ATTENTION AUX ENTOURLOUPES POSSIBLES : des expertises haut niveau se sont penchées sur les PFMP et la transformation de la voie professionnelle. Une nouvelle fois, toutes ces réflexions se font sans aucune consultation des personnels et laissent planer le doute sur les intentions du ministère.
Alors que le comité de suivi de la TVP (transformation de la voie professionnelle) devrait prioritairement s’intéresser à améliorer et corriger les imperfections manifestes de cette réforme, le ministère s’évertue à mettre en valeur des vitrines sous couvert d’attractivité.
Un comité de suivi de la TVP pour faire beau ? Un tel comité n’a-t-il pas pour rôle de réguler la mise en œuvre d’une réforme ? Au lieu de cela, le ministère s’illusionne en mettant en lumière les quelques expériences qui marchent. Les nombreuses difficultés rencontrées par les personnels sur le terrain sont mises de côté.
Semaine de la voie professionnelle : un non-évènement
Après les retours élogieux de l’université école-entreprise de juillet 2021 lors du précédent comité de suivi, c’est au tour de la semaine de la voie professionnelle d’avoir son heure de gloire. À entendre le ministère, cette semaine de la voie professionnelle fut une opération de visibilité réussie. Elle a mis en valeur les nombreux chef d’œuvre réalisés par les élèves dans le cadre de la réforme.
Méthode Coué ou optimisme hors sol
qui ignore les réalités de terrain ?
Le Sgen-CFDT pense que cet évènement est resté très confidentiel puisqu’il n’a pas reçu l’écho médiatique espéré. Les retours des personnels auprès du Sgen-CFDT sur la mise en œuvre du chef d’œuvre sont beaucoup moins élogieux et mériteraient des remédiations pour lever les difficultés encore nombreuses.
Campus des métiers : filière d’excellence pour toutes et tous ?
Autre sujet de satisfaction à l’ordre du jour de ce comité, les campus des métiers. Ils regroupent en réseau ou dans un même lieu des établissements d’enseignement secondaires et supérieurs, en formation initiale ou continue. L’objectif est de créer des synergies autour de secteurs d’activités d’excellence soutenus par les collectivités et les entreprises.
Là encore, et sans chercher à dénigrer la démarche générale et les trois expériences présentées lors du comité, les motifs de satisfaction reposent ici sur des filières d’excellence. Ces niches ne sont pas représentatives de la majeure partie des lycées professionnels. En marge du plan d’investissement « France 2030 », le développement des campus des métiers (46 actuellement à 100 prochainement), appelle une logique d’adéquation entre les besoins économiques d’un bassin d’emploi et l’insertion professionnelle des jeunes. Pour la voie professionnelle, les campus seraient une piste d’attractivité et d’insertion pour améliorer l’excellence des formations. Ils visent plus particulièrement les filières économiques porteuses au sein d’un territoire. Selon le ministère, ce serait 20 % des élèves de la voie professionnelle qui seraient actuellement intégrés à ces campus.
Même si l’idée des campus est séduisante et s’inscrit dans les objectifs annoncés de la TVP, sa présentation enthousiaste au comité de suivi ne s’adresse qu’à une petite partie des élèves orientés en voie professionnelle. Parmi ces domaines d’excellence, notons l’augmentation des demandes pour la famille des métiers « transition numérique et énergétique ». Cependant, les dix formations de bac pro et de CAP qui rassemblent 80 % des élèves, en service et en production, ne sont malheureusement pas les filières d’excellence visées par les campus présentés.
De plus, ces projets ne font pas l’objet d’une modélisation transférable pour que les équipes s‘en saisissent. Leur origine et leur développement semblent singuliers, liés à des opportunités et non à une vrai politique d’essaimage.
Pour le Sgen-CFDT, il y a un risque à s’illusionner des réussites de quelques-uns en éludant les problèmes et difficultés rencontrés par la plupart des personnels des lycées professionnels.
La volonté d’excellence risque de creuser des inégalités en niant la réalité du profil des élèves orientés en voie professionnelle.
Un comité de suivi de la transformation de la voie professionnelle qui devrait interroger sur la mise en œuvre de cette réforme
Pour le Sgen-CFDT, la transformation de la voie professionnelle mérite une tout autre attention que cette vision optimiste du ministère. Le comité de suivi de la TVP devrait permettre de prendre conscience des difficultés.
Du fait du mauvais usage des heures complémentaires ou de leur détournement au profit d’autres dispositifs, les personnels ne perçoivent que trop rarement les bénéfices escomptés en terme de conditions de travail. La seconde en famille de métiers, la co-intervention et le chef d’œuvre bouleversent la culture, les pratiques et le sens du travail.
