Le ministre a annonce près de 2000 suppressions de postes pour la rentrée 2019... Comment seront-elles compensées ? Par les heures supplémentaires pardi ! Jean-Michel Blanquer veut en effet permettre aux chefs d'établissement d'imposer deux heures sup aux profs (une seule est imposable actuellement)
Le retour des suppressions de postes à la mode Blanquer…
Jean-Michel #Blanquer pense aux enseignants et à leur pouvoir d’achat, pour leur permettre de gagner plus, il va rendre possible d’imposer deux heures sup (et non plus une seule) aux enseignants… C’est beau toute cette confiance qu’il nous fait !
Quant au reste des mesures destinées à bloquer au maximum des salaires enseignants déjà très bas (voir cette étude de l’OCDE), elles vont bien entendu rester en place en 2019 (voir notre article).
Le paradoxe dangereux des heures supplémentaires
Ah oui, si on veut imposer plus d’heures sup aux enseignants, c’est pour compenser le retour des suppressions de postes à la mode Blanquer (un expert en la matière qui en avait supprimé quelques 80 000 sous Nicolas Sarkozy en tant que sous ministre de Luc Chatel).
Et pourtant, plus d’heure sup c’est plus de cours à préparer et donc des cours de moins bonne facture : les professeurs certifiés sont en effet à 18 heures par semaine pour avoir le temps de préparer, de corriger, de construire des séquences riches et intéressantes pour nos élèves.
Surtout, si les professeurs multiplient les heures sup, le ministre aura beau jeu de leur rappeler qu’ils peuvent travailler plus…
Intensification du travail pour les personnels administratifs
Cette annonce augure d’une intensification du travail pour les personnels administratifs et pour les enseignants et enseignantes du second degré. Le Sgen-CFDT considère que les orientations en termes de postes ne sont pas tenables et vont mettre sous tension le système éducatif et dégrader fortement les conditions de travail des personnels. Le gouvernement doit en prendre la mesure. La logique purement comptable ne fait pas une politique publique.
Dégradation des conditions de travail
Cette dégradation des conditions de travail s’annonce particulièrement sensible dans les services déconcentrés à la veille d’une réforme organisationnelle. Par ailleurs, le ministère de l’éducation nationale est déjà celui qui compte le moins de gestionnaires par agent. Cela signifie que la gestion, par exemple, des remplacements va se faire plus que jamais dans une tension forte : moins d’agents pour ajuster et faire correspondre moyens et besoins, moins d’enseignant.e.s disponibles pour les remplacements de plus de 2 semaines…
Le travail des personnels administratifs est essentiel au bon fonctionnement du système éducatif. S’il se confirme que 400 postes sont supprimés, cela revient à annuler en un an toutes les créations de postes du quinquennat précédent. Avec les 200 suppressions de l’an dernier, cela signifie qu’il y aura moins de personnels administratifs qu’en 2012. Entre temps, le nombre d’élèves et le nombre d’enseignant.e.s à gérer a augmenté.
Dans le second degré, la diminution des postes budgétaires va générer des heures supplémentaires, le recours à l’emploi contractuel et l’augmentation du nombre moyen d’élèves par classe, comme sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Les enseignantes et enseignants qui auront à assurer davantage d’heures de cours ne pourront plus accorder autant de temps au suivi de leurs élèves. Ce suivi est pourtant essentiel pour contribuer à la démocratisation de l’École. Dans le contexte de la réforme des baccalauréats, des lycées et de la loi Orientation Réussite Étudiante, qui nécessitent toutes un renforcement de l’accompagnement, la décision du gouvernement est pour le Sgen CFDT une erreur grave.
En savoir plus :
Tout savoir sur les heures sup (Sgen+)
Blanquer annonce 1800 suppressions de postes (source : LeMonde.fr)
Le communiqué de presse du Sgen-CFDT