Malgré le déchainement médiatique de l’an passé, Parcoursup a globalement fait son travail : affecter des milliers de bachelier·es (et d’étudiant·es en réorientation). Il sera reconduit cette année, dans une version améliorée.
Ceux qui avaient annoncé son écroulement par de multiples alertes, fausses nouvelles, et qui aujourd’hui encore soufflent sur les braises du mécontentement lycéen, oublient de dire que son bilan est au moins aussi (voire plus) honorable qu’APB, alors même qu’il a éliminé le tirage du sort, vécu comme injuste par tous les lycéens.
Un calendrier légèrement modifié
La nouvelle plate-forme 2018-2019 est ouverte depuis le 20 décembre, et les vœux seront à saisir par les élèves du 22 janvier au 14 mars. Elle contiendra des éléments mis à jour, notamment sur les taux de pression des filières. Le Sgen-CFDT a notamment demandé – et obtenu – qu’y figure le rang de classement du dernier bachelier accepté dans la filière. Cette information, même si elle est liée à l’année 2018 – et donc pas forcément identique en 2019 – permettra quand même de diminuer le stress de certains élèves « en attente » qui n’avaient aucune idée de leur chance d’être accepté·es ou non dans les filières.
Par ailleurs, la phase principale s’achèvera le 19 juillet, ce qui permettra, dans beaucoup de cas, aux lycéen·nes de connaître leur affectation plus tôt que l’année dernière. De même, la phase complémentaire bénéficiera d’un calendrier resserré (du 25 juin au 14 septembre).
Plus de formations incluses dans la plateforme :
Cela donne aux lycéen·nes une meilleure visibilité sur l’ensemble des formations possibles. Par exemple, sont inclus désormais les Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) : cela implique également, pour ce type de formation, de renoncer aux concours… et met ainsi fin au bachotage organisé par des officines privées qui en avaient fait leurs choux gras !
Les lycéen·nes pourront aussi y trouver les dates des journées Portes ouvertes et auront la possibilité de contacter directement un référent de la filière.
Nous avons aussi demandé au ministère que les informations sur les procédures de « repêchage » – Commission d’accès à l’enseignement supérieur (CAAES) et procédure complémentaire – soient plus précoces et plus détaillées, notamment en direction des enseignant·es, les premiers interlocuteurs des lycéens.
Mais des inquiétudes demeurent :
Si les mouvements des lycéen·nes ont refait surgir les oppositions à Parcoursup, c’est plus généralement en raison de leur inquiétude face à leur avenir, et à la place que la société leur offre. La politique du gouvernement envers la jeunesse est hésitante et très insuffisante pour lever leurs craintes. Les modalités d’accès au supérieur sont très angoissantes pour une partie des jeunes, qui ont le sentiment qu’on ne les y attend pas, qu’une sélection opaque va s’opérer, non seulement sur leur « niveau » scolaire, mais aussi sur la série de leur bac, sur leur lieu de vie, autrement dit, que vont jouer largement des critères d’inégalités socio-culturelles, indépendants de tout mérite scolaire... Une anonymisation des lycées pour évaluer les dossiers des élèves serait une première étape.
De plus l’introduction d’une réponse « oui si » à des vœux d’élèves, permettant de conditionner l’acceptation par la filière d’un·e élève plus fragile à l’obligation de mise en place de dispositifs de remédiation, n’a pas été suffisamment explicitée. Pire cela a parfois été compris à l’inverse comme une stigmatisation supplémentaire. Il est donc là aussi urgent de clarifier ce levier pour redonner confiance aux lycéen·nes.
Or, c’est bien tout le système éducatif qui pâtit des inégalités scolaires étroitement corrélées à la discrimination sociale. La seule mesure du ministre pour contrer cet effet se résume pour l’instant au dédoublement des CP/CE1 en REP+. Si cela peut sans doute assurer une égalité du « lire/écrire/compter » à partir du CE2, on laisse ensuite le seul « mérite » décider du parcours de l’élève !
Pour le Sgen-CFDT, focaliser l’attention sur la seule plateforme Parcoursup est un moyen simpliste de résumer cette inquiétude des lycéen·nes, sans répondre aux vrais problèmes d’accès à l’enseignement supérieur, sans travailler à limiter les inégalités et à élever le niveau de qualification.