Si Jean Michel Blanquer et le Ministère affirment que cette rentrée scolaire, pleinement organisée cette fois par le pouvoir en place, s'est bien passée, les constats pour le Sgen-CFDT sont tout autres ! Les remontées des collègues de terrain et des parents ne sont pas aussi dithyrambiques.
Des CP et CE1 dédoublés qui mobilisent les postes d’enseignants au détriment des autres classes
Comme chaque année, cette rentrée s’est « techniquement » bien passée. Mais, chaque année, c’est d’abord grâce au professionnalisme des collègues et à leur capacité d’adaptation face à des situations que l’administration avait mal voire pas du tout anticipées.
Ainsi les effets collatéraux du déploiement du dispositif des CP et CE1 dédoublés, pourtant décrits par le Sgen-CFDT dès le mois de janvier, se sont montrés criants pour de nombreuses écoles.
En effet, ce déploiement s’est opéré au prix d’une diminution des moyens de remplacement mais aussi de déséquilibres importants au sein même des écoles concernées, avec dans les autres niveaux des effectifs dépassant parfois les 28 élèves. Dans d’autres écoles la rentrée s’est faite sans avoir le nombre d’enseignants suffisant pour couvrir tous les besoins. Cela a donc, à juste titre, provoqué la colère des parents d’élèves qui ont occupé les écoles pour obtenir les moyens nécessaires pour leurs enfants. Sur d’autres territoires encore, pour compenser ce manque, les Directeurs académiques ont demandé aux décharges de direction d’assumer leur présence dans ces classes pour compenser l’absence d’enseignants. Inacceptable. Les directeurs et directrices d’écoles ne peuvent en effet être constamment une variable d’ajustement pour l’administration.
Les conditions de rentrée dans ces classes dédoublées ont pu également être problématiques. Des collègues se sont ainsi retrouvés dans l’obligation d’accueillir de nouveaux élèves et donc de réunir 15 ou 16 élèves dans leur classe de CP ou de CE1. Les collectivités territoriales ont de leur côté dû une nouvelle fois subir les injonctions de l’Éducation nationale et trouver coûte que coûte des locaux pour héberger ces classes de CP et CE1, quelquefois au détriment des autres dans la même école.
Un mépris pour les enseignants de la part du Ministre
Que dire d’autre part de la mise en place d’ajustements de programmes et de repères annuels de progression au coeur de l’été, d’évaluations nationales imposées par le Ministre sans concertation, sans dialogue social avec les professionnels. C’est pour beaucoup d’enseignant·es intolérable, tant beaucoup d’équipes avaient travaillé ensemble avant l’été, en juin et juillet, pour préparer cette rentrée et les grilles de progressions de cycles. C’est donc nier la capacité des enseignant·es à penser leur métier, les apprentissages et agir au quotidien à la réussite des élèves. Pour beaucoup, ces « ajustements » pensés dans le bureau du Ministre, rue de Grenelle, dénaturent l’esprit des programmes de 2015. Ils ne viennent qu’apporter de la confusion, ce qui ne peut que provoquer chez les enseignant·es une inertie à ne pas se les approprier.
Des mesures pour l’école inclusive qui tardent à montrer leurs effets
Que dire également du manque criant d’AVS/AESH permettant l’accueil des enfants à besoins particuliers ? De très nombreux enfants se retrouvent sans adulte à leurs côtés, et ce malgré les notifications MDPH intervenues bien en amont de cette rentrée scolaire. Malgré les annonces de l’été, les mesures concrètes tardent à se mettre en oeuvre. Le Sgen-CFDT a même eu connaissance de territoires où l’AESH habituelle de certains enfants a été déplacée vers d’autres enfants sans raison apparente. C’est encore une fois manquer de respect aux personnels et à leur capacité à travailler dans la continuité et dans un partenariat installé. Beaucoup d’enseignant·es se sont donc retrouvé·es à devoir accueillir des élèves sans adulte supplémentaire pour les soutenir. Une situation de l’école inclusive qui risque encore de se dégrader, notamment dans le délai pour réunir les équipes éducatives, et du fait du déficit de recrutements liés aux postes d’infirmier·es et de médecins scolaires, des postes souffrant d’un énorme manque de candidats.
Un dialogue social à construire ?
Tout cela aurait sans doute pu être mieux anticipé, mieux préparé, si le Ministère écoutait plus les personnels et leurs représentants. Pour le Sgen-CFDT, c’est donc bien d’un déficit de dialogue social que souffre le fonctionnement du Ministère actuellement, et d’une volonté farouche de tout piloter de façon verticale en faisant des enseignant·es des exécutants. Les enseignant·es apprécieront !