Quatre délégué⋅e⋅s ont représenté notre syndicat lors du 50e congrès de la CFDT qui s'est tenu à Lyon du 13 au 19 juin ; petit retour sur ce moment fort, fait de beaucoup de moments partagés entre militants de toute la France, et même du monde entier, et aussi de beaucoup de temps démocratiques !
Qu’est ce qu’un congrès confédéral de la CFDT ?
Le congrès confédéral de la CFDT (Confédération Démocratique du Travail) a lieu tous les 4 ans ; cette année, la réunion a eu lieu du 13 au 19 juin 2022, à la Cité Internationale de Lyon.
Le congrès confédéral réunit des délégué·e·s élu·e·s par près de 800 syndicats affiliés à la CFDT, soit environ 1700 personnes qui portent les mandats de leurs adhérent·e·s. Les délégué·e·s du Sgen-CFDT Alsace disposaient ainsi de 75 mandats, dont la répartition pour les différents votes avait été discutée en conseil syndical.
Le congrès de la CFDT : un moment fort qui fait société
Toutes les professions sont représentées lors d’un congrès CFDT, celles du secteur privé comme celles du secteur public : métallurgie, transports, énergie, entraîneurs de football (photo :-)), santé-sociaux, communication, culture, collectivités territoriales et bien sûr Éducation Nationale avec les délégué·e·s de tous les syndicats Sgen-CFDT (ci-dessous en photo) et de nombreux autres secteurs professionnels encore… Toute la richesse de la CFDT s’exprime là : ces échanges inter-professionnels qui se font au moment des temps informels, et dans les orientations prises sur des sujets fondamentaux qui concernent toute la société, comme les retraites par exemple (voir plus bas).
Anne-Christelle (Sgen-CFDT Alsace) : « Ce congrès fut une expérience humaine extra, entre nous et avec les autres. Est-ce le sens du mot « camarades » ? Je le crois. » Pour ma part, j’ai pu exprimer aussi la voix des administratifs, santé sociaux de l’Éducation Nationale. C’était important car ils ne sont pas toujours représentés. J’ai l’impression d’avoir servi les miens. Notre petite équipe de quatre était bien représentative de l’Éducation Nationale avec un enseignant en lycée, un en collège, une en primaire et une administrative.
Anne-Cécile : « Au fil des cinq jours, j’ai particulièrement apprécié les nombreuses discussions informelles que nous avons eues avec les militants d’autres branches professionnelles lors des repas et des moments de pause. «
Un grand moment pour faire vivre le D de CFDT !
Le congrès de la CFDT est le moment où toutes les actions de la confédération sont validées par les syndicats, mais aussi où sont tranchées les grandes orientations pour les quatre années à venir. 1700 personnes sont ainsi amenées à se prononcer sur de nombreux points.
Frédéric (du Sgen-CFDT Alsace) « J’ai assisté à mon premier congrès confédéral, un moment fort et mémorable. Plus de 2000 personnes dans l’amphithéâtre du palais des congrès, c’était très impressionnant. Des décisions politiques, la validation de la résolution (feuille de route pour les quatre années à venir) ont été prises… Ce furent des journées riches et intenses.«
La démocratie est une valeur essentielle de la CFDT. Cela implique notamment que, tous les quatre ans, ce sont les délégué·e·s au congrès :
- qui valident les actions mises en place par le bureau national, la commission exécutive et son secrétaire général (voir ici les interventions apportées par plus de 100 syndicats !) : le rapport d’activité pour la période 2018-2022 a ainsi été validé à 89,54 %
- qui font évoluer les statuts de la Confédération
- qui corrigent le projet de résolution proposé par la commission exécutive de la CFDT en déposant des amendements, dont près de 800 ont été intégrés et 15 mis au débat
- qui votent à la majorité pour ou contre de grandes orientations mises au débat : lors de ce congrès, 15 décisions ont été prises de différents ordres, sur des sujets aussi variés que la cotisation, la formation syndicale, le comte épargne temps universel, le droit souple (on vous laisse chercher ce que c’est :-)), les retraites, la création d’une branche dépendance financée par une augmentation des droits de succession (voir ci-dessous), ou l’Europe de la Défense…
- qui votent, à l’issue des débats, la résolution, c’est-à-dire le projet de la CFDT pour les quatre prochaines années. La résolution pour 2022 – 2026 a été adoptée à plus de 90% des mandats
- qui élisent un bureau national de 40 personnes, sorte de Parlement du syndicat, qui élit à son tour en son sein la commission exécutive ; celle-ci choisit ensuite le secrétaire général, la secrétaire générale adjointe et le trésorier. Lors du congrès 2022, Laurent Berger, Marylise Léon et Frédéric Sève ont été reconduit·e·s à ces postes.
