Les évaluations d'écoles sont l'objet de nombreuses critiques, tant elles semblent parfois imposées aux équipes, sans réels moyens ni temps pour les réaliser dans de bonnes conditions. Le point sur la situation dans le Bas-Rhin...
9 octobre 2022 : le Sgen-CFDT agit pour clarifier la question des évaluations d’écoles
Dans l’absolu, le Sgen-CFDT n’est pas opposé aux évaluations d’écoles mais demande qu’elles se déroulent dans un cadre clair et avec des consignes précises. Il faut que les enseignants y voient un intérêt, ne se sentent pas contraints d’y participer et puissent disposer du temps nécessaire. Ainsi, elles ne seront efficaces que si les équipes éducatives s’y impliquent totalement et de la façon la plus libre possible. Ces évaluations n’auront de sens que si elles permettent aux équipes d’identifier des besoins et à conditions que l’institution puisse apporter les moyens nécessaires pour pallier les manques constatés.
- En septembre, le DASEN nous avait assuré que l’engagement dans le dispositif pouvait se faire sur la base du volontariat. Malheureusement, de nombreux collègues ont constaté qu’il leur était impossible de faire valoir cette possibilité de renoncer : il leur a été demandé d’envoyer un courrier argumenté à leur IEN. Le Sgen-CFDT regrette que ces demandes soient soumises au bon vouloir des IEN, certains faisant preuve de souplesse, d’autres beaucoup moins. Nous exigeons un traitement équitable des demandes.
- Nous demandons également que les équipes qui en expriment le besoin puissent reporter cette évaluation au mois de janvier.
- Il est également nécessaire que les équipes puissent disposer de temps pour ces évaluations et, surtout, que cela ne leur soit pas imposé : 18h d’animations pédagogiques, journées devant élèves avec remplaçants, journées hors temps scolaire rémunérées… Chaque équipe doit pouvoir décider sur quel(s) temps travailler pour ces évaluations. Actuellement, ce sont les 18h qui sont systématiquement utilisées, ce qui convient à certains collègues, mais pas à tous, qui préfèreraient utiliser ces heures pour leur formation professionnelle. Depuis quelques années, les heures de formation continue ne répondent pas aux nécessités de service des collègues et sont utilisées à des fins institutionnelles. Nous regrettons la remise en cause de ce droit.
- Il faut aussi que les collègues qui ne sont affectés dans l’école que pour une année voire moins, puissent choisir de participer, ou non, à cette évaluation : stagiaires, remplaçants, titulaires de secteur, enseignants nommés à titre provisoire… Pour eux, l’évaluation d’école n’a guère de sens puisqu’ils seront affectés ailleurs à la prochaine rentrée, voire même avant. Cela est d’autant plus vrai pour les stagiaires qui ont, encore plus que les autres enseignants, le besoin de se former et, donc, de disposer de leurs 18h, ou 9h, d’animations pédagogiques.
Le Sgen-CFDT va donc envoyer, cette semaine, un courrier au DASEN du Bas-Rhin pour lui demander de se positionner sur ces points et de s’engager à ce qu’ils soient respectés dans toutes les circonscriptions.
5 septembre 2022 : Les réponses du DASEN aux points posés par l’alerte sociale sur les évaluations d’école
Suite à l’alerte sociale déposée en intersyndicale le 30 août 2022 sur les évaluations d’école, nous avons été reçus le lundi 5 septembre en audience par M. GENEVIEVE, DASEN du Bas-Rhin dans l’académie de Strasbourg.
Les évaluations d’école se déroulent sur la base du volontariat
La consigne du DASEN donnée lors du conseil des IEN pour préparer la rentrée a été de privilégier les écoles souhaitant s’engager dans ce processus d’évaluations d’école.
Si une équipe s’avère réfractaire, le DASEN a prévenu qu’il y avait toujours moyen d’ajuster les écoles concernées car la liste n’est pas encore définitive. Contactez le Sgen-CFDT Alsace si vous êtes dans ce cas et nous en informerons le DASEN afin qu’il s’organise avec l’IEN de votre circonscription.
A savoir, sur les cinq prochaines années toutes les écoles du département seront soumises à ce dispositif (20% des écoles par an). Cette évaluation d’école sera ensuite périodique, sauf changement de dispositif d’ici là…
Le Sgen-CFDT Alsace déplore que l’appel au volontariat n’ait pas été une réalité dans toutes les circonscriptions…
La professionnalité des collègues ne doit pas être interrogée.
Pour le DASEN la professionnalité des collègues ne doit pas être interrogée : c’est son postulat, imposé à tous, pour les différentes phases d’évaluations (auto-évaluation et l’évaluation externe). Le travail doit se faire sous l’angle de l’analyse collective du fonctionnement de l’école.
Pour le Sgen-CFDT Alsace, cette évaluation doit permettre à chaque équipe de se fixer des objectifs partagés, à condition qu’on lui en donne la liberté et surtout les moyens. Le Sgen-CFDT Alsace rappelle donc que cette évaluation d’école ne doit en aucun cas ressembler à une inspection avec une évaluation individuelle des enseignants.
Les travaux doivent se dérouler sur temps devant élèves
Le DASEN ne dégage pas de temps, faute de capacité de remplacement suffisante, pour le temps devant élève.
