La propagande de Blanquer démontée

Dans les pages du très indépendant "Journal du Dimanche" de ce dimanche 3 novembre, notre grand ministre de l'Education Nationale, Jean-Michel Blanquer le bien aimé se félicité qu'enfin, cette année, et grâce aux réformes géniales qu'il a mises en place, le niveau monte...

Le JDD, organe officiel du ministère de l’Education Nationale ?

Evaluations CP CE1Dans les pages dut très indépendant « Journal du Dimanche » de ce dimanche 3 novembre, notre grand ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer le bien aimé se félicite qu’enfin, cette année et grâce aux réformes géniales qu’il a mises en place le niveau monte – voir la page de une du journal…

Les progrès sont « significatifs », s’est félicité Jean-Michel Blanquer, dimanche, dans le « JDD » en commentant  les résultats des dernières évaluations nationales menées, pour la deuxième fois après celles de l’an dernier  , auprès des élèves de CP et de CE1. « Le niveau des élèves remonte », assure le ministre de l’Education. Il parle de progrès sur « la fluidité de lecture et la capacité de calcul » et aussi d’une amélioration « plus forte » pour les élèves des « territoires les plus défavorisés ». L’étude du ministère évoque « un contexte d’augmentation des performances d’ensemble en français et en mathématiques entre 2018 et 2019, en début de CE1 ».

Cocorico ! Tout allait mal, et Zorro-Blanquer est arrivé !

Sauf qu’évidemment, les choses sont bien plus complexes et voir une telle page à la Une d’un quotidien français nous interpelle  sur la prise de distance de certains journalistes avec les informations issues des ministères.

L’analyse de Roland Goigoux, spécialiste de la lecture sur les évaluations CP/CE1

Selon Roland Goigoux, spécialiste de la lecture, la communication ministérielle sur les premiers résultats des évaluations CP et CE1 de la rentrée 2019 met en avant quelques progrès mais passe sous silence des résultats décevants en lecture-écriture qui contredisent les gros titres de la presse ! Une lecture attentive du document de travail publié par la DEPP le 3 novembre (n° 2019-E03 : « Évaluations 2019 – Repères CP, CE1 : premiers résultats » ) permet de dévoiler les omissions ministérielles sur trois points au moins : 1. L’écart entre les élèves issus d’écoles d’Education Prioritaire et les autres se creuse. 2. « on peut constater qu’en fluence, cible emblématique de la politique gouvernementale en matière de lecture, l’écart se creuse entre 2018 et 2019 : il était de 14,5 points en 2018, il est actuellement de 15,2 points. En vocabulaire, il passe de 31,1 en 2018 à 32,4 en 2019.

Si « le niveau monte », il faut bien avouer qu’il ne monte pas pour tous.

Enfin, même en REP+, le niveau reste extrêmement faible : « L’analyse des gains, réalisée en comparant les performances de divers publics d’élèves ou des mêmes publics à un an d’intervalle, ne doit pas masquer la gravité des difficultés persistantes rencontrées par les élèves. À la rentrée 2019, 43,3 % des élèves de REP+ lisent moins de 30 mots par minute dont une moitié ne dépasse pas 11 mots. Ce résultat est très inquiétant alors même que depuis deux ans toutes les injonctions ont été orientées vers la maitrise du code et que les tests de fluence ont été massivement transformés en tâches d’enseignement. »

Pour Roland Goigoux, un tel échec s’explique surtout parce que l’abaissement des effectifs ne s’est pas accompagné d’une modification significative des pratiques pédagogiques. Ce constat n’est pas surprenant au vu des résultats des recherches internationales :

le changement ne se décrète pas, il nécessite l’adhésion des enseignants traités comme des professionnels compétents et responsables. La France a fait un choix diamétralement opposé : préoccupée par les élèves, elle a maltraité les maitres. Elle a suivi naïvement les sciences cognitives et oublié les sciences humaines. Le ministère de l’Éducation nationale a appliqué une méthode autoritaire et brutale de conduite du changement, imposant une pédagogie officielle unique, discréditant et démobilisant les praticiens efficaces mais non conformes, dénoncés au motif de leur manque de « loyauté ». Une méthode qui ne marche dans aucun pays au monde.

