Les périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) sont devenues un élément clé du parcours des élèves de LP. Mais cette « promotion » n'est pas allée sans créer de nombreux problèmes.
Des problèmes tant au niveau de la recherche des lieux de stage que de celui du suivi des jeunes et de l’évaluation de leur formation en entreprise. La circulaire du 29 mars 2016 et la circulaire de rentrée « réussir l’accueil en LP » se sont efforcées de corriger de régler ces difficultés en introduisant un certain nombre de dispositions dont nous commenterons les points saillants.
Instauration d’un professeur référent
De coutume, l’encadrement des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) était confié au professeur principal de la section qui répartissait les visites de stage entre ses collègues en fonction du temps d’enseignement dispensé par chacun d’eux. Cette pratique pouvait être extrêmement bénéfique à l’équipe pédagogique ou au contraire alimenter de vives tensions à propos du décompte des visites à effectuer. C’est pourquoi, les circulaires susnommées insistent sur l’aspect « collectif et collaboratif » de l’encadrement des PFMP et créent le statut de professeur référent chargé du suivi individualisé des élèves en entreprise. La désignation des référents incombe au directeur délégué aux formations professionnelles.
Pour quelles tâches ?
Le calcul du nombre d’élèves pris en charge par les référents s’effectue au prorata des heures enseignées dans la classe mais aucun enseignant ne peut se voir attribuer simultanément plus de 16 élèves pour une même PFMP. Cette clarification entérine ce qui se pratiquait déjà dans la plupart des établissements mais ne traite pas de certaines questions concrètes posées par les collègues. L’encadrement des élèves en entreprise suppose en effet d’avoir une connaissance des aspects techniques de la formation dont ne disposent les collègues de l’enseignement général qui sont ainsi promus de facto « référents » sans disposer du référentiel adéquat. De plus, certains lycéens effectuent leur PFMP dans des lieux éloignés de l’établissement voire inaccessibles (comme c’est le cas dans la filière « navigation fluviale ») ce qui peut engendrer des suivis plus complexes d’un référent à l’autre.
La préparation des périodes de formation en milieu professionnel
Cette préparation relève indiscutablement du « bon sens » car les jeunes issus du collège ont souvent du mal à saisir les enjeux des PFMP (contenus, compétences, certifications…) et à adopter les exigences du monde de l’entreprise qu’ils doivent apprendre à décoder. L’organisation de ce temps de préparation est laissée au bon soin des établissements et peut prendre soit la forme d’une semaine banalisée ou d’interventions ponctuelles précédant la PFMP. Nous saluons ici cette innovation mais réclamons un temps de « préparation » à cette préparation pour en préciser les contenus et éviter des tâches impossibles à certains collègues. De façon générale cette disposition pose la question du dialogue entre le monde professionnel et celui de l’éducation, ce qui n’est pas une mince affaire.
L’attestation de stage
Il s’agit ici d’un regrettable oubli des usages passés que répare enfin la circulaire de rentrée dans la mesure où le stage équivaut le plus souvent à la première ligne du CV des lycéens qui se voient ainsi gratifiés d’un signe positif. Un pas supplémentaire consisterait à rémunérer les PFMP mais c’est un autre débat.
L’évaluation des entreprises par le stagiaire
Ce point est beaucoup plus sensible que les dispositions précédentes car il soulève une série de questions embarrassantes portant à la fois sur les critères d’évaluation mis à la portée des élèves et sur leur capacité même à émettre le jugement de valeur induit par toute forme d’évaluation. Il y a fort à parier que les établissements ne se lanceront pas tête baissée dans cette « évaluation inversée » car elles ont tout intérêt à garder de bonnes relations avec les entreprises. Néanmoins, il est nécessaire de donner l’occasion d’entendre les élèves sur leur vécu en entreprise surtout lorsque celui-ci s’est avéré négatif en raison de pratiques discriminatoires qu’il serait fort peu judicieux d’étouffer.