Notre colloque annuel s'est le lundi 18 octobre 2021 à Strasbourg et le mardi 19 octobre 2021 à Mulhouse ; nous avons eu le plaisir d'accueillir et d'échanger avec le sociologue de l’Éducation François Dubet pour parler d'égalité à l'école et de démocratie !
Vous avez dit « égalité » ?
Quelque 250 personnes ont assisté à notre colloque avec François Dubet et Catherine Nave-Bekhti intitulé « Education Nationale, vous avez dit égalité ?! » qui s’est tenu lundi dernier à Strasbourg et mardi à Mulhouse. Ce fut un plaisir de pouvoir enfin vous retrouver et échanger avec tous les participants. François Dubet nous a dit avoir passé « deux journées passionnantes en Alsace » ; quant à Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la Fédération des Sgen-CFDT, elle partage sur son fil Facebook « Des militantes et militants présentaient ce qu’ils et elles font avec leur collègues pour faire progresser et réussir tous les élèves, pour dénouer les fils de la reproduction sociale. Des échanges riches avec les collègues, des retrouvailles et rencontre, bref un syndicalisme de proximité, où l’on parle travail avec celles et ceux qui font. »
Vous pourrez retrouver quelques photographies, paroles fortes et croquis de notre dessinateur et militant Edouard Steegmann sur cette page de notre site.
Merci à tous ceux et à toutes celles qui ont participé à ce colloque et qui ont permis l’organisation de cet événement !
Les croquis d’Edouard Steegmann (présent à Strasbourg)
Paroles de François Dubet, Catherine Nave-Bekhti ou de nos militant⋅e⋅s
« … quelles que soient les différences ;)… »
« … massives… »
Dans la presse : un excellent dossier à lire dans l’Obs sur la fracture scolaire
Il est rare que les médias s’emparent véritablement du dossier des inégalités à l’école ; il faut donc d’autant plus signaler l’excellent dossier paru dans l’Obs daté du 26 août 2021, avec une interview croisée de François Dubet et Julien Grenet.
« L’école peut-elle sauver la démocratie ? »
Il s’agit du dernier ouvrage de François Dubet, co-écrit avec Marie Duru-Bellat.
La massification des systèmes scolaires depuis les années 1960 a été portée par trois promesses :
- L’école démocratique de masse devait être plus juste et moins inégalitaire que la vieille école républicaine.
- Cette école devait aussi développer les compétences, favoriser la croissance et être utile à tous les élèves.
- Enfin, elle devait favoriser la confiance et l’adhésion aux valeurs de la démocratie.
Ce livre se propose de tirer les leçons du long processus de massification, et le bilan est pour le moins nuancé.
L’école démocratique de masse a sans doute réduit les inégalités scolaires, mais elle a surtout transformé le mode de production de ces inégalités en accentuant la compétition, dégageant des vainqueurs et des vaincus de la massification.
La multiplication des diplômes a également creusé les écarts, depuis les plus rentables jusqu’à ceux qui n’apportent plus grand chose.
Enfin, avec la massification, les plus diplômés adhèrent aux valeurs démocratiques et libérales, pendant que ceux qui le sont moins perdent confiance, s’abstiennent ou choisissent les forces populistes et autoritaires.
En définitive, la massification scolaire a été très favorable aux vainqueurs, beaucoup moins aux vaincus.
Or les inégalités scolaires ne sont pas seulement une injustice ; leurs effets menacent la cohésion sociale et la démocratie elles-mêmes :
« Évidemment, les discriminations sont inacceptables. Mais il n’est pas certain qu’une méritocratie accomplie soit le meilleur moyen d’y remédier. L’idéal méritocratique n’est pas celui d’une société plus égalitaire : il repose sur la promesse d’une mobilité sociale offerte à quelques-uns, dans laquelle les inégalités seraient enfin « justes ». Cette promesse est d’autant plus étrange aujourd’hui que les meilleures places sont aussi les plus rares. Il n’est donc pas raisonnable, du point de vue de l’école, de faire de l’emploi de cadre supérieur le seul emploi honorable.
Car sinon, comment s’étonner que les vaincus de la méritocratie, discriminés ou pas, se sentent abandonnés par les partis politiques qui semblent les avoir oubliés ? Aujourd’hui, les plus diplômés des Français votent pour les partis socio-démocrates, verts et libéraux, pendant que les vaincus de la méritocratie s’abstiennent ou votent pour les partis populistes et contre le « mépris » des élites. Comment ne croiraient-ils pas que nous avons abandonné les rêves du progrès social au profit d’une concurrence enfin équitable entre tous ? Comment ne penseraient-ils pas qu’ils sont devenus invisibles en plus d’être humiliés par leurs « échecs » ? Comment être solidaires dans une société où l’idéal de justice est celui d’une compétition juste entre les individus et entre une multitude de minorités concurrentes entre elles ? » (Chronique de François Dubet à lire en intégralité sur le site Alternatives Economiques : l’obsession méritocratique)
L’égalité des chances ne peut pas être notre seul idéal de justice.
Aller plus loin
L’école peut-elle sauver la démocratie? F. DUBET, M. DURU-BELLAT
Agir syndicalement pour l’égalité filles-garçons : l’effet colibri.
Le compte rendu du colloque « Décrochage » avec Bernard Gerde.
La pauvreté à l’école, quels outils pour les enseignants ?
Apprendre par la coopération : compte-rendu de notre colloque avec Sylvain Connac.
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