Mobilisation intersyndicale à Strasbourg : la position du Sgen

Le mercredi 21 mars, une intersyndicale composée des 4 principales organisations a sollicité une audience auprès du Maire de Strasbourg. Elle a appelé tous les acteurs des écoles à se mobiliser à cette occasion, afin de soutenir la délégation qui dénonce le manque de dialogue.

Les revendicationsdialogue social Strasbourg

La principale revendication porte sur la prise en compte des avis des conseils d’école. Cette instance officielle qui réunit les représentants de la commune, des parents et les enseignants devrait être le lieu privilégié du dialogue et de la concertation avec la municipalité de Strasbourg.

Or, lors de la mise en place des nouveaux rythmes, la municipalité ne s’est pas suffisamment saisie des conseils d’école pour en faire des lieux de débat et de concertation proches du terrain et à l’écoute des besoins locaux. Une évaluation de ces nouveaux aménagements et des ajustements auraient pu être proposés par le biais de ces instances, mais rien n’a été fait ou trop peu.

Tout ceci a eu pour résultat une dégradation des conditions de travail pour une partie des collègues à Strasbourg, notamment pour les directeurs. Et même si les conditions de travail des enseignants n’ont pas directement été impactées, il reste le sentiment de ne pas être considéré, de ne pas avoir de prise sur une évolution qui impacte notre quotidien.

Tout ceci a donc conduit une écrasante majorité des Conseils d’école de Strasbourg à prendre position pour un retour rapide à la semaine des 4 jours. Ce qui a engendré une incompréhension et des tension devant une municipalité qui reste figée sur son propre calendrier.

La position du Sgen au sein de l’intersyndicale

Le Sgen entend l’incompréhension et le ras-le-bol des collègues qui sont confrontés à l’immobilisme et à la surdité des représentants de la municipalité. Notre organisation conteste d’ailleurs, plus largement, la manière brutale avec laquelle cette mesure a été appliquée, depuis le sommet de l’Etat. Nous dénonçons une décision ministérielle sans place pour la concertation, sans délai suffisant pour permettre de l’adapter aux réalités du terrain. Nous regrettons cet aménagement imposé aux enseignants, déjà malmenés par de trop nombreuses réformes souvent contradictoires. En tant qu’employés de l’Etat, les enseignants valent mieux que d’être systématiquement considérés comme quantité négligeable.

Notre parole lors de l’audience du 21 mars

Suite à notre demande, l’intersyndicale été reçue le 21 mars, par Mme Buffet, adjointe au Maire en charge de l’éducation et par le Directeur de cabinet de M. Ries. Le Sgen-CFDT a tenu à évoquer les difficultés occasionnées dans certaines écoles de Strasbourg, lors de la mise en place des nouvelles activités pédagogiques :

  • La surcharge de travail des directeurs (tout désignés pour pallier les déficiences du périscolaire, lorsqu’il y en a)
  • Les difficultés de partage des locaux
  • La problématique de double emploi des ATSEM qui se trouvent, de fait, moins disponibles en classe.
  • Une pause méridienne trop longue, durant laquelle les élèves ne peuvent se reposer ou s’isoler, ce qui engendre une agitation et des tensions entre les enfants, particulièrement lorsqu’il n’y a pas eu d’harmonisation des règles de vie entre les écoles et les NAP.

Les réunions de concertation, organisées par la mairie depuis la semaine dernière, pour entamer un débat avec les parents, les enseignants et l’ensemble des acteurs de l’école, viennent bien trop tard. Ceci d’autant qu’aucun bilan évaluant l’articulation du temps d’apprentissage avec le temps périscolaire n’a été réalisé depuis 2013.

Le Sgen-CFDT a rappelé que le conseil d’école devrait être l’instance légitime pour un échange constructif entre les représentants de la mairie, les enseignants et les représentants de parents d’élèves.

La confiance entre la municipalité et les équipes éducatives s’appuie sur les bonnes volontés et l’investissement de chacun à son niveau : directeurs, enseignants, municipalité, ATSEM, RPS, animateurs…

Voilà pourquoi nous attendons davantage des responsables de la ville de Strasbourg : un respect des missions des directeurs.trices, plus de considération à l’égard des acteurs de terrain que sont les enseignants et des réponses concrètes adaptées aux réalités locales.

Notre position sur la question des rythmes

Les Sgen-CFDT estime qu’un simple retour à la semaine de 4 jours n’est pas une solution viable à long terme, dans la mesure où ce calendrier va à l’encontre de tout ce qui se fait ailleurs en matière d’enseignement. Notre organisation se propose de faire évoluer notre système éducatif vers un projet plus ambitieux garant de la réussite de tous. Elle dénonce la succession de replâtrages sans cohérence qui déstabilisent les enseignants et soumettent les élèves à des expérimentations sans vision.

Rappel : L’appel de Bobigny

Dans cet esprit, nous avons signé, à l’instar des autres grandes organisations syndicales, l’appel de Bobigny le 19 octobre 2010. Et sur la question de l’aménagement des rythmes, ce texte garde toute son actualité :

« Pour améliorer les rythmes de vie et de travail des enfants et des jeunes, très rapidement, il faut un cadre national, décliné dans des projets éducatifs de territoire(…) Il faut donc alléger la journée et adapter le travail scolaire aux temps favorables aux apprentissages (…) garantir la pause méridienne, refuser la semaine actuelle de 4 jours et prioriser un rythme annuel alternant 7 semaines scolaire et 2 semaines complètes de vacances intermédiaires, définir un volume annuel d’heures d’enseignement. La conférence nationale sur les rythmes (…) doit permettre ensuite de travailler avec tous les acteurs concernés pour dépasser les conflits d’intérêts et définir les moyens de sa mise en œuvre. »

En cohérence avec ce texte, le Sgen-CFDT soutient que l’organisation du temps scolaire à la seule échelle de la semaine n’est pas pertinente.

Voilà pourquoi, dans l’attente d’une réflexion plus large qui reste nécessaire, c’est aux acteurs de terrain de se saisir des possibilités offertes pour trouver le meilleur compromis. Et même si les textes nous donnent peu de latitude, nous devons nous saisir de tous les espaces de liberté qui nous sont octroyés pour trouver des variables d’ajustement et instaurer un rythme qui tienne compte à la fois des temps d’apprentissage des enfants et des temps sociaux auxquels sont soumis les acteurs de l’école.

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