Education prioritaire : que nous révèle l’enquête de la DEPP ?

Une étude de la DEPP (février 2018) montre que la majorité des élèves d'origine sociale défavorisée est scolarisée hors éducation prioritaire.

éducation prioritaire - état des lieux DEPPLa majorité des élèves d’origine sociale défavorisée est scolarisée hors éducation prioritaire

Avec la sortie de la note d’information de la DEPP, nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui mettent en évidence deux statistiques :

  • 11,7 % des élèves de sixième de PCS défavorisées sont en REP +
  • 19,2 % en REP

Donc la majorité des élèves d’origine sociale défavorisée est scolarisée hors éducation prioritaire. C’est incontestable et cela doit nous amener collectivement à adresser certaines questions.

Mais avant d’y venir, d’autres données sont intéressantes.

Si l’éducation prioritaire ne caractérise pas les élèves d’origine sociale défavorisée, la concentration d’élèves défavorisés caractérise l’éducation prioritaire.

 

Dans un collège REP + sur deux on constate qu’il y a plus de 75 % d’élèves défavorisés.

Aucun collège hors éducation prioritaire ne connaît une telle concentration. Dans 95 % des collèges REP+ on observe que plus de 60 % des élèves sont d’origine sociale défavorisée. C’est le cas dans 6 % des collèges hors éducation prioritaire.

Des enseignants plus jeunes…

La note montre ensuite que les enseignant.e.s des collèges REP et REP+ ont moins d’ancienneté dans leur poste et sont plus jeunes.

Des élèves qui réussissent moins bien au DNB et passent moins souvent en seconde GT…

Enfin, la note s’intéresse aux résultats et parcours scolaires, soulignant que cela ne saurait valoir évaluation de la politique d’éducation prioritaire car « le dispositif REP+ n’est entré en application qu’à la rentrée 2015. » Pour y parvenir il faudra du recul (donner le temps à une politique publique d’atteindre ses objectifs). Il faudra aussi s’appuyer sur les travaux des CAREP, du centre Alain Savary, de l’IFE, du réseau des LEA, du CNESCO, et des travaux de chercheur.euse.s.

Les collégiens REP+ maîtrisent moins bien les compétences à l’entrée en 6ème, réussissent moins bien le DNB et passent moins souvent en seconde GT. Les élèves d’origine sociale défavorisés réussissent moins bien au DNB, mais un peu mieux lorsqu’ils sont scolarisés hors éducation prioritaire.

La politique d’éducation prioritaire reste légitime…

Notre système scolaire, ce n’est pas un scoop, peine à dénouer les fils de la reproduction sociale. Il le fait d’autant plus difficilement dans les établissements qui ne connaissent pas ou peu de mixité sociale.

Tant que la ségrégation spatiale et la carte scolaire génèrent des publics scolaires si peu mixtes socialement, une politique d’éducation prioritaire dans son principe même est légitime.

On peut discuter des modalités de mises en Å“uvre mais on ne peut l’arrêter.

Accompagner partout la prise en charge des enjeux scolaires de la pauvreté

Le fait qu’une majorité d’enfants d’origine défavorisée est scolarisée hors éducation prioritaire ne délégitime pas la politique d’éducation prioritaire. Ce fait nous oblige toutes et tous à considérer que les enjeux travaillés par exemple dans le rapport grande pauvreté et réussite scolaire de Jean-Paul Delahaye, et l’avis du CESE intitulé une école de la réussite pour tous présenté par Marie-Aleth Grard nous concernent.

Cela nous oblige toutes et tous à tenir compte des apports des travaux du CNESCO sur la différenciation pour faire progresser tous les élèves. Cela nous oblige à identifier comment parvenir à attirer et stabiliser des collègues dans les établissements de l’éducation prioritaire : accompagnement professionnel, conditions de travail, reconnaissance réelle… L’accompagnement professionnel des personnels de tous les établissements à la différenciation pédagogique et à la prise en charge (chacun dans son champ de compétences) des enjeux scolaires de la pauvreté et de la grande pauvreté sera aussi nécessaire.

Pour en savoir plus :

Collèges de Mulhouse : les secteurs de recrutement modifiés