Aujourd’hui, au-delà des promesses initiales d’une meilleure valorisation de la voie professionnelle, le décalage entre les objectifs visés et les moyens pour y parvenir rendent la tâche des enseignants encore plus compliquée. Cela s’avère contre-productif. Une remédiation rapide, tant dans les moyens que dans la gouvernance par les acteurs concernés, est nécessaire.
Pour le Sgen-CFDT, il est temps de poser honnêtement la vraie raison d’être de la voie professionnelle. La construction d’un parcours d’excellence, objectif de la transformation de la voie professionnelle, mérite de profiter à tous les élèves.
C’est pourquoi il est urgent d’agir sur les points suivants :
- l’orientation subie sur l’unique critère des performances scolaires,
- le manque de moyens et d’accompagnement,
- l’absence de considération de l’institution intermédiaire,
- le manque de valorisation des réussites du quotidien,
- le temps de concertation non pris en compte dans la charge de travail.
Ces carences ne permettent pas d’atteindre les objectifs d’égalité que la nation doit à nos jeunes.
PFMP – Périodes de Formation en Milieu Professionnel : véritable temps de formation et de préparation à l’insertion
L’inspection générale (IGESR) a publié en janvier 2021 un rapport sur les PFMP, après n’avoir interrogé que des DDFPT…
Le 9 décembre 2021, la DGESCO a organisé une multilatérale sur les périodes de formation en milieu professionnel (PFMP). Les PFMP sont actuellement encadrées par la circulaire n° 2016-053 du 29-3-2016. Celles-ci doivent développer, améliorer et valoriser la formation professionnelle en alternance.
PFMP : Un manque d’efficience selon l’Inspection générale de la voie professionnelle
L’IGESR constate des insuffisances dans l’accompagnement des élèves dans leur parcours professionnel en entreprise. Elle pointe sévèrement le manque d’efficience des PFMP à toutes les étapes de leur mise en œuvre. Elle relève des dysfonctionnements lors de la préparation, la recherche, le conventionnement, le suivi, la régulation et l’exploitation pédagogique.
Lors de l’université d’été 2021 sur les liens entre l’école et l’entreprise, le ministère a souhaité faciliter les relations avec l’entreprise. Il souhaite augmenter qualitativement et quantitativement les opportunités d’alternance pour les stages ou l’apprentissage.
Ces éléments ont très probablement incité le ministère à s’interroger sur les PFMP.
Le Sgen-CFDT soutient une pédagogie de l’alternance comme un dispositif de formation à part entière. Les PFMP sont avant tout des situations de formation en plus d’être des situations de travail en entreprise. Elles participent à l’acquisition des compétences professionnelles et transversales.
Pour le Sgen-CFDT, la réussite des PFMP passe par une bonne coopération entre tous les acteurs de l’école et de l’entreprise.
PFMP : La circulaire de 2016 remise en cause
Le rapport de l’IGESR reconnait des dualités récurrentes entre enseignement pratique et théorie, entreprise et école, enseignement professionnel et général…
Il est toutefois difficile de dire ce qui ne va pas dans la circulaire de 2016 qui permettrait de lever ces freins.
Le questionnement des participants par le ministère sur les différentes phases de la mise en œuvre des PFMP, a été très approximative. Néanmoins, on devine une intention d’assouplir le rythme des périodes de stage.
Les pistes évoquées par le ministère manquaient de clarté :
- départs décalés par demi groupe
- stages filés 1 jour par semaine
- PFMP sur les vacances
- nombres de séquences par cycle de formation
- individualisation des annexes pédagogiques adossés aux conventions pour se rapprocher des besoins de l’entreprise.
Des hypothèses assez floues qui renforcent les craintes et les soupçons. Que nous cache le ministère ?
Ce que porte le Sgen-CFDT pour la voie professionnelle
Pour le Sgen-CFDT, les équipes ont surtout besoin de temps. Prendre en main et améliorer les actuels dispositifs pédagogiques de la TVP, PFMP comprises, percute le cadre réglementaire et culturel permis par le statut.
Une démarche globale, inscrite dans le projet d’établissement, de redynamisation des relations « Lycée – Entreprises » doit associer le Conseil Pédagogique, le DDFPT et les enseignants du domaine professionnel et du domaine général.
Développer la formation et la préparation à l’insertion professionnelle, notamment grâce aux PFMP, demande du temps de concertation dans les équipes. Cela demande aussi des outils facilitateurs, telles que des listes d’entreprises partenaires, de la formation à la connaissance des métiers, de la formation à l’alternance…
À l’instar du Sgen-CFDT, nombreuses sont les organisations syndicales qui réclament du temps de concertation intégré dans les services. Temps garantissant de meilleures conditions de travail au service des élèves.