Assises de la santé scolaire : histoire d’une déception annoncée

Le système de santé scolaire est essentiel à l'école pour garantir à tous et toutes le bien-être nécessaire aux apprentissages, pour permettre à chaque enfant et chaque jeune de grandir, réussir et de construire son parcours.

santé scolaireLes enjeux

Les assises de la santé scolaire devaient permettre de relever les grands défis auxquels est confrontée la santé scolaire aujourd’hui. L’attractivité est en berne chez les médecins scolaires — un métier aujourd’hui déserté —  mais également chez les assistant·es et conseiller·es de service social et les PsyEN. Or, on constate une augmentation du nombre d’élèves et de familles à accompagner pour l’inclusion scolaire ou pour des difficultés sociales. Il y a également une recrudescence des souffrances mentales…

Mais, après un mois de réunions et d’échanges, sans réels choix financiers, ces assises sont de la poudre aux yeux pour les personnels. Car, les professionnelles (ce sont majoritairement des femmes) veulent une amélioration de leurs conditions d’exercice et de leurs rémunérations. Elles en ont assez de subir un grand écart entre leur volonté de faire un travail de qualité, et le travail qu’elles sont contraintes d’effectuer.

D’autre part, si la journée des assises a permis d’aborder des sujets centraux, les 12 mesures annoncées sont bien loin de répondre à la globalité des problèmes soulevés.

Parmi les mesures, on retrouve certains points de débat des Groupes de Travail (GT) des différentes catégories de personnels.

Les pistes évoquées

Le pôle départemental

Le pôle départemental serait composé de conseillers techniques : médecin, infirmier, service social, et, une nouveauté, le conseiller technique en santé mental nommé parmi les psychologues de l’éducation nationale.

Les discussions sur ce fameux pôle ont été nourries dans chacun des groupes de travail, car les craintes le concernant sont nombreuses. L’administration a, à chaque fois, tenté de les apaiser en affirmant notamment qu’il ne s’agit pas de la création d’un nouveau service, mais plutôt d’un comité de pilotage. La CFDT Éducation Formation Recherche Publique avait d’ailleurs demandé que les explications sur le rôle de ce pôle soient écrites, cela n’a pas été fait. Rien dans l’affichage des mesures n’éclaircit vraiment le sujet.

La CFDT n’a pas d’opposition de principe à un pôle permettant de mieux tenir compte des réalités territoriales pour mieux décliner les politiques choisies. Mais elle avait alerté dès le départ : les manques de personnels ne doivent pas conduire à un alourdissement des missions, et à une extension des zones d’interventions de celles et ceux qui restent.

Un conseiller technique pour les PsyEN

La CFDT porte la revendication de la mise en place d’un conseiller technique PsyEN en articulation avec les IEN-IO et DCIO depuis de nombreux mois. Mais la proposition faite, d’axer principalement sur la mise en place d’un plan santé mentale, ne correspond pas vraiment à nos attentes qui sont bien plus larges. Nous sommes vigilants sur l’articulation avec l’IEN-IO qui joue un rôle de conseiller technique auprès du DASEN, surtout pour le second degré.

Des inquiétudes sur l’articulation des missions

Les GT ont aussi évoqué la mise en place d’une « circulaire globale pour préciser l’action de chaque personnel sur les grands enjeux de santé et de bien-être partagés« . Elle viendrait repréciser les missions des différents personnels pour « Permettre à chacun de connaître son périmètre d’expertise, afin de mieux coordonner les actions, de rendre plus lisible le rôle de chacun tout en le valorisant et en le respectant« . Dans le même temps, on entend qu’il pourrait aussi y avoir parfois l’envie de faire prendre en charge certaines tâches par d’autres, ce qui ne pourrait plus être assuré du fait de l’absence d’un des acteurs de la santé scolaire.

La visite médicale des 6 ans : un enjeu majeur de santé public et de la scolarité des enfants

Un constat de la réalité : seuls 20% des enfants bénéficient réellement d’une visite médicale pourtant obligatoire. La mesure 2 propose donc d’adapter la visite et de ne plus la rendre systématique en renvoyant l’élève devant le professionnel dont on estime qu’il est le plus à même de répondre à sa situation.

La description de la manière dont seront pris en compte les situations des enfants n’est pas très claire. La CFDT a aussi interrogé le fond lors des GT ; permettre à chaque enfant, au plus tôt de sa scolarité, de bénéficier d’une consultation médicale approfondie est primordiale. Tous les enfants ne sont pas régulièrement suivis par un médecin, et l’approche de la médecine scolaire est particulièrement orienté vers les apprentissages.

Le service social trop peu évoqué

Les 12 mesures annoncées évoquent peu la place, pourtant centrale, du service social. C’est le sentiment qui revient le plus souvent, accentuant celui d’être trop souvent invisibilisé, alors que les besoins des familles sont de plus en plus importants et les situations sociales de plus en plus dégradées. Et ce, d’autant plus que ce sont les seuls personnels habilités à se rendre au sein des familles.

L’attractivité n’est pas au rendez-vous

L’ensemble des GT a parlé de l’attractivité des métiers en termes de reconnaissance financière, mais aussi d’amélioration des conditions de travail. Force est de constater que les orientations budgétaires du gouvernement pèsent fortement et qu’aucune de nos revendications n’est satisfaite. Même les médecins, à qui des revalorisations avaient été promises pour 2025, voient leur horizon s’éloigner.

Retrouver nos analyses et revendications catégorielles :

Pour les assistant.e.s et conseillèr.e.s techniques de service social,

Pour les Psychologues de l’Éducation Nationale,

Pour les infirmiers et infirmières,

Pour les médecins scolaires.