Départementalisation du remplacement dans le 1er degré : en quoi celle-ci fragilise-t-elle les enseignants et les écoles en Alsace ?

La départementalisation du remplacement dans le 1er degré, présentée comme une modernisation, n'en est pas une pour les enseignant.e.s et les écoles d’Alsace. Déplacements imposés, missions dénaturées, suppression des viviers spécialisés… Voici ce qui change.

La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques Alsace alerte sur les conséquences d’une réforme menée sans concertation réelle.

La départementalisation des viviers de remplacement (fusion ZIL/Brigades)

Nos deux départements préparent une nouvelle organisation du remplacement imposée par le Ministère à partir de la rentrée 2026. Cette réforme s’inscrit dans les priorités nationales visant à améliorer la continuité pédagogique et à mieux répondre aux absences.

Cette réforme prévoit la disparition des différents types de remplaçants (ZIL et brigades) au profit d’une brigade unique départementale.

Objectif de la réforme pour le Ministère : permettre une amélioration de la qualité et de la répartition des remplacements

  • Réduire les absences non remplacées.
  • Mobiliser tous les moyens disponibles pour assurer la continuité pédagogique.
  • Centraliser et optimiser la gestion des remplacements.

Pour la rentrée 2026, voici les impacts majeurs :

  • Fin des choix professionnels : les remplaçants voient leurs missions et leurs zones d’intervention bouleversées.
  • Risques pour les écoles alsaciennes : décharges de direction des petites écoles, pondération REP+ et formations menacées.
  • Absence de concertation : une réforme imposée par le ministère, sans prise en compte des réalités locales.départementalisation remplacement 1er degré

Une fusion des viviers qui nie les

Pour les Brigades stages

Ils avaient consciemment choisi un poste leur permettant d’assurer des remplacements courts, dans tout le département, avec une anticipation dune semaine environ, et en acceptant de grands déplacements.

Conséquence directe => davantage de remplacements courts avec moins d’anticipation.

Pour les Brigades REP+

Ils avaient fait le choix d’exercer avec un public REP+, dans un secteur géographique connu avec des organisations d’équipes et une continuité pédagogique assurée et assumée.

Conséquence directe => plus de garantie de remplacements uniquement en Éducation Prioritaire et pour les enseignants en EP, encore moins de garantie de pouvoir bénéficier de leurs 18 demi- journées de pondération.

Pour les titulaires départementaux

Ils étaient nommés sur les décharges de direction de moins de 4 classes, avec une organisation connue à l’avance par les directrices et directeurs et par les brigadiers.  

Conséquence directe => une absence de lisibilité sur les décharges de direction pourtant indispensables et statutaires

Pour les ZIL

Ils ont choisi un poste précisément parce quils restaient ancrés dans une circonscription, avec des trajets courts, des remplacements courts ou longs, des écoles connues.

Conséquence directe => la départementalisation les expose désormais à des déplacements potentiellement très longs ou très éloignés, sans aucune considération pour leurs contraintes personnelles et familiales.

Résultat : personne ny gagne. Les missions sont dénaturées.

La fin des viviers spécialisés : quels risques pour les écoles alsaciennes ?

La DSDEN évoque une nouvelle nomenclature RH qui empêcherait de créer des viviers de remplacement spécifiques : décharges de direction des écoles de moins de 4 classes, brigades REP,remplacements liés à des départs en formation…

Cela signifie concrètement que des missions essentielles risquent d’être sacrifiées.

Ces remplacements particuliers seront en danger car il n’y aura plus de postes spécifiquement fléchés à cette intention.

C’est tout un pan de fonctionnement des écoles qui vacille !

 

Un découpage en quatre zones infradépartementales : un leurre ?

Dans le Bas-Rhin, un découpage en quatre zones est proposé par la DSDEN, laissant croire à une gestion plus locale mais…

  • Juridiquement, le département reste la zone de référence.
  • Aucune garantie : un remplaçant peut être envoyé n’importe où dans son département, sans limite.
  • Explosion possible des déplacements longs : des conditions de travail dégradées, sans compensation.

La segmentation en zones ne sert, au final, qu’à masquer un pilotage départemental centralisé, sans considération des conditions d’exercice.

Si les quatre zones infradépartementales sont bien créées, la CFDT demande qu’elles correspondent aux quatre bassins du mouvement intradépartemental (voir voeux MOB 2025).

Dans le Haut-Rhin, à la demande de la CFDT et des autres organisations syndicales, les zones infra ne devraient pas être mises en place et l’échelon de la circonscription avec un pilotage départemental devrait primer.

Mais les groupes de travail ne sont pour l’instant pas terminés et rien n’est acté.

Si le pilotage est départemental, les remplaçants devraient garder un rattachement administratif dans une école ou une circonscription. La raison est plutôt simple: le rattachement administratif à la dsden entrainerait un coût démesuré en terme d’ISSR. La CFDT a porté le nécessaire lien avec la circonscription et l’intérêt du rattachement à une école pour avoir un « pied à terre » en cas de non remplacement afin de venir en appui des équipes sur place.

Si on peut craindre des remplacements dans tout le département, la nécessaire rationalisation des moyens, la logique budgétaire, il y a fort à parier tout de même que le département ne soit pas l’échelon privilégié, c’est en tout cas ce qu’a porté et portera encore la CFDT!

Une réforme imposée

départementalisation remplacement 1er degré

Une première informatives mais bien consultatives, avec un réel dialogue social. Nous continuons à faire entendre les interrogations, les craintes des collègues ainsi que nos revendications sur la création de ce nouveau poste.

La CFDT exige que tous les agentes soient informé.e.s de ce projet, des enjeux et des impacts sur leurs conditions de travail, qu’ils soient remplaçants, adjoints ou directeurs/directrices.

La CFDT demande un calendrier précis des opérations et des règles spécifiques pour le mouvement 2026. Les remplaçants voient leur missions évoluer, leur poste changer et une carte scolaire ainsi remaniée. Si tou.te.s les remplaçant.e.s voient leurs postes fermer ou profit de l’ouverture d’une brigade départementale, ce ne seront pas moins de 300 collègues concernés par une mesure de carte scolaire dans chaque département! La CFDT a porté la proposition que seuls les brigades et titulaires départementaux soient directement impactés pour le mouvement. Concernant les ZIL, un travail de dentelle doit être opéré: si l’agent estime que ses missions évoluent, il pourrait prétendre à une bonification mouvement et voir son poste fermer; pour ceux qui souhaiteraient « glisser » sur le nouveau support, ce serait possible dans le cadre d’une réaffectation.

Nous avons également exigé que ce soit les secrétaires de circonscription qui continuent à gérer les remplacements, car ce sont elles et eux qui connaissent le mieux les réalités de leur secteur et sont à même de respecter les spécificités de chacun.e (EP, maternelle, élémentaire, remplacements courts ou longs, trajets…).

Nous demandons aussi que les remplaçants soient toujours rattachés à une école à proximité de leur domicile. De plus, ces écoles doivent constituer un maillage uniforme dans tout le département.

La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques Alsace restera mobilisée pour que cette évolution ne se traduise pas par une nouvelle dégradation des conditions de travail des remplaçant.e.s et des enseignant.e.s .

Les infos utiles et encore d’actualité