Cette année, l'examen final du bac se réduisait à deux épreuves ponctuelles : celle de philosophie et celle du grand oral ; malgré cela, beaucoup de dysfonctionnements ont été constatés...
Alerte sur la numérisation des copies de philo !
Alors que les personnels de direction alertent le ministère sur l’organisation du baccalauréat depuis le début de l’année scolaire, les dysfonctionnements que l’ensemble de la profession craignait se sont hélas réalisés dès la 1ère épreuve !
Les outils numériques, comme en mars 2020 lors de la numérisation des copies des E3C, n’ont pas tenu la charge et ont, une fois de plus, mis les personnels de direction et leurs collègues, administratifs comme enseignants, dans une tension et un niveau de difficulté jamais atteints.
S’il est assez aisé de scanner des copies, il semble bien moins aisé d’en transmettre dans des procédures simples et rapides leurs données. Les personnels ont dû travailler de nuit pour que les données scannées soient traitées et que l’opération puisse être conduite à son terme. Cette situation n’est pas acceptable.
En croisant les facteurs de nouveautés liés à la réforme du baccalauréat et les facteurs liés à l’accumulation de saignées des services déconcentrés, on peut comprendre l’existence de risques de dysfonctionnements déstabilisants pour toutes et tous. Mais comprendre, ne veut pas dire accepter…
Lorsque l’on met en place de nouvelles modalités, il est un devoir de les accompagner et de s’assurer de la formation de toute la chaîne des personnels qui vont devoir en assumer la charge.
Laisser les collègues personnels de direction dans les établissements sans explication face aux bugs rencontrés et sans aucune possibilité de les contourner dans les meilleurs délais n’est pas correct.
Laisser les personnels des divisions des examens, sans formation réelle aux nouveaux outils, dans l’incapacité de répondre aux demandes des acteurs de terrain est irrespectueux.
Le grand oral de la confusion ?
Le grand oral dans l’Académie de Strasbourg
Le grand oral qui débute à présent est lui aussi organisé dans la plus grande confusion.
Notre enquête FLASH diffusée la semaine dernière nous permet d’énoncer le constat suivant (sur 200 réponses environ) :
- Les collègues ont été convoqués pour faire passer le grand oral à, en moyenne, 50 km de leur lieu d’affectation : cela cache bien entendu de grandes disparités, puisque certains ont dû traverser l’Alsace du Nord au Sud et faire plus de 100 km ; on peut penser qu’une meilleure anticipation aurait permis de réduire ces distances, qui impliquent de nombreux frais et ont une empreinte carbone importante…
- Le nombre de candidats et de jours de convocation varie fortement : certains collègues ont dû passer 4 jours sur place et on fait passer 48 candidats (or à ce jour, aucune information n’a été communiquée sur la prise en charge d’éventuelles nuitées) ; d’autres ne se déplacent que pour une demi-journée et quelques candidats.
- Dans quelques établissements et disciplines, aucun collègue n’a été convoqué pour le grand oral : cela aurait pu permettre pourtant de réduire le nombre de candidats par jury ; le plus étonnant dans certains lycées, où un seul enseignant est convoqué sur une équipe de 7 personnes et qui n’enseigne pas la spécialité de Terminale mais celle de 1ère et n’a donc pas reçu les informations voire la formation sur le grand Oral…
- Des élèves convoqués certes mais sans respecter le principe de la réforme : il n’est pas rare que les convocations d’enseignants ne correspondent pas aux spécialités des élèves et cela dans toutes les spécialités mais avec une prégnance sur les spécialités rares… Aussi, les élèves qui choisissent des spécialités moins fréquentes que d’autres risquent d’être pénalisés car de fait seront interrogés sur la spécialité plus répandue, faute d’un vivier suffisant dans des spécialités plus rares.
D’autres remontées inquiétantes des autres académies
- Les personnels de secrétariat d’examen ont en charge avec la nouvelle organisation du baccalauréat toutes les impressions des bordereaux de notation mais également des fiches d’interrogation du Grand Oral.
- Une forte inquiétude sur la stabilité des outils numériques avec le changement de logiciel de délibération (Délibnet disparaît au profit de Cyclades) et une formation qui n’intervient que le 30 juin pour une délibération qui aura lieu le 5 juillet…
- Par ailleurs, l’enchaînement des passations (20 min de prépa, 20 min de présentation et 10 min de pause pour la concertation sur la prestation du candidat) n’est pas clairement explicité ce qui laisse beaucoup de place à des organisations complexes et confuses sur le rôle des enseignants.
Des AED et des CPE se retrouvent mobilisés sur des tâches dévolues aux enseignants car ces derniers sont insuffisamment convoqués à certains endroits… - Il a fallu dans certaines académies que les enseignants demandent à leurs IPR de veiller à ce que les DEC proposent bien des procédures de passation type aux chefs de centre pour éviter une désorganisation problématique de ces passations.
- Quelles sont les instructions réelles données aux personnels des DEC ? Y a-t-il eu des groupes de travail avec les IA-IPR ? Des directives ministérielles ? Tout cela reste très opaque et « bricolé » et l’on peut aisément discerner le désarroi des personnels de ces services.
- En croisant les facteurs de nouveautés liés à la réforme du baccalauréat et les facteurs liés à l’accumulation de saignées des services déconcentrés on peut comprendre l’existence de risques de dysfonctionnements déstabilisants pour toutes et tous.
Plus étonnant, des convocations élèves qui précisent la spécialité d’un des deux enseignants, membre du jury, ce qui rompt toute équité de traitement.
Un bilan est nécessaire !
Aussi, le Sgen-CFDT Alsace revendique qu’un groupe de travail soit réuni dans les meilleurs délais pour faire remonter les difficultés, dresser un bilan académique précis des convocations au grand oral et coordonner enfin les divers interlocuteurs qui participent à la mise en œuvre des épreuves. Des recrutements pérennes à la Direction des Examens et Concours et sans doute également indispensable !
Aller plus loin sur le grand oral et le bac
Lire aussi la déclaration du Sgen-CFDT au Conseil Supérieur de l’Education (CSE)