Le 31 mai 2018, M. Launay, Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale du Bas-Rhin a reçu une délégation des représentants du 1er degré du Sgen-CFDT Alsace. A cette occasion, nous avons pu échanger sur différents points qui suscitent des inquiétudes chez nos collègues.
Les représentants du Sgen-CFDT Alsace : Valérie Faurie et Nathalie Burgard, élues en CAPD, Simone Peter représentante des personnels au CTSD et Jean-François Reczkowiecz, représentant des personnels au CTSD et au CHSCT-D, accompagnés de Laurent Gomez, Secrétaire Général, ont été invités à une audience par M. Launay, DASEN du Bas-Rhin.
Le DASEN nous a reçus en compagnie de MM. Thierry Dickelé, Directeur Académique Adjoint, Sébastien Bernard, Secrétaire Général Académique Adjoint et Chef des Services Administratifs ainsi que M. Jean-Baptiste Ladaique, Inspecteur de l’Éducation Nationale Adjoint au Directeur Académique. Cet échange nous a permis d’évoquer un certain nombre de sujets brûlants et de présenter nos revendications concernant l’amélioration des conditions de travail des professeurs des écoles du Bas-Rhin.
Rentrée 2018, quelques informations
Le Directeur Académique nous annonce qu’à l’exception de cinq communes, l’ensemble des écoles du Bas Rhin fonctionneront selon de le rythme de 4 jours à la rentrée 2018. Aucune annonce spécifique n’a été faite concernant Strasbourg. La liste des écoles sera présentée au CDEN du mois de juillet.
M. Launay indique que le CTSD du 14 juin a pour objectif d’étudier les réouvertures pour les écoles en limite de seuil. Aucune nouvelle fermeture ne doit être prononcée à cette occasion.
La brigade de remplacement spécifiquement mise en place au CTSD de février pour assurer l’occupation des postes qui seraient ouverts à la rentrée, ne seront nommés que le lendemain de la rentrée, de manière à leur permettre de bénéficier de l’ISS. Par ailleurs, si l’ensemble de cette brigade n’était pas affectée, les postes restant viendraient abonder les brigades de remplacement classiques.
Les points soumis lors de l’audience
Les représentants présents à l’audience, ont évoqué les sujets qui témoignent de vos préoccupations actuelles:
- Les moyens accordés à l’école inclusive
- La présentation de notre enquête sur la gestion au quotidien des enfants porteurs de troubles de la conduite et du comportement (que nous avions désignés sous le terme de « perturbateurs »)
- Les revendications qui relèvent de la carte scolaire
- Les questions que posent les dernières circulaires de notre Ministre.
a. L’école inclusive
Le Sgen-CFDT revendique
- Des accompagnants nommés dès la notification MDPH connue : la réduction des délais d’embauche
- Une formation continue pour tous les acteurs de l’inclusion et adaptée aux besoins de l’enfant pris en charge et du temps de concertation, comptabilisés dans les obligations de service
- Une certaine souplesse dans l’aménagement de la semaine de l’élève porteur de handicap
- Des procédures de signalement simplifiés pour permettre une prise en charge plus rapide
- Une écoute et un accompagnement bienveillant de la part de l’équipe de circonscription
L’embauche des ASH
Nous avons rappelé au DASEN qu’au niveau national, le Sgen-CFDT a lancé alerte sociale en janvier, pour dénoncer la dégradation des conditions de travail des collègues concernés par l’inclusion d’un élève à besoins spécifiques. Le Sgen-CFDT considère l’inclusion comme une chance pour les élèves porteurs de handicap, mais le gouvernement se doit de nous donner les moyens nécessaires pour accueillir ces enfants dans de bonnes conditions. Or l’annonce du recrutement de 11 200 AVS pour pallier la fin de 15 000 contrats aidés n’est pas suffisante.
Au plan local, nous reposons la question du délai d’attribution des AVS après la notification de la MDPH.
