La loi de 2005 a impulsé une dynamique d’inclusion des élèves en situation de handicap au sein des établissements scolaires. Il faut reconnaitre que les résultats sont globalement encourageants, même si des efforts restent encore à faire avec les élèves souffrant d'un handicap psychique...
La loi du 11 février 2005 a impulsé une dynamique d’inclusion des élèves en situation de handicap au sein des écoles et des établissements scolaires. Il faut reconnaitre que les résultats sont globalement encourageants même si des efforts restent encore à faire.
Mais les élèves souffrant d’un handicap psychique demeurent quant à eux dans une situation d’exclusion. Dans nos classes, le handicap de ces élèves s’exprime souvent par des troubles du comportement et de la conduite (TCC) et est encore trop souvent « sous-traité » au secteur médico-social par le biais des Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP).
Pour rappel, le handicap psychique est la reconnaissance d’une limitation de la participation d’une personne à la vie sociale du fait de troubles psychiques graves qui perdurent et entraînent une gêne dans son quotidien, des souffrances et/ou des troubles comportementaux légers, moyens à sévères selon la maladie.
Dans nos classes, le handicap de ces élèves s’exprime souvent par des troubles du comportement et de la conduite (TCC). De l’avis de tous les professionnels, il est celui qui déstabilise le plus les équipes. En effet, les difficultés psychologiques voire psychiatriques engendrées par leurs pathologies sont telles qu’il leur est difficile de s’inscrire dans le cadre imposé par le système scolaire tel que nous le connaissons.
Conséquence : les équipes pédagogiques sont désarmées et ne savent ni comment accueillir ces difficultés ni comment accompagner ces élèves. Ce qui amène l’Éducation nationale à « sous-traiter » cette difficulté au secteur médico-social par le biais des Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP) mis en place en 2005 par le décret du 6 janvier 2005.
D’instituts séparés à des dispositifs ouverts
Le fonctionnement de ces instituts, qui dépendent tous des Établissements médico-sociaux, est défini par la circulaire du 14 mai 2007. Afin d’établir un lien entre ces établissements et l’Éducation nationale, ils sont organisés en Unités d’Enseignement conformément à l’arrêté du 2 avril 2009. Ce lien est exprimé par une convention et concrétisé par la mise à disposition des professeurs des écoles spécialisés.
Dix ans après leur création, l’évaluation de ces instituts montre qu’ils sont souvent trop fermés et qu’il est nécessaire désormais de les ouvrir sur l’extérieur. D’où la transformation des ITEP en Dispositifs ITEP (DITEP) par le décret 2017-620 du 24 avril 2017.
Cette évolution ne doit pas se limiter à casser les cloisons qui existent entre les ITEP et le SESSAD. Elle doit aller vers la mise en place de passerelles entre les ITEP et les écoles et les établissements du secteur.
En finir avec les juxtapositions pour travailler vraiment ensemble
En effet, pendant les dix dernières années, les enseignants qui exercent au sein des ITEP ont développé des approches pédagogiques intéressantes pour accompagner les élèves à troubles du comportement. Le savoir-faire et l’expérience acquis doivent profiter aux collègues du milieu « ordinaire ».
Le travail consistera à mettre un terme au travail pluridisciplinaire (des professionnels enseignants, psychologues, AED, AESH…) qui n’est qu’une juxtaposition des pratiques professionnelles et aller vers un travail interdisciplinaire qui permettra de croiser les regards et les expériences.
Rencontrer les élèves, pas seulement leurs troubles
Sur le plan pédagogique, le premier travail portera sur la rencontre enseignant/élève. Les remontées du terrain font ressortir que les enseignants qui accueillent des élèves TCC dans leurs classes sont en souffrance parce qu’ils sont désarmés face aux problématiques de ces élèves, faute d’accompagnement et de formation spécifique.
Cette rencontre est un préalable à tout travail pédagogique et tout apprentissage. Cela passera par donner des outils, des approches et des pratiques qui engendreraient la disponibilité de l’élève pour l’amener vers les apprentissages. L’enjeu est d’amener les enseignants et autres accompagnateurs à prendre le recul nécessaire face aux situations complexes et compliquées qu’ils rencontrent.
Le but est de faire comprendre que ce n’est pas l’enseignant qui est visé par les propos et attitudes violents mais c’est ce qu’il représente. A cet égard, la lecture de l’article de Michel Defrance Apprendre autrement en institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (ITEP) publié dans la revue Empan en 2006 est instructive.
Quant aux pratiques pédagogiques, plusieurs pistes sont proposées par plusieurs psychopédagogues et enseignants dont Sylvie Canat, Serge Boimare…
Repenser l’école, pour tous les élèves
Aller plus loin dans le travail d’inclusion passera par penser la scolarité autrement. Cela passera par considérer que ce sont les plus en difficulté qui nécessiteraient l’attention psychopédagogique la plus soutenue, les enseignants les mieux formés et les plus sûrs d’eux-mêmes et par concevoir une école qui s’attacherait à soutenir ordinairement les moins performants tout en accompagnant l’excellence.
« Ce n’est pas tant de dispositif « adapté » ou d’éducations spéciales dont ces jeunes ont besoin, c’est d’abord d’être pris en compte dans une organisation quotidienne qui les assumerait. C’est possible en ITEP, cela pourrait l’être ailleurs… ». (Michel Defrance)
Pour aller plus loin
Une lecture utile, l’article des Cahiers pédagogiques Apprendre à être un élève ordinaire.