendications.
Précarité, temps partiel subi, faiblesse des rémunérations, conditions de travail difficiles, il est temps de mettre en lumière les professions insuffisamment reconnues, et pourtant indispensables, qu’exercent ces personnels et d’obliger notre employeur à y remédier.
Un questionnaire pour mettre en lumière les difficultés des AESH
Les AESH ont été invité.e.s à compléter un questionnaire pour faire part des difficultés rencontrées dans l’exercice de leur métier et pour exposer leurs revendications.
Voici un aperçu de leurs réponses….
Les difficultés rencontrées par les AESH concernent surtout :
Les PIAL, la « flexibilité » qu’ils imposent et le fait de devoir accompagner plusieurs enfants au détriment de la qualité de cet accompagnement :
« Depuis la mise en place des PIAL il n’y a plus de limite à notre flexibilité, nous sommes dans l’instabilité et l’insécurité permanente, sans parler de l’impossibilité d’exercer efficacement nos missions auprès des élèves. Nous sommes devenus des petits pions, devant être d’astreinte du lundi matin au samedi midi non stop, le tout sans avoir de temps plein pour la majorité et sans la possibilité de pouvoir s’engager dans un emploi parallèle ou s’organiser pour nos obligations personnelles compte tenu des changements qui peuvent être opérés à volonté. »
« Le plus compliqué est que je travaille dans trois établissements différents sur des demi-journées. J’ai beaucoup de frais de déplacement et même pas 1h pour manger. »
« Je suis à temps partiel (je fais 24h) et je suis sur 3 postes, c’est à dire que je m’occupe de 3 élèves. Un en maternelle, un en élémentaire et un autre au collège. C’est très dur pour moi car je passe mon temps à courir d’un poste à un autre. Je suis épuisée… On me donne rarement les infos…. Je trouve que les PIAL ont détruit notre métier… On est malléables et corvéables à merci. Je suis AESH depuis 6 ans et c’est la première année que je me mets en grève. Je suis juste dégoutée et déçue de la manière dont nous sommes traités. »
« Depuis la mise en place des Pial, difficulté à s’intégrer à l’équipe pédagogique de chaque établissement et donc de prendre le temps d’échanger avec l’enseignant en cas de problèmes particuliers rencontrés par l’élève, sentiment de « courir » d’un établissement à l’autre ce qui a pour conséquence moins de temps pour échanger avec l’élève, les élèves ayant une notification « d’aesh mutualisé » se retrouvent avec des accompagnements de 4h, car il faut dispatcher les 24h entre chaque élève accompagné… ce qui loin d’être efficace et satisfaisant pour l’élève, précarité et épuisement. »
Le manque de formation, en particulier sur les pathologies des enfants accompagnés, et la difficulté à gérer certains enfants :
« Ce qui rend les tâches difficiles c’est surtout le manque de formation pour les « handicaps » suivis. La première année sans formation préalable j’ai dû suivre un enfant ne communiquant pratiquement pas oralement et un enfant dyspraxique. On apprend le métier par soi même en faisant des recherches sur le net. L’échange avec des professionnels est quasi inexistant… »
« Salaire bas, élèves à charge pouvant présenter des pathologies lourdes (troubles du comportement…), emploi du temps modifiable à souhait (pas de poste fixe dans un établissement, affectation connue tardivement et notifications tombant encore bien après la rentrée…), pas de groupe d’AESH venant d’un même PIAL (échange de coordonnées et rencontre commune afin de se connaitre et de s’entraider), formation trop théoriques (à quand des stages en IME, ULIS… ?), administratif trop lourd (demande de remboursement de frais de formation…). »
Le manque de reconnaissance :
« Comme dans de nombreux métiers, le manque d’informations sur notre mission est flagrant. L’équipe enseignante n’est pas toujours très au fait de nos compétences et il faut toujours prouver la justesse de nos actions et nos propos. Gagner à chaque fois la confiance de tous les acteurs de l accompagnement…
Un AESH n’est pas un subalterne mais bien un professionnel qualifié travaillant en bonne intelligence avec l’enseignant pour le développement d’un enfant dit différent… »
« Principalement le manque de reconnaissance global de notre fonction, finalement, on est très peu considéré et écouté… et pourtant on est utile même dans l’ombre… »
Les principales revendications des AESH :
Communiqué de presse de la CFDT :
RECONNAISSANCE
Le 8 mars, une mobilisation indispensable pour des travailleuses essentielles
Elles travaillent dans la propreté, la grande distribution, la construction, la coiffure, les services à la personne, la sécurité privée, les transports, les laboratoires d’analyse, la filière alimentaire, la logistique, le lien social… Elles supportent des conditions de travail difficiles, des horaires atypiques et des rémunérations au rabais.
Les femmes composent en grande partie les rangs des travailleurs qui se sont révélés essentiels durant la pandémie, ceux qui n’ont jamais cessé de travailler pour maintenir l’économie à flot et soutenir la société.
Ces travailleuses du privé et du public subissent de plein fouet une double sanction : leurs métiers souffrent d’un manque de reconnaissance et sont marqués par une forte précarité. 82% des temps partiels sont occupés par des femmes. Près de 60% des salariés payés au smic sont des femmes. Elles se trouvent engluées sur un plancher collant qui les empêche de progresser. Et lorsqu’elles réussissent à s’en extraire, elles se cognent au plafond de verre et peinent à atteindre des postes à responsabilité.
Après la marche des Essentiels du 3 février dernier, la mobilisation continue, afin d’obtenir une juste reconnaissance des travailleuses et des travailleurs de ces secteurs. Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, est l’occasion de braquer les projecteurs sur les travailleuses essentielles. La CFDT les appelle ce jour-là à se mobiliser à Paris et dans tous les territoires, avec les travailleurs essentiels, pour une juste reconnaissance de leurs métiers par les employeurs publics et privés.