Les directeurs académiques du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ont réuni les CTSD fin janvier pour présenter leur projet de préparation de la rentrée 2022 dans les collèges de l’académie. Leur rejet unanime par les organisations syndicales représentatives les a contraints à une seconde présentation.
Prévisions d’effectifs et DHG : le statu quo de la rentrée 2022
Des effectifs en très légère baisse…
- Les effectifs attendus dans les collèges du Haut-Rhin, Segpa, classes relais et Ulis compris, connaissent une très légère baisse de 166 élèves, équivalent en moyenne à une baisse de moins de 3 élèves par établissement, ce qui est négligeable.
- Dans le Bas-Rhin, on prévoit 271 élèves en moins à la rentrée 2023 (- 0,6%, donc une quasi stagnation).
…Des DHG également
Le total des Dotations Horaires Globales accordées aux établissements accuse une baisse de 14,5 heures.
C’est donc le statu quo. La situation des collèges alsaciens était déjà très dégradée avant 2020 du fait de nombreuses réductions des moyens et de fortes augmentations d’effectifs. La crise sanitaire apparue il y a deux ans est venue encore détériorer cette situation. Le Sgen-CFDT Alsace a donc dénoncé l’absence totale de prise en compte, dans la préparation de la rentrée, des conséquences de la crise sanitaire sur la scolarité. Le déni se poursuit.
Effectifs et DHG par collège du Haut-Rhin.
Effectifs et DHG par collège du Bas-Rhin (à suivre)
Modalités de calcul :
Chaque établissement reçoit pour chaque division une enveloppe de 26 heures pour les enseignements obligatoires et de 3 heures de dotation complémentaire.
Les nouveautés dans les collèges pour la rentrée 2022
Une nouvelle typologie des collèges
Le ministère a créé un nouveau classement des collèges répartis en 6 groupes sur la base de 6 critères :
Les critères
- l’indice de positionnement social (IPS) des élèves
- la dispersion de l’IPS dans l’établissement
- la part d’élèves boursier⋅es de l’établissement
- la part de boursier⋅es de taux 3
- le score moyen aux évaluations de 6e (maths et français) des élèves de l’établissement
- le retard à l’entrée en 6e des élèves de l’établissement
Ces 6 critères permettent de classer les collèges en 6 groupes.
Pour aller plus loin sur ces critères…
Les groupes
- Groupe 1 : établissements très favorisés et de taille importante (aucun dans le Haut-Rhin public)
- Groupe 2 : établissements plutôt favorisés
- Groupe 3 : plutôt mixtes socialement
- Groupe 4 : plutôt éloignés et de petite taille
- Groupe 5 : plutôt défavorisés
- Groupe 6 : très défavorisés
Tableau de classement des collèges en fonction de cette nouvelle typologie (Haut-Rhin).
Tableau de classement des collèges en fonction de cette nouvelle typologie (Bas-Rhin).
Nous sommes intervenu⋅es sur le classement étonnant du collège Jean Georges Reber de Sainte-Marie-Aux-Mines dans la catégorie des établissements « plutôt mixtes socialement » et non dans le groupe des établissements « plutôt éloignés et de petite taille ». Ce collège est certainement, dans le département, l‘établissement le plus « éloigné », le plus enclavé. C’est également un collège de petite taille puisqu’il fait partie des trois collèges qui accueillent moins de 300 élèves, avec les collèges Anne Franck d’Illzach et celui de Kaysersberg. Enfin, nous avons rappelé que ce collège était il y a encore peu (en 2015) classé en éducation prioritaire.
Le Directeur académique du Haut-Rhin a entendu notre alerte et s’est engagé à demander une vérification de cette situation au ministère.
Pour le Sgen-CFDT Alsace, les critères pris en compte par cette typologie doivent permettre de mieux cerner la réalité socio-éducative de chaque établissement et donc de travailler avec plus de précision sur la répartition des moyens. Cela peut être une bonne chose pour mieux prendre en compte des difficultés spécifiques qui peuvent exister en dehors des réseaux d’éducation prioritaire, notamment dans le rural isolé, comme l’Alsace bossue.
