CPC 67 : la question des conditions de travail

Le lundi 2 juillet, Le Sgen-CFDT Alsace a été reçu en audience par la Directrice académique, avec d'autres Organisations syndicales, pour évoquer la détérioration des conditions de travail des CPC et le manque de reconnaissance de leur travail. Lisez notre compte-rendu...

Le contexte

cpcUn empilement de tâches

L’accumulation des réformes ministérielles, les nouveaux principe de l’accompagnement professionnel, l’organisation de la formation continue… Les CPC sont sur tous les fronts. La prise en main de tous les documents d’accompagnement prévus par le Ministère demande un temps considérable. Cette débauche d’énergie est d’autant plus frustrante que les consignes évoluent sans cesse.

Des tâches administratives peu valorisées

À tout cela s’ajoute encore l’utilisation du logiciel Gaïa, peu ergonomique, qui engendre encore des pertes de temps pour la gestion des présences et absences des collègues, la saisie des formations proposées, puis des modules validés pour les collègues, puisqu’il y a maintenant un suivi dans I-Prof…

Un manque de reconnaissance persistant

Or, malgré l’accumulation des tâches et l’investissement des collègues CPC, la reconnaissance concrète se fait attendre.

L’audience

Étaient présents : Madame Bazzo – Directrice Académique, Monsieur Bernard – Secrétaire Général, Monsieur Ladaique – IEN Adjoint à la DASEN.

Les problématiques évoquées

Notre démarche

Nous avons commencé par présenter le fonctionnement spécifique au département, qui grâce à l’association des CPC organise chaque année une RIS intersyndicale qui permet d’aller à la rencontre de nombreux CPC et leur offre l’opportunité d’échanger sur leurs difficultés et leurs besoins.

Nous avons souligné qu’au cours de cette année, nous avons été amenés à organiser 2 rencontres, ce qui nous a permis de connaitre le ressenti d’une grande majorité des CPC. Nous avons expliqué que lors de ces rencontres, la plupart des CPC ont exprimé des difficultés. Ces éléments de malaise évoqués ont été identifiés comme des situations de risques psychosociaux, ce qui a conduit les organisations syndicales à conseiller l’envoi de fiches SST. Nous avons également insisté sur le fait que la rédaction de ces fiches avait été le fruit d’un travail commun des CPC et que les organisations syndicales n’ont en rien influencé le contenu.

Les revendications précises

  1. La superposition des tâches qui ne permettent pas de prioriser;
  2. Le plan de travail, qui contient 12 pages d’actions prioritaires, est source d’inquiétude. Tout semble urgent, or l’ensemble est irréalisable. Nous suggérons d’en changer l’intitulé.
  3. Document de compte rendu de visite : nous demandons une nouvelle fois que seule la page de garde puisse figurer dans le dossier des collègues suivis. Nous suggérons que son contenu pourrait être allégé et notamment réadapté pour les collègues les plus en difficulté. Enfin nous soulignons l’importance d’informer les collègues suivi du devenir du document de suivi.
  4. Liaison formation initiale / formation continue : les CPC demandent à être davantage associés au contenu de la formation des M2, de rencontrer les enseignants de l’ESPE pour préparer les équipes plurielles. De plus, les formations de bassin qui regroupent 50 stagiaires sont très denses et difficiles à organiser en raison du manque d’information des parcours spécifiques des participants.
  5. Gaïa : nous rappelons la difficulté de gestion lié à l’usage de l’outil Gaïa, malgré quelques améliorations. Nous demandons la possibilité d’en extraire des tableurs Excel qui faciliterait les choses.

Les réponses de l’administration

M. Bernard a commencé par relativiser le nombre de fiches SST parvenues dans son service et a souligné que certains CPC l’avaient fait « à la demande des syndicats ».

Monsieur Ladaique a par ailleurs relevé qu’une partie des IEN ont été très surpris de recevoir des fiches SST sans avoir été averti par un dialogue préalable.

Les réponses point par point

  1. Priorisation des tâches : M. Ladaique indique que la répartition des tâches relève du travail de l’équipe de circonscription et que le référent est l’IEN. C’est donc à l’IEN qu’il revient d’établir les priorités et il ne faut ps hésiter à demander de les repréciser en cours d’année, si le besoin s’en fait sentir.
  2. Le plan de travail : M. Ladaique répond qu’il s’agit d’un document qui a été rétabli à la demande des CPC. Ce document est une liste exhaustive des champs d’action du CPC qui a été diffusé accompagné d’un courrier explicatif. C’est dans le cadre de l’équipe de circonscription qu’il convient de définir les secteurs d’intervention de chacun. Personne n’est appelé à tout réaliser: chaque CPC est par ailleurs destinataire d’une lettre de mission.
  3. Mme Bazzo nous répond qu’un suivi qualitatif est absolument indispensable pour s’assurer de l’accompagnement tout au long de la carrière. M. Ladaique précise que l’évaluation a toujours fait partie des missions des CPC, dans la mesure où tout conseil doit être précédé d’une évaluation. Il ajoute également que ce document a été conçu par les CPC eux-même. Ce à quoi nous rétorquons qu’il n’avait pas été question, au moment de sa conception, de archiver ce document dans les dossiers. Mme Bazzo rappelle que ces documents ne doivent pas être ressenti comme une pièce à charge, mais qu’ils peuvent permettre de mettre en valeur les progrès et projets des collègues. L’idée d’adapter le document pour les collègues les plus fragiles est bien reçue par M. Ladaique. Il précise toutefois que, dans le cas général, il n’est pas nécessaire d’écrire beaucoup pour bien conseiller :  normalement un commentaire de 3 à 4 lignes est prévu pour chaque compétence travaillée. Enfin, M. Ladaique rappelle que la co-construction du document de suivi implique nécessairement de préciser que le document de suivi fera partie du dossier  
  4. M. Ladaique reconnait que les concertations avec les enseignants de l’ESPE sont difficiles à organiser par manque de disponibilité des professeurs. Par ailleurs, les formations de bassin devraient s’alléger avec la baisse des effectifs.
  5. M. Bernard répond que l’usage de Gaïa est indispensable pour le suivi des frais de déplacement. En outre, le Ministère a une vision directe sur les éléments enregistrés via ce logiciel, ce qui lui permet d’en tirer des informations statistiques… mais aussi de contrôler l’adéquation des formations avec les instructions ministérielles !

En conclusion

La Directrice Académique refuse de changer de position sur l’usage du document de suivi des collègues accompagnés par les CPC.

Des aménagements du document sont toutefois envisageables, selon les situations.

Les engagements

Madame Bazzo et M. Ladaique rappellent que les CPC ont toute la confiance de l’institution et ils s’engagent à les rencontrer à la rentrée 2019. Ils souhaitent trouver des solutions et améliorer les choses par le dialogue.

Le Sgen-CFDT regrette que le discours bienveillant de la DASEN et sa vision positive de l’accompagnement, tel qu’il est prévu par PPCR, ne transparaisse pas encore dans les faits. Selon les IEN, les pratiques restent encore très axées sur le contrôle et la sanction, ce qui est contraire à la relation de confiance et de responsabilisation que nous appelons de nos vœux.