Anne-Cécile (du Sgen-CFDT Alsace) : « Ce furent cinq jours de débats passionnants. J’ai eu le sentiment de participer à un moment important de vie démocratique. »
Des orientations importantes pour la CFDT ont été prises
Nous n’allons pas vous résumer ici les 15 débats sur les amendements présentés lors de ce 50e congrès de la CFDT (vous trouverez cependant les arguments échangés pour chacun d’eux sur cette page) ; nous faisons le choix de résumer en quelques lignes les deux débats qui nous ont semblé les plus fondamentaux : celui sur les retraites, bien sûr, mais aussi celui sur la dépendance et les droits de succession.
Un temps fort du congrès : le débat sur les retraites
Moment attendu et largement relayé (pas toujours bien…) dans les médias, un amendement proposait de transformer un passage du projet de résolution qui réaffirmait que la CFDT admettait l’allongement de la durée de cotisation et donc le recul de l’âge moyen de liquidation en réponse à un allongement de l’espérance de vie. Plusieurs syndicats s’y sont opposés et cet amendement, proposé par le syndicat Interco de la Somme, a été mis au débat : « Pour la CFDT, l’allongement de l’espérance de vie ne peut justifier une augmentation de l’âge moyen de liquidation. Pour des raisons d’équité, la CFDT revendique le maintien du dispositif carrière longue sans l’allongement progressif de la durée de cotisation, comme dans la loi Touraine de 2014. »
Cette amendement a été défendu en tribune par un délégué de ce syndicat, puis combattu par un autre délégué. Enfin, le bureau national, en la personne de Frédéric Sève, chargé du dossier des retraites à la confédération, a également donné ses arguments contre l’amendement (vous pouvez revoir en vidéo l’ensemble du débat sous ce lien, à partir de 31’30).
Les arguments pour l’amendementSyndicat Interco-Somme |
Les arguments contre l’amendementSyndicat 3C – Ile-de-France |
Les arguments contre l’amendement –Bureau National – Frédéric Sève |
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Après avoir entendu chaque intervenant pendant huit minutes, chaque porteur de mandat a procédé au vote à l’aide de son smartphone, vote dont voici les résultats :
François (Sgen-CFDT Alsace) : « Ce qui m’a interloqué, c’est la différence de ce qu’on vivait avec ce qui était relayé dans les médias, même les médias sérieux comme le journal Le Monde qui a titré : « LES MILITANTS DE LA CFDT BOUSCULENT LAURENT BERGER » ou Libération : « CAMOUFLET POUR LAURENT BERGER ». Ce n’est pas du tout comme cela que nous avons vécu les choses ; des débats très respectueux ont eu lieu, les différents syndicats ont tranché de manière démocratique et Laurent Berger en a tout simplement pris acte, sans se sentir déjugé bien au contraire : il a été acclamé à de nombreuses reprises et on sentait qu’il avait tout le soutien de sa base ».
Un temps de réflexion utile : le débat sur le financement de la dépendance
Revoir le débat en vidéo sous ce lien (à partir de 33′)
Un autre débat particulièrement important a porté sur le financement d’une nouvelle branche de la Sécurité Sociale consacrée à la perte d’autonomie. Dans le projet de résolution, la CFDT revendique « de faire contribuer les patrimoines au financement de la perte d’autonomie par la création d’une taxation sur les patrimoines et les successions et donations. » Cette revendication est précisée en partie 5 : pour financer la prise en charge de la perte d’autonomie, la CFDT revendique « la création d’un prélèvement de 1 % dès le premier euro sur l’ensemble des successions et donations. » Plusieurs syndicats proposaient de supprimer cette revendication au motif que cette nouvelle taxation porterait sur les plus modestes.