A lire en intégralité sur Médiapart

Evaluations CP CE1

L’analyse de Claude Lelièvre, historien de l’Education : un résultat dramatique !

Pour Claude Lelièvre, « on peut d’ores et déjà faire quelques remarques qui questionnent le triomphalisme affiché par l’incorrigible Jean-Michel Blanquer . « Nous vivons un moment historique pour l’école: d’une part la maîtrise des savoirs fondamentaux est en hausse – autrement dit le niveau des élèves remonte – et d’autre part, l’amélioration est plus forte pour ceux qui viennent des territoires les plus défavorisés. Cela répond à mes deux objectifs principaux : hausser le niveau général, assurer plus de justice sociale » affirme-t-il glorieusement dans le JDD. » On passera (mais excusez du peu ) sur l’impertinence de l’équation faite par Blanquer: « la maîtrise des savoirs fondamentaux est en hausse, autrement dit le niveau des élèves remonte’‘ (seuls compteraient certains types de résultats, et seulement en lecture et en mathématiques, et seulement pour les CP et CE1) afin d’en venir aux chiffres tels qu’ils sont présentés dans un encart du JDD sous le titre déjà évocateur: « le niveau des CE1 s’améliore, celui des CP fluctue » ( résultats en hausse ou en baisse selon les divers critères retenus au CP) On n’épiloguera pas longtemps cruellement (envers Blanquer ) sur » le niveau qui fluctue pour les CP » pour s’en tenir à ce qui serait le plus favorable pour » l’annonce historique » de Blanquer, à savoir les chiffres ayant trait à  »l’amélioration du niveau des CE1 »

Pour ce qui concerne l’évolution des résultats en français aux évaluations CE1, cinq des six domaines évalués apparaissent effectivement en hausse (de 0,7 point à 5 points), un seul en baisse (de 1,4 point). En mathématiques, « deux progrès significatifs sont visibles en début de CE1, ainsi qu’une forte chute en représentation de nombres entiers (- 6,1%)  » L’encart du JDD a aussi pour sous-titre: « REP-Rep+: l’écart se resserre ». Et le critère  »lire de façon satisfaisante » est pris pour exemple significatif: on est passé de 70 % des élèves (en secteur hors éducation prioritaire) en 2018 à 72% en 2019; alors que dans le même temps on est passé de 58% en 2018 à 62% en 2019 pour les élèves en REP-REP+. Soit. Ce n’est pas tout à fait rien. Mais cette réduction d’écart de 12 points à 10 points apparaît sans aucune mesure avec l’effort d’encadrement fait (le dédoublement des classes de CP et CE1 en éducation prioritaire ). Et l’on pourrait soutenir que c’est finalement un résultat plus  »dramatique » que  »positif ». En aucun cas  »historique » (positivement)… Au lieu de  »triompher », un ministre de l’Education nationale soucieux vraiment de son ministère devrait interroger ces résultats en réalité contrastés afin que l’on puisse vraiment progresser. »

A lire en intégralité sur le blog de Claude Lelièvre

Evaluations CP CE1Le Sgen-CFDT dénonce un énième artifice de communication de Blanquer sur les évaluations CP CE1

Alors que les premiers résultats d’analyse des évaluations CP / CE1 sont à peine connus, le Ministre communique déjà sur les effets de la politique mise en place depuis 2017 et forcément des bienfaits pour les élèves des choix menés. Pour le Sgen-CFDT, ces annonces méritent d’être pondérés.

Comment ne pas se réjouir de l’évolution positive des résultats des élèves en CP et CE1 au vu des résultats esquissés par la communication du Ministre ? Mais n’est-ce pas plutôt une manière de justifier la politique qu’il mène depuis 2017. Pour le Sgen-CFDT, il s’agit surtout pour lui de sortir d’une période compliquée  suite à ses déclarations sur le voile islamique. En effet, les chiffres mis en avant sont un peu l’arbre qui cache la forêt. L’analyse du Sgen-CFDT est tout autre car ces résultats posent plus de questions qu’ils n’apportent d’éclairage sur le niveau réel des élèves.

Lire l’analyse du Sgen-CFDT en intégralité

 

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L’analyse du Sgen-CFDT

Un article plus nuancé que le JDD sur LesEchos.fr