Mouvement intra 2016 : la déclaration liminaire du Sgen-CFDT

Voici le texte de la déclaration liminaire du Sgen-CFDT Alsace à la FMPA (formation paritaire académique mixte) des certifiés et agrégés des 13 et 14 juin 2016, réunie pour examiner les mutations intra-académiques.

Madame la Rectrice,

A l’occasion de votre première présidence d’une formation paritaire mixte académique le Sgen-CFDT Alsace vous souhaite la bienvenue. Nous profitons également de ce moment et de votre présence pour souligner la qualité, la disponibilité et le professionnalisme des personnels de la division des personnels enseignants. Madame Beuriot, vous voudrez bien remercier de notre part, les collègues de vos services qui ne peuvent pas être là aujourd’hui. Nous regrettons que ne participe à cette réunion aucun représentant de la DOS comme nous l’avions demandé. Cela aurait permis d’avoir un éclairage plus précis de l’évolution des postes.

Un mouvement décevant

Disons-le sans détour, l’examen du projet des mutations intra académiques constitue pour le Sgen-CFDT une réelle déception. Il faut dire qu’après de trop nombreuses années de blocage, l’amélioration constatée, lors du mouvement intra académique en 2015, de la mobilité des enseignants augurait d’un cru 2016 bien meilleur. Ce n’est pas le cas. Comment expliquer qu’en lettres modernes nous risquons d’enregistrer une seule et une unique mutation au barème dans les lycées de Strasbourg avec 622 points ? Comment comprendre que les taux de mutation des participants volontaires chutent de moitié en allemand et en lettres modernes ?

Ce résultat décevant reste pour nous sans explication d’autant plus que :

  • Nous nous attendions à ce que la quasi disparition des blocages de postes berceaux constitue un appel d’air.
  • Nous nous attendions à ce que les mouvements d’histoire-géographie et de mathématiques enregistrent un retour à la normale avec la décision prise de ne plus concentrer les supports DNL sur ces 2 disciplines. Ce n’est toujours pas le cas et trop de postes spécifiques sont annoncés vacants après mouvement.
  • Nous nous attendions à ce que les nombreux postes créés depuis 2012 finissent enfin par avoir un effet sur la fluidité du mouvement intra-académique.
  • Nous attendons donc, avec impatience, vos explications quant à ce projet décevant. Car il convient de répéter ici, que la mobilité est un enjeu d’importance pour nombre de collègues, en particulier pour ceux qui servent au mieux l’Education nationale et leurs élèves dans des établissements difficiles, parce qu’ils savent ou espèrent que cela ne durera pas toute leur carrière et qu’ils pourront, un jour, enseigner dans un établissement plus conforme à leur voeu. C’est là un point capital de la relation entre l’employeur et les collègues. C’est là un des rares moyens par lesquels l’employeur a la latitude de manifester une reconnaissance, chiche par ailleurs.

Rappelons, également, qu’un point de méthode continue, pour nous, de faire débat voire même, dans certains cas, nous paraît inéquitable : il s’agit des phases 3 qui certes, permettent de muter plus de candidats, mais au prix, parfois, d’une dégradation réelle pour l’un d’entre eux, l’entrant dans la commune ou le département. Chacun de ces cas mérite d’être au minimum examiné attentivement avec cette préoccupation et nous espérons bien que ce sera le cas.

Les obligations de service des professeurs documentalistes

Pour poursuivre cette déclaration, le Sgen-CFDT Alsace souhaite, Madame la Rectrice vous signifier son impatience et sa colère quant à l’absence de réponse claire de votre part sur la question des obligations réglementaires de service des professeurs certifiés de documentation. Nous rappelons que les décrets statutaires de 2014 permettent à ces enseignants de défalquer 2 heures de leur obligations réglementaires de service quand ils sont en situation d’enseignement au lieu d’une, sans oublier la pondération en REP +. Cela réduit de fait, leur présence dans les centres de documentation et d’information. Les établissements et les professeurs de documentation sont donc confrontés à une problématique, l’ouverture des CDI, à laquelle ils n’ont pas de solution. Le silence de l’administration, votre silence contraint les établissements à choisir soit de réduire les plages d’ouverture du CDI ce qui n’est pas souhaitable, soit à demander aux enseignants de documentation de renoncer à intervenir en classe. Ce qui est inacceptable. Nous vous le demandons donc, Madame la Rectrice, allez-vous, oui ou non, apporter une réponse à cette question qui permette aux enseignants de documentation d’intervenir en classe, tout en maintenant les plages d’ouverture des CDI, sans que cela pèse sur les moyens des établissements ?

Un accord capital, le PPCR

Pour terminer cette déclaration nous souhaitons évoquer le PPCR (parcours professionnel, carrière et rémunération). Derrière cet acronyme se cache un accord important et capital pour l’évolution de la carrière et l’évaluation des enseignants et des personnels d’éducation.

Ce accord est un succès par les résultats obtenus. L’accord prévoit d’abord une revalorisation des traitements, ce qui est bienvenu après six années de gel du point d’indice. Cette rupture avec l’absence de politique salariale des années antérieures se fait de plus par une reconstruction des grilles, ce qui est plus juste qu’une simple revalorisation du point d’indice, qui profiterait d’abord aux traitements les plus élevés.

L’accord prévoit ensuite, une revalorisation plus importante encore, celle des déroulements de carrière, avec la mise en place d’un cadencement unique pour les avancements d’échelon et la garantie pour tous les personnels d’accéder au deuxième grade. Cette revalorisation des déroulements de carrière met donc fin à l’avancement d’échelon différencié et à l’accès sélectif à la hors classe, procédures que le Sgen-CFDT a toujours dénoncées pour leur opacité et leur absence d’équité.

Et enfin l’accord prévoit la création d’un troisième grade à l’accès essentiellement fonctionnel, qui permettra de reconnaître enfin les fonctions et missions que certains de nos collègues acceptent d’assumer pour le plus grand bien du service public mais sans en recevoir la rétribution que justifierait leur engagement. Cette mesure était un élément essentiel du protocole catégoriel, comme des chantiers métiers, et elle a été bien identifiée par nos collègues comme un progrès vers l’équité des rémunérations. La reconnaissance fonctionnelle a de plus l’avantage d’être parfaitement objective, alors que le troisième grade « au mérite » que certains revendiquent déjà ne serait que la reconstitution d’une hors classe sélective et arbitraire.

Une méthode : le dialogue et l’engagement

Mais cet accord c’est aussi un succès de méthode, celle du dialogue social et de l’engagement réciproque, qui a été suivi depuis maintenant trois ans, avec la signature du protocole catégoriel en mai 2013, les discussions sur les chantiers métiers et la négociation PPCR conduite au ministère de la fonction publique. Cette constance de la méthode au cours du temps, cette convergence des négociations sur les métiers et sur les rémunérations, à la fonction publique et à l’éducation nationale, aboutit à une revalorisation cohérente que les personnels attendaient. Vous me permettrez de formuler ici le vœu que la méthode suivie à Paris et sa conclusion heureuse, serve de modèle pour nos échanges dans l’académie de Strasbourg.