Lors du CDEN (Conseil départemental de l'Education Nationale) du Bas-Rhin, M Meyer, vice-président du conseil départemental a annoncé la construction de 3 collèges dans l'Eurométropole. Quelle est à l'heure actuelle l'état d'avancement de ces projets ?
Un constat : des collèges plein à craquer
Lors de notre déclaration liminaire, nous avons pointé la montée continue des effectifs dans le département du Bas-Rhin, particulièrement dans l’Eurométropole de Strasbourg et plus précisément encore, dans les collèges de l’Éducation Prioritaire.
« Depuis 2016, le nombre d’enfants présents dans les collèges du département a bondi de 1376 ! (521 entre 2017 et 2018). Cela correspond presque à 50 nouvelles classes ! Et pourtant, les moyens ne semblent pas avoir toujours suivi.Entre 2017 et 2018, 48 collèges voient leurs effectifs augmenter dont certains de manière importante et pour 60 % d’entre eux les moyens horaires diminuent. Les effectifs augmentent ainsi pour presque tous les collèges de l’Eurométropole. Le Sgen-CFDT est préoccupé par l’évolution des discussions quant à la restructuration/construction de nouveaux collèges dans l’Eurométropole. Il nous semble que c’est une question essentielle et que la réponse du rectorat et du conseil départemental est repoussée d’année en année. Nous attendons avec impatience vos annonces et espérons qu’elles seront à la hauteur des enjeux. »
Des moyens pas à la hauteur des hausses d’effectifs
Prévoir de la place pour les élèves issus des dispositifs inclusifs !
Nous avons demandé à trois reprises que les effectifs des classes prévus à la rentrée 2019 tiennent compte des dispositifs inclusifs (Upe2A, Ulis) afin qu’on puis accueillir dans de bonnes conditions ces élèves dans les classes ainsi que leurs éventuelles AVS. Nous n’avons eu aucune garantie ni même aucune réponse sur ce point et nous le regrettons vivement. Nous reviendrons à la charge lors du prochain CDEN.
Des dotations départementales problématiques
Comme l’an dernier, nous avons également pointé le manque de moyens alloués par le conseil départemental aux collèges du département pour le fonctionnement, la rénovation et la construction de nouveaux collèges dans le département et dénoncé le prélèvement sur les fonds de réserve que le conseil de départemental a opéré l’an dernier et qui a impacté de nombreux projets des personnels des collèges, notamment les voyages scolaires.
« L’an passé, le conseil départemental a procédé à de lourds prélèvements sur les fonds de réserve des collèges du Bas-Rhin. Certains Conseils d’administration ont refusé de voter ces budgets et ont obtenu des modifications. Pas les autres qui ont donc vu leurs fonds de réserve fondre. Cette politique contraire à l’autonomie des établissements va-t-elle être reconduite cette année ?
D’autre part, alors que beaucoup d’argent a été ainsi récupéré par le conseil départemental du Bas-Rhin, nous tenons à redire ici que celui-ci est un des départements qui dépense le moins pour les collèges avec en 2018 une dépense de 39 euros par habitant (en comparaison, la Seine Saint Denis dépense 158 euros par habitant, les Alpes Maritimes 93 euros…la moyenne est de 70 euros par habitant. Cela classe le Bas-Rhin à une 89e sur 100 ce qui ne nous semble pas du tout à la hauteur des enjeux. Notons que ces dépenses diminuent depuis 3 ans : elles étaient encore de 47 euros par habitant en 2015. Quand on voit l’état particulièrement dégradé de certains établissements aujourd’hui très anciens, on aimerait vous entendre dire qu’un réel effort d’investissement va être fait pour les collèges du département, pas seulement pour construire de nouveaux établissements là où la situation démographique l’exige, mais aussi pour rénover les collèges existants. »
Le conseil départemental droit dans ses bottes
Le vice-président du conseil départemental nous a répondu qu’il n’y aurait plus de prélèvement cette année sur les fonds de réserve et aucune baisse de dotation. Le conseil départemental dit tenir compte des dépenses réelles sur une période de 3 ans et ils peuvent augmenter la dotation en cours d’année si besoin. Pour ce qui concerne la dotation par élève, ça ne veut rien dire selon M Meyer car le département est selon lui très jeune et le conseil département dépense 1200 euros par jeune soit plus de 58 millions d’euros. Nous pourrions lui objecter que la Seine-Saint-Denis qui dépense 4 fois plus que nous par habitant est aussi un département très jeune !
Pour l’Eurométropole, des annonces qui vont dans le bon sens
Cependant, le vice-président Meyer a annoncé 3 projets de construction de collèges qui vont selon nous dans le bon sens car l’investissement est conséquent (près de 50 millions d’euros) et surtout il semble y avoir une réelle volonté de prendre en compte la sociologie des quartiers et d’avancer vers plus de mixité sociale. Ces constructions répondent à la pression démographique très forte s’exerçant à l’Ouest et à l’Est de l’Eurométropole de Strasbourg (+50 000 habitants surtout à l’Est et à l’Ouest dans les prochaines années).
, ainsi qu’aux immenses difficultés rencontrées par le collège de Solignac, qui est à moitié vide du fait d’un taux de fuite de 32%, dont la moitié dans le privé.
Le collège Katia et Maurice Krafft d’Eckbolsheim sera reconstruit
Face à la pression démographique (2 nouveaux groupes scolaires vont voir le jour dans le premier degré et les constructions se multiplient, notamment dans le secteur des Poteries), il faudra 200 places supplémentaires dans le collège d’Eckbolsheim qui peut accueillir actuellement 400 élèves (et qui en accueille en réalité 440 !). La capacité du collège sera donc portée à 600 (voire 800 si nécessaire, dans un 2ème temps). La carte scolaire serait revue pour accueillir une partie des élèves venant de Koenigshoffen et favoriser la mixité sociale. Le projet est évalué à 14,5 millions d’euros et prévoit la création d’une demi-pension.
Le collège Solignac sera détruit et déplacé
L’idée est de travailler sur un collège d’excellence, avec proposition d’une filière sciences, avec le Vaisseau et en relation avec les écoles d’ingénieurs de l’Eurométropole et la création de lieux innovants pour travailler avec monde scientifique.
Le conseil départemental ne propose pas une amélioration des locaux mais un déplacement pour le désenclaver. L’implantation sera liée à l’acquisition et transformation de l’ancien hôpital Lyautey en collège 600. Le but serait de changer le regard de la population et de crééer une véritable mixité sociale.
L’investissement est pour le moment de 12 millions d’euros sans gymnase ni demi pension. Nous sommes intervenus pour que le conseil départemental revoit sa copie sur ce point : une demi-pension étant essentielle pour l’accueil d’un public défavorisé.
Un nouveau collège verra le jour aux Deux-Rives
Avec la construction du quartier des 2 rives, il faudrait 332 places supplémentaires en 2026 dans les collèges du secteur. Il a donc été décidé la construction d’un nouveau collège en plus des collèges existants. La réflexion est encore en cours pour le site d’implantation mais les travaux devraient débuter en 2022. Un travail sur la carte scolaire devrait avoir lieu dès 2019.
Aller plus loin
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