Parcoursup : des personnels de l’Éducation nationale toujours pas reconnus

L’affectation des néo-bacheliers via Parcoursup a pu être menée à bien, d'abord grâce à l’engagement des personnels chargés d’accompagner les élèves. Ce n’est pas pour autant que l'investissement exceptionnel de ces personnels a été reconnu.

Au moment où l’An I de Parcoursup est terminé et que l’on peut en tirer les premières leçons, un regard rétrospectif sur les conditions de sa mise en oeuvre par les personnels dans le second degré est nécessaire.

Pour le Sgen-CFDT, les personnels doivent être des acteurs à part entière des évolutions structurelles et leur engagement doit être reconnu de façon systématique. Encore une fois, la gestion des ressources humaines est absente des préoccupations du ministère de l’Éducation nationale.

Parcoursup, une plate-forme mise en œuvre sans précautions pour les personnels

parcoursupIl fallait bien sûr supprimer le tirage au sort pour l’affectation des élèves dans l’enseignement supérieur. Mais l’ « enterrement » d’APB au profit de Parcoursup s’est fait sans prendre tout le temps d’élaboration et de tests nécessaire pour une plate-forme destinée à gérer des milliers d’affectation.

Les informations aux personnels au contact des élèves dans les établissements ont suivi l’évolution de la mise en œuvre de la nouvelle plate-forme au fur et à mesure de son élaboration. L’Éducation nationale est une de ces organisations où les personnels sont au service des applications et non le contraire.

Le ministère a-t-il envisagé une seule fois les tensions des personnels en charge des élèves au quotidien dans les établissements ?

Les réformes ne doivent pas être subies par les personnels mais construites avec eux. Le ministère de l’Éducation nationale semble l’ignorer.

Un investissement exceptionnel des personnels de lycée

Les professeurs principaux que le ministère a, heureusement, multipliés par deux se sont mobilisés pour leurs élèves, comme l’a souligné le rapport de l’IGAENR. Sans eux, sans les Psychologues de l’Éducation nationale et sans l’investissement exceptionnel des personnels de direction, le dispositif Parcoursup allait sans aucun doute à la catastrophe.

Les personnels de direction ont été destinataires d’un nombre considérable de fiches techniques qui leur décrivaient des fonctionnalités ou des procédures déjà activées sur Parcoursup. Les délais imposés aux lycées pour la saisie des appréciations définitives étaient si contraints que de nombreux personnels de direction ont été obligé de renoncer à une partie de leurs vacances d’hiver et de printemps.

La période de fermeture estivale a été, elle, limitée à 3 semaines puis à 4 semaines, sans aucune concertation préalable et sans aucune considération pour les équipes de direction des EPLE qui étaient seules pour assumer les décisions ministérielles face aux élèves et à leurs parents. Le Sgen-CFDT est intervenu auprès du Ministère dès la situation connue pour dénoncer la réduction de facto des congés des personnels de direction sans aucune discussion. Nous avons réitéré nos demandes de reconnaissance de l’implication des personnels de direction, mais pour le moment, le ministère n’apporte aucune réponse.

Aucune reconnaissance pour les cadres des EPLE qui flirtent trop souvent avec l’épuisement professionnel.

Les personnels des services d’orientation mobilisés sans publicité

En parallèle à la mobilisation des personnels des CIO, ce sont les SAIO (services académiques de l’information et de l’orientation) qui ont été sollicités de façon continue pendant les week-end, les congés et tout l’été, même pendant la fermeture des rectorats. Des personnels des SAIO  ont « télétravaillé » tout l’été, avec des contractuels recrutés spécifiquement pour Parcoursup, pour répondre aux demandes des élèves et des familles. Ils ont vu leurs vacances estivales réduites sans la moindre reconnaissance spécifique.

Le Sgen-CFDT, alerté par les personnels dès le mois de mars, demande que les moyens en ressources humaines soient organisés et abondés à hauteur des missions à assumer et que l’engagement des personnels soit réellement reconnu.

L’implication nécessaire cette année se reproduira forcément les années suivantes. Car si l’application et la procédure ne seront pas nouvelles, c’est toute une génération nouvelle qu’il faudra accompagner chaque année.