Notes de service ministérielles : déclinaison locale

A l'occasion de l'audience du 31 mai, les représentants du Sgen-CFDT ont dénoncé les dernières injonctions verticales de notre Ministre et demandé au DASEN quelles en seraient les déclinaisons locales.

Le Sgen-CFDT dénonce les injonctions ministérielles des notes de service

Pour conclure l’entretien, nous revenons sur les conditions de travail des collègues, mises à mal par les dernières notes de service ministérielles : les fameuses « quatre priorités pour renforcer la maîtrise des fondamentaux » à mettre en pratique à la rentrée 2018. Plus largement, la question de la mise en œuvre des APC tout comme les contenus de la formation continue interrogent tous les collègues.

Nous rappelons nos exigences à M. le Directeur académique

  1. Le respecte de la liberté  pédagogique, gage de l’adaptation des pratiques aux besoins du terrain.
  2. Une formation adaptée aux besoins des collègues.
  3. La mise en œuvre de l’accompagnement prévu par PPCR, dans un esprit constructif et bienveillant, pour instaurer un climat de confiance.

Un diagnostic insatisfaisant

Il est vrai que les résultats successifs d’évaluations nationales et internationales mettent en évidence qu’une fraction croissante des élèves ne parvient pas à maîtriser les fondamentaux. Mais améliorer les résultats, pour le Sgen-CFDT, c’est d’abord réduire les inégalités sociales.

Des notes de service déconnectées des réalités du terrainnotes de service

Or, aucune des mesures affichées ne vise clairement cet objectif. Pour nous, ce ne sont malheureusement pas les nouvelles consignes parues au BO qui permettront de réduire ces écarts et de redonner confiance en l’école.Pour nous, ces injonctions à destination des collègues du 1er degré ignorent ce qui se passe dans les classes des écoles primaires.

Quand elles préconisent, comme des nouveautés, des pratiques usuelles telles que la dictée quotidienne, l’alternance des temps individuels et collectifs, lorsqu’elles exigent de veiller à circuler dans les rangs, d’assigner à chaque séance un objectif d’apprentissage précis… elles nient le professionnalisme des professeurs des écoles et leur capacité de différenciation pédagogique pour faire entrer chaque élève dans les apprentissages.

Des recommandations en contradiction avec le code de l’éducation

Les APC

En plus des quatre priorités, notre ministre annonce que « l’heure hebdomadaire d’activités pédagogiques complémentaires (APC) sera désormais spécifiquement consacrée aux activités de lecture et de compréhension. »

Nous dénonçons cette recommandation, qui relève encore de la prescription, en totale contradiction avec le Décret n° 2017-444 du 29 mars 2017, relatif aux obligations de service et aux missions des personnels enseignants du premier degré. Ce texte actualisait le contenu des 108 heures annuelles de service, en y ajoutant les APC :

« Trente-six heures consacrées à des activités pédagogiques complémentaires organisées dans le projet d’école, par groupes restreints d’élèves:

  • pour l’aide aux élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages,
  • pour une aide au travail personnel 
  • pour une activité prévue par le projet d’école »

L’organisation des APC, telle qu’elle est envisagée pour la rentrée 2018 remet en question le professionnalisme et la liberté pédagogique des collègues. Ce dispositif qui devait répondre à la diversité des besoins des élèves est arbitrairement verrouillé.

La formation continue

Le code de l’éducation prévoit que, dans les ORS (Obligations Réglementaires de Service), 18 heures soient consacrées à des actions de formation continue, pour au moins la moitié d’entre elles, et à de l’animation pédagogique. Il n’est indiqué à aucun moment que le contenu de ces formations puisse être imposé aux collègues.

Nous sommes des professionnels responsables, capables d’évaluer nos propres besoins en matière de formation ! Le Sgen-CFDT revendique la liberté pédagogique.

C’est de formation et d’accompagnement professionnel dont les personnels ont besoin, pas d’injonctions ni de paroles performatives.

Nous demandons par conséquent des précisions sur la mise en œuvre, dans notre département, des dernières consignes ministérielles.

Les réponses du Directeur académique

A propos des notes de service

Sur un certain nombre de points, le Sgen-CFDT a déjà adressé des récriminations directement à Jean-Michel Blanquer dont dépendent les décisions : M. Launay nous indique que ce sera donc au Ministre de répondre sur le fond.

Pour sa part, le DASEN considère que les propos du Ministre, et particulièrement les remarques à caractère pédagogiques, ne devraient pas être lues comme des injonctions. Selon lui, le Ministre a toute confiance dans les enseignants. Le fait d’indiquer qu’une séance soit définie par un objectif clairement énoncé aux élèves, qu’il est nécessaire de circuler dans la classe (…) ne remet pas en cause, selon M. Launay, le professionnalisme des agents. Ces propos ont pour but de souligner des évidences, de rappeler les bonnes pratiques.

Nous regrettons toutefois que l’effet de tels propos sur l’opinion publique, prompte à remettre en cause le travail des enseignants, n’ait pas été pris en considération. Que notre Ministre se sente obligé de rappeler des évidences à ses agents, laisse planer un doute sur la compétence de ses personnels !

Sur la question des APC

Le DASEN constate que les APC ont été mises en œuvres avec un entrain nuancé. L’accueil du matin a notamment été entravé par certaines pratiques.

Le Ministre rappelle la priorité qu’il convient d’accorder à la lecture dans tous ses aspects. M. Launay précise que le passage par la fluence est un exercice obligé de la compréhension. Or, il s’agit d’une activité qui exige du temps : pour le français, le temps de pratique de la lecture doit dépasser 30 heures pour une bonne acquisition. La recherche offre un éclairage sur lequel le Ministre s’efforce de s’appuyer. Or elle montre que, dans des classes tests, seulement 22 h étaient réellement consacrées à la lecture.

Le Directeur académique souligne que c’est notamment ce qui a conduit le Ministre à mettre l’accent sur cette compétence pour les APC. Suite à notre intervention, M. Launay précise toutefois que la pratique de la lecture n’est pas limitative, puisqu’elle est mobilisée dans un grand nombre d’apprentissages.

A notre demande de préciser si les APC sur les temps d’accueil seront encore possibles, il nous a été répondu que les propos du Ministre (« Pour vous donner le temps de bien travailler avec vos élèves, l’heure hebdomadaire d’activités pédagogiques complémentaires (APC) sera désormais spécifiquement consacrée aux activités de lecture et de compréhension. ») ont été très clairs et que chacun veillera à leur application.

Pour aller plus loin