Ce peut être une bonne chose pour mieux prendre en compte des difficultés spécifiques qui peuvent exister en dehors des réseaux d’éducation prioritaire, notamment dans le rural isolé comme l’Alsace bossue.
Faut-il encore que les moyens soient à la hauteur des enjeux de nos missions, ce qui est loin d’être le cas.
Une nouvelle marge complémentaire
Chaque établissement recevra une marge complémentaire dont la répartition entre collèges s’effectuera en fonction de la nouvelle typologie. Cette enveloppe est d’un montant global de 701 heures (38,9 équivalents temps plein). Cette marge varie de 4 heures à 29 heures en fonction des établissements.
Le Sgen-CFDT Alsace a toujours porté l’idée que les établissements puissent bénéficier d’une certaine autonomie dans l’utilisation des moyens qui leur sont accordés. Cela repose sur l’idée que c’est au contact des élèves que l’on sait le mieux ce qui peut être efficace pour la réussite de tous les élèves.
Mais cette marge complémentaire soulève plusieurs interrogations :
Comment l’enveloppe horaire est-elle répartie entre les établissements ?
Cette enveloppe comprend 701 heures dans le Haut-Rhin et 1084 dans le Bas-Rhin.
Malgré nos demandes de précision sur les modalités de calcul, le mystère reste entier. On nous a bien concédé « c’est une simple règle de trois » ou un « c’est calculé sur la base du H/E » mais rien qui permette de nous assurer de la transparence et de l’équité de traitement entre les établissements. Ce qui est, pour nous, inacceptable et très contre-productif, pour une démarche au départ plutôt intéressante.
Comment cette enveloppe a t-elle été constituée ?
Cette marge complémentaire se substitue à des moyens qui, les années précédentes, étaient fléchés. Il s’agit :
- des moyens fléchés pour l’enseignement bilangue
- des moyens fléchés pour la lutte contre l‘échec scolaire
- des moyens « ex-surnuméraires » accordés aux établissements REP
Ce que nous craignons c’est que les moyens très contraints dont disposent les établissements ne les obligent à faire des choix qui seront forcément très limités. Que restera-t-il à moyen terme de l’enseignement bilangue par exemple, enseignement très spécifique à notre académie ?
Une inflexion contestable de la politique académique des langues
Jusqu’à l’année dernière, l’Académie réservait environ 10 % de la dotation des collèges à des priorités académiques.. Celles-ci étaient globalement de deux natures : une politique de lutte contre les inégalités socio-éducatives et une politique des langues très volontariste. Cela constitue la marge d’autonomie de l’académie. Si la priorité à la lutte contre les inégalités socio-éducative demeure, la politique académique des langues connaît un changement de direction qui peut constituer une véritable rupture que nous ne pouvons que dénoncer.
La priorité accordée aux langues s’articulait jusqu’à l’année dernière autour de ces deux pôles :
- L’enseignement bilingue qui, dans le second degré, correspond à l’enseignement en allemand de certaines disciplines. Dans la préparation de la rentrée, cet enseignement connaît une forte augmentation de ses moyens de plus de 9 % (de 848 heures à 939,5 heures).
- L’enseignement bilangue qui permet, dès la 6e, de suivre deux langues vivantes. Cet enseignement disposait jusqu’à l’année dernière d’une dotation fléchée de 438 heures qui disparaît pour la rentrée 2022 et qui vient abonder la marge complémentaire.
Pour le Sgen-CFDT Alsace, si l’Académie de Strasbourg, du fait de son positionnement géographique et politique au cœur de l’Europe, doit bien sûr disposer d’une politique des langues très volontariste, celle-ci ne peut pas et ne doit pas reposer uniquement sur l’enseignement bilingue !
Les restrictions budgétaires qu’ont connues les collèges ces cinq dernières années ont eu pour conséquence l’érosion des langues vivantes en dehors de l’allemand et de l’anglais, ce qui a appauvri l’offre linguistique. Nous pensons que le « déflêchage » de l’enseignement bilangue dans la dotation académique et départementale est un nouveau coup porté à la richesse de la pratique des langues dans notre académie.
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