Les arguments d’une adhérente retraitée (UTR de l’Aude) et de Jocelyne Cabanal pour le bureau national ont emporté l’adhésion de congressistes pourtant au départ semble-t-il assez partagés. Elles ont par exemple démontré que l’héritage des plus modestes, quand il existait, risquait fortement de fondre en l’absence de financement de la dépendance (l’héritage moyen est de 20 000 euros alors que le reste à charge pour financer la dépendance est en moyenne de 30 000 euros !) ; qu’une telle taxe pourrait contribuer à améliorer les revenus et les conditions de travail des salariées des EHPAD, que les abattements protégeaient les petits patrimoine d’abattement pour un couple) ; que seuls les héritages de plus de 1,5 million d’euros y perdraient. « Comment peut-on à la CFDT, demander plus de services publics, plus de protection sociale, et ne pas accepter une proposition qui s’applique avant tout aux plus aisés d’entre nous » a conclu Jocelyne Cabanal.
François : « Je suis fier d’appartenir à une organisation qui défend la solidarité entre les générations et la taxation des successions, alors même que les partis (y compris ceux de gauche) ont abandonné le combat contre cette source majeure des inégalités sous prétexte que l’opinion publique serait contre. Cela démontre pour moi toute l’intelligence et l’absence de démagogie de l’organisation à laquelle j’appartiens.
Le témoignage des syndicalistes afghans, ukrainiens, hongkongais et vénézuélien
Anne-Christelle « Beaucoup d’émotions lorsque les syndicats de pays opprimés se sont exprimés, beaucoup d’émotions également lorsqu’on se sent en communion avec l’assemblée pour applaudir telles paroles, ou telles personnes, comme Laurent Berger. Je trouve que ça relance sa motivation et sa conforte son idéologie et pourquoi je suis syndiquée, pourquoi je suis là. »
Frédéric : « Nous avons aussi eu l’occasion de vivre des moments poignants : l’intervention de syndicalistes étrangers (d’Ukraine, de Hong-Kong, du Venezuela et d’Afghanistan). Les congressistes se sont levés tous ensemble et ont applaudi à tout rompre ! »
Le sens de la fête, c’est important aussi à la CFDT
Les délégué⋅e⋅s n’ont certes pas chômé, les débats commençant dès 8h30 et finissant à 19h30 le soir, après une courte pause déjeuner à midi, parfaitement organisée. Le planning a été strictement respecté, les micros étant coupés dès que les intervenants dépassaient le temps imparti, ce qui arrivait rarement…
Mais les temps de repas et de pause, ainsi que les soirées festives organisées le soir entre militants d’une même Fédération ou d’une même région ont été des moments particulièrement fédérateurs et enthousiasmants !
Anne Christelle : « C’est un moment de fête également. Être déléguée syndicale demande de l’investissement tout au long de l’année, des sacrifices, de l’implication, des tensions, et à ce moment là, c’est remercié et fêté. Dans ces temps difficiles, avoir l’opportunité d’être en fête, fait juste du bien. Ça aussi c’est motivant. »
Un congrès porteur pour les militantes et les militants
Au final, ce congrès permet à tous les militants et militantes de la CFDT de partager et de vivre les valeurs portées par leur organisation ; que cela soit lors des longs moments de débats sur les textes, lors des témoignages des militants étrangers qui vivent leur engagement syndical de manière parfois dramatique, ou des moments plus festifs, nos délégués sont sortis transformés, reboostés par ce congrès.
Anne-Christelle: « Pour ma part, ça rebooste bien mon engagement.«
Frédéric : « Je n’avais pas de doute sur mon appartenance à la CFDT, mais ce congrès m’a conforté en ce sens, ça m’a boosté ! Le discours de Laurent Berger était fédérateur. Bref, fier d’être à la CFDT ! »
Anne-Cécile : « Mon Militantisme sort renforcé de ces cinq jours et j’ai la certitude d’avoir choisi l’organisation syndicale la plus en adéquation avec mes valeurs. Je suis fière d’être à la CFDT. »
François : « On sort de ce congrès dans un état à la fois d’épuisement, car les journées de débat sont longues et les soirées animées 🙂 , mais aussi plein d’énergie ! , comme si on était allés puiser un peu d’eau à la source de notre engagement : un collectif partagé autour de valeurs communes ; on prend encore plus conscience que notre engagement nous dépasse et ça fait du bien, ça donne du sens, ça donne envie de faire plus… »
Aller plus loin sur le 50e congrès de la CFDT
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Avec le déroulé du congrès pour retrouver facilement le passage qui vous intéresse.
L’histoire de la CFDT en une frise chronologique.