Le DASEN a prévu de dégager du temps sur :
- les 6h de journée de solidarité. Le Sgen-CFDT Alsace a dénoncé que cette année, faute de cadrage clair et transmis dans les temps via un courrier qui n’arrivera que dans les jours à venir, les écoles concernées n’ont pas pu investir ces six heures du mardi 30 août au travail d’évaluation d’école. Il va donc falloir réallouer ce temps autrement de la part des inspections…
- les 18h d’animations pédagogiques. Ce temps peut être pris, tout ou partie, via une décision d’équipe pour la répartition du temps nécessaire pour mener à bien l’évaluation d’école.
- les deux demi-journées qui peuvent être posées par les autorités académiques afin de permettre des temps de réflexion et de formation sur des sujets. Le DASEN dévolue donc ces six heures à l’évaluation d’école pour les écoles concernées.
Le Sgen-CFDT Alsace regrette que ce nouveau dispositif ne soit de nouveau pas réfléchi et inclus dans nos Obligations Règlementaires de Service. C’est une nouvelle pierre, coûteuse en temps et charge de travail, qui s’ajoute aux 108h notamment…
Pour le Sgen-CFDT Alsace, si le dispositif est considéré comme une priorité pour l’académie, il va falloir alors délester les collègues de missions et de tâches existantes afin que les équipes aient les moyens et le temps de mener dans les meilleures conditions ce processus d’évaluation d’école. Il en est de même pour les équipes d’évaluateurs (IEN, CPC, directrices·teurs, collègues).
Il ne doit pas y avoir de questionnaires en direction des parents et des élus
Le DASEN informe que le questionnaire est un outil mis à disposition et dont l’utilisation est laissée à la décision des équipes. Dans tous les cas, il n’y a pas de questionnaire à destination des élus dans le cahier des charges.
Il n’y a donc aucune obligation à élaborer et distribuer des questionnaires. De même, il y a la possibilité pour chaque équipe d’adapter le·s questionnaire·s proposé·s dans le cas où une équipe souhaite en élaborer un.
Le Sgen-CFDT Alsace apprécie la mise au point quant à l’utilisation d’un outil proposé qui ne vaut pas obligation à utilisation.
Il ne doit pas y avoir de visite en classe sans accord des collègues
Le DASEN rappelle que l’évaluation d’école est un processus collectif, et non individuel, avec pour objectif d’obtenir une analyse systémique du fonctionnement de l’école.
Il n’y aura donc pas d’obligation posée par les évaluateurs externes à visiter une classe et les collègues sont donc libres d’accepter, ou non, cette possibilité si elle leur est proposée.
Pour le Sgen-CFDT Alsace, l’évaluation d’école doit être un temps d’échange collectif et non une injonction verticale comme l’administration en a l’habitude, surtout ces dernières années.
Rappel de la position principale du Sgen-CFDT Alsace
L’évaluation d’école ne doit pas être une surcharge de travail pour les équipes et donc si celle-ci est considérée comme une priorité nationale, alors elle doit contraindre l’administration à supprimer d’autres missions et tâches afin que tous les personnels concernés (les collègues des écoles mais aussi les évaluateurs externes) aient les moyens de la mener dans des conditions optimales.
Lire ici le relevé de conclusions de l’audience du 5 septembre avec le DASEN.
30 août : dépôt de l’alerte sociale
Monsieur l’Inspecteur d’Académie-DASEN,
Les organisations syndicales signataires se sont réunies en intersyndicale pour faire le point sur la mise en place des évaluations d’école dans notre département.
Conformément aux dispositions de la loi 2008-790 du 20 août 2008, nous avons l’honneur de vous informer que nos organisations syndicales déposent une alerte sociale concernant ce dispositif dont le cadre général présenté entretient une confusion réelle dans les responsabilités et le rôle de chacun. Nos organisations syndicales considèrent le moment comme totalement inadapté alors que notre département manque cruellement de moyens. Cette alerte sociale court jusqu’au 31 août 2023.
Nos organisations syndicales ont été interpelées de nombreuses fois par nos collègues. De plus, ces deux dernières années n’ont fait que révéler un fort accroissement de la souffrance au travail. Nous vous alertons sur la mise en place d’un énième dispositif chronophage dont le sens n’est pas établi. La priorité est à la reconstruction des équipes.
Monsieur l’Inspecteur d’Académie-DASEN, il est de votre responsabilité de prendre les mesures qui s’imposent pour la protection des agents de l’Education nationale qui relèvent de votre administration ainsi que pour la préservation de leur santé.
Aussi l’intersyndicale vous demande que :
- l’évaluation d’école se déroule sur la base du volontariat : aucune forme de pression ne devra être exercée sur les collègues et les équipes qui ne participeraient pas
- la professionnalité des collègues ne soit pas interrogée
- pour les collègues volontaires engagés dans le dispositif :
- les travaux doivent se dérouler sur temps devant élèves,
- il ne doit pas y avoir de questionnaires en direction des parents et des élus,
- il ne doit pas y avoir de visite en classe sans accord des collègues.
Nous vous prions de croire, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, en l’expression de nos respectueuses salutations.