Réforme de la voie pro : pourquoi le Sgen-CFDT s’est abstenu au CSE ?

Le Ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a engagé une réforme du lycée professionnel qui prévoit plusieurs évolutions de la grille horaire des bac pro (et des CAP) :

lycée proQuels sont les principaux points de la réforme de la voie professionnelle ?

Un allègement du temps hebdomadaire à 30 ou 31H pour les élèves (contre 34H aujourd’hui).

Ainsi on passe de 2816 heures dans les bacs pro services (2900 heures en production) à 2520 heures de formation pour les élèves sur les 3 années de bac pro.A titre de comparaison, les élèves de Seconde générale ont en moyenne une semaine de 28H30.

Des heures de co-intervention enseignement professionnel/enseignement général.

A cela s’ajoute en première et terminale, la réalisation d’un chef d’œuvre assurée également dans un cadre pluridisciplinaire.L’idée sous-jacente est de « donner plus de sens aux enseignements généraux en les rendant concrets pour les élèves dans une perspective professionnelle ». Mais la co-intervention est limitée au français et aux mathématiques.

Un temps renforcé dédié à la consolidation, l’accompagnement personnalisé et la préparation à l’orientation en terminale.

Il peut s’agir de soutien, d’aide individualisée ou de tutorat. La préparation à l’orientation comporte une préparation à l’insertion professionnelle ou à la poursuite d’études supérieures, en fonction des projets des élèves.

Une découverte plus progressive des spécialités professionnelles.

Ainsi la classe de seconde sera organisée par grandes familles de métiers : à la rentrée 2019, trois familles de métiers seraient expérimentées (Bâtiment/vente-commerce-accueil/gestion administration-logistique-transport), au total 15 familles de métiers seraient constituées alors que certains bacs pro resteront spécialisés. La spécialisation n’interviendrait qu’en première.

La position du Sgen-CFDT

Dans cette réforme, l’évolution la plus lourde en termes d’enjeux, c’est la diminution du temps hebdomadaire. En effet, elle peut mécaniquement entraîner une diminution importante du nombre d’heures d’enseignement et donc de nombreuses suppressions de poste. Les organisations syndicales qui ont fait le choix de négocier pour peser (Sgen-CFDT, Snetaa-FO et UNSA) ont ainsi bataillé pour obtenir le maintien des dotations actuelles des heures enseignants. Ainsi elles ont obtenu une augmentation du volume complémentaire d’heures-professeur qui permet plus de dédoublements : à la rentrée 2019, la dotation complémentaire sera calculée avec un coefficient de 13,5 en bac pro (contre 11,5 à ce jour). Ainsi pour une classe de 30 élèves, les heures complémentaires s’élèveront à 16,8H pour une classe de bac pro services (contre 14,3 actuellement).

Pour le Sgen-CFDT, cette réforme comme toutes les autres est jugée sur les 2 principes suivants : améliorer les conditions de travail des PLP et les conditions d’apprentissage des élèves. A cette aune, la réforme proposée avance des pistes intéressantes, en particulier des dédoublements supplémentaires. Néanmoins cette réforme ne va pas assez loin pour donner satisfaction : le Sgen-CFDT avait déposé un amendement pour augmenter le volume complémentaire à 14 afin d’assurer que la dotation heures-profs ne diminue pas. De plus le Sgen-CFDT regrette le manque d’assurances écrites concernant notamment les heures de concertation pour la co-intervention ou la création de BTS avec des PLP.

Aussi, considérant que le compte n’y était pas encore malgré les avancées obtenues par la négociation, le Sgen-CFDT s’est abstenu lors du vote au CSE (conseil supérieur de l’éducation).