Cette lettre fait suite aux énièmes annonces improvisées sur l'autoconfinement et la possibilité donnée aux élèves de sécher les 2 derniers jours de classe de 2020, illustration de toute une année de chaos et de cacophonie gouvernentale.
Lettre ouverte au ministre de l’Education Nationale
Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale,
Je me sens un peu perdu. Cela fait quelques mois que je ne sais plus trop ce que je dois faire.
En fait, en y réfléchissant bien, cela correspond à votre arrivée au ministère, mais ce sentiment s’est considérablement accentué avec votre gestion de la crise sanitaire.
L’épidémie est pénible et m’affecte dans ma vie quotidienne. J’ai bien conscience de la gravité de la situation et des difficultés qu’elle engendre. Elle m’affecte aussi dans ma vie professionnelle et, pourtant, avec les collègues, on essaie de faire preuve de résilience, d’avancer avec nos élèves et leurs familles. On compense les manques de moyens matériels et humains sans trop vous déranger, on sait que vous êtes très occupé et que 2021 sera une année chargée entre un ministère à gérer et une campagne électorale à mener.
Monsieur le Ministre, si je me permets de vous écrire aujourd’hui c’est parce qu’au-delà de l’épidémie, c’est votre gestion de cette crise qui nous met en difficulté sur le terrain. Depuis mars, avec les collègues, on a l’impression de jouer à « Jean-Michel a dit » :
Jean-Michel a dit « les écoles restent ouvertes »
Jean-Michel a dit « les écoles ferment »
Jean-Michel a dit « cours à distance »
Jean-Michel a dit « les profs sont des héros »
Jean-Michel a dit « on rouvre mais que pour ceux qui veulent »
Jean-Michel a dit « protocole n°1,2,3,4….. »
Jean-Michel a dit « l’école est obligatoire »
Jean-Michel a dit « les profs sont des planqués »
Jean-Michel a dit « on est prêts »
Jean-Michel a dit « c’est une rentrée normale »
Jean-Michel a dit « rentrée à 10h et hommage »
Jean-Michel a dit « rentrée à 8h et minute de silence »
« Revalorisation »… Perdu, il n’a pas dit « Jean-Michel a dit » !
Hier nous avons appris, une nouvelle fois dans les médias, que votre gouvernement lançait l’opération « vacances anticipantes ». Je ne vous cache pas notre étonnement et notre colère. La contradiction entre vos discours « chaque jour, chaque heure à l’école compte », « l’école n’est pas un foyer de diffusion du virus » et la proposition d’autoconfinement les 17 et 18 décembre est difficilement tenable. Depuis la réouverture de nos établissements, nous nous épuisons, même avec des masques qui nous intoxiquent (on en est où d’ailleurs de l’enquête ?), à accueillir nos élèves dans les meilleures conditions possibles et à enseigner.
Nous demandons une vraie considération pour les professionnels que nous sommes et une reconnaissance que vous ne pourrez payer éternellement de mots.
En fait, avec les collègues, on en a assez. Assez d’être pris pour des idiots, des pions.
La maison éducation nationale ne tient plus que grâce à l’engagement de ses agents de terrain qui réalisent quotidiennement un petit miracle malgré toutes les difficultés, les incohérences, les injonctions hiérarchiques et le manque de moyens.
Quand nous serons en vacances à la date fixée, c’est-à-dire vendredi soir, nous rentrerons chez nous et tâcherons de profiter de ces deux semaines pour nous changer les idées et pour nous reposer. Si vous pouviez éviter de perturber ces instants de sérénité en nous annonçant, le 2 janvier sur BFM, un nouveau protocole applicable dès la rentrée ainsi qu’une alternance des élèves en présentiel selon leur date de naissance, nous vous en serions reconnaissants.
Par pure courtoisie et pure politesse, je vous souhaite de joyeuses fêtes.
Un enseignant qui sera toujours là après 2022.
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