Lisez la suite, pour avoir toutes les réponses de l’IA-DASEN
Nos revendications pour l’inclusion, portées au niveau du ministère
b. Notre enquête
La gestion des élèves porteurs de troubles de la conduite et du comportement.
Nous avons profité de cette audience, pour présenter les résultats édifiants de l’enquête que nous avons mené début 2018, auprès des collègues en charge d’élèves porteurs de troubles de la conduite et du comportement.
Découvrez les résultats de notre enquête et les réponses apportées par le DASEN
Les besoins révélés par cette enquête
- Besoin de protection et d’écoute des collègues en difficulté : nécessité de rompre l’isolement ressenti. Besoin d’une prise de conscience de la part de la hiérarchie : réelle bienveillance à l’égard des personnels et gestion des risques psycho-sociaux. Soutien des enseignants dans le cadre des relations avec les familles.
- Effectifs allégés, qui tiennent réellement compte du surcroît de travail engendré par la gestion d’élèves porteurs de TCC.
- Structures internes à l’EN, de personnels pour prendre en charge dans ou hors de la classe, lorsque c’est nécessaire, les enfants porteurs de TCC, même lorsque le comportement n’est pas associé à un handicap.
- Temps : pour rédiger des compte-rendus, des documents de suivi, des dossiers de signalement ; pour les réunions de concertation avec les parents, les collègues au sein de l’école, le pôle ressource, les intervenants extérieurs.
- Formation (initiale et continue) : connaissance des différents champs du handicap, travail sur la posture d’enseignant (jeux de rôles, mises en situation), travail sur la communication à destination des familles.
- Mieux connaître les canaux d’alerte, les personnes ressources ; d’alléger les procédures, notamment dans les cas de violence.
- Outils de liaison plus efficaces (probablement plus simples), afin de faciliter la communication avec les collègues, avec les intervenants extérieurs.
Le Sgen-CFDT revendique
- Des groupes d’analyse et d’échanges de pratiques dans chaque circonscription pour rompre l’isolement des collègues
- Un allègement des effectifs qui prennent en compte les conditions réelles d’enseignement avec une élève porteur de TCC
- La reconstitution de pôles ressources (RASED) complets : avec des maitres G, maitre E et Psy. Des structures d’accueil pour les enfants qui ne peuvent être intégrés à 100% dans une classe ordinaire
- Du temps pour compenser les heures passées en réunions, en constitution de dossiers, ou en coordination avec les intervenants (modulation des 108h)
- Une écoute et un accompagnement bienveillant de la part de l’équipe de circonscription. Particulièrement, dans la formation des IEN, insister sur l’évolution des publics scolarisés et orienter l’accompagnement proposé par PPCR vers le soutien des collègues en difficulté dans la confiance et non la remise en cause des compétences.
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Une formation (initiale et continue) davantage orientée vers la connaissance des différents champs du handicap, avec des intervenants experts. Une formation qui propose concrètement un travail sur la posture d’enseignant (jeux de rôles, mises en situation), sur la communication à destination des familles.
Les réponses de M. Launay
Les réponses apportées ne semblent pas encore suffisamment prendre la mesure du désarroi de certains collèges. De plus, elles restent malheureusement limitées pour des questions de moyens.
En tout état de cause, le premier conseil en cas de difficulté, est de ne pas hésiter à se tourner vers son IEN : s’il/elle est informé.e en amont, il sera plus à même d’entrer en communication avec les familles, ou d’indiquer les acteurs vers lesquels se tourner.
Le Sgen-CFDT regrette que les solutions proposées ne tiennent pas assez compte des autres enfants de la classe, qui sont pour certains, également porteurs de TCC!!
c. Carte scolaire : les demandes du Sgen-CFDT
- Une attention à l’égard des classes rurales, victimes de fermetures, parfois à 1 élève du seuil.
- Une attention dans les écoles qui accueillent des classes d’inclusion : ULIS et UPE2A car ces élèves ne sont pas pