Jean-Michel Blanquer veut une école de la confiance mais il commence par filouter sur les chiffres des suppressions de postes en en masquant une partie, tout en en nous imposant des heures supplémentaires... La confiance elle, ne peut pas s'imposer, elle se construit forcément !
Suppressions de postes : les réformes des lycées non financées
Les suppressions de postes d’enseignant·es dans le second degré étaient clairement affichées dans le projet de loi de finances. Elles ciblent d’abord les collèges, puis les lycées généraux et technologiques et enfin les lycées professionnels.
Alors que le nombre d’élèves continue à progresser dans le second degré, alors que des réformes doivent entrer en vigueur à la rentrée, le gouvernement fait le choix de supprimer 2250 postes dans le second degré et de 400 emplois de stagiaires.
Dans le même temps, il n’y aura aucune création d’emplois de conseillers principaux et conseillères principales d’éducation, de psychologues de l’Éducation nationale spécialisé·es en conseil en orientation, d’infirmier·es ni d’assistant·es de service social. Bref, l’encadrement des élèves ne progressera pas. Pourtant, les réformes voulues par le ministre supposent de mieux accompagner les élèves dans leurs choix d’orientation et dans leurs apprentissages. Le Sgen-CFDT l’a dit à de nombreuses reprises en comité technique ministériel (CTMEN) et en Conseil supérieur de l’Éducation (CSE) : les réformes ne sont donc pas financées.
Enfin, malgré nos demandes répétées, le ministère n’est pas en mesure de présenter une programmation pluriannuelle des emplois.
C’est pour ces raisons que le Sgen-CFDT avait appelé à la grève le 12 novembre 2018.
CTMEN du 19 décembre ou comment masquer les suppressions de postes
Le comité technique ministériel du 19 décembre était consacré à la présentation de la répartition des emplois entre les académies. Pour le second degré, le ministère a fait le choix de ne pas présenter les emplois d’enseignant·es sous le format habituel. Au lieu de présenter les répartitions des suppressions d’emplois, les chiffres présentés intègrent la transformation de postes en heures supplémentaires. La carte ci-contre présente les données fournies par le ministère. Mais dans la plupart des académies, ce sont en réalité des suppressions d’emplois, ou des augmentations bien moins fortes qui seront constatées. Ce tour de passe-passe ne nous permet pas non plus d’avoir une visibilité sur le niveau de transformation en heures supplémentaires académie par académie. Globalement, l’augmentation des heures supplémentaires représente plus de 92 % des suppressions de postes.
Par ailleurs le ministère reprend des décharges de service d’initiative académique à hauteur de 365 équivalents temps plein.
Conséquences directes : dégradation des conditions de travail et du service public
C’est donc clair, les enseignant·es sont appelé·es à augmenter leur temps de travail pour limiter la réduction de la qualité du service public… au prix d’une intensification du travail et donc d’une dégradation des conditions de travail. Plus d’heures d’enseignement, c’est d’abord plus de travail, et notamment plus de travail que notre employeur peine toujours à reconnaître : conception de notre enseignement, préparation et correction des évaluations, réunions de travail ou de rencontre des parents d’élèves et conseils de classe par exemple. Ce travail hors temps d’enseignement fait pourtant partie intégrante du métier enseignant.
Lorsque le ministre fait passer les heures supplémentaires comme une mesure en faveur du pouvoir d’achat, c’est inacceptable pour le Sgen-CFDT. Une véritable revalorisation, c’est l’augmentation de la rémunération sans augmentation du temps de travail, comme initié par la mise en œuvre du protocole sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations (PPCR).
Craignant sans doute que les enseignant·es n’acceptent pas assez facilement l’augmentation de leur temps de travail, le ministère propose désormais de rendre obligatoire non plus une mais deux heures supplémentaires. Le Sgen-CFDT est résolument opposé à cette mesure.
La reprise des décharges de service d’initiative académique va fragiliser des missions d’animation pédagogique dans les académies. C’est aussi fermer la porte au choix par chacune et chacun, entre l’indemnité et le temps, lorsqu’il ou elle accepte des missions particulières. Le Sgen-CFDT a dénoncé ce choix lors du comité technique ministériel du 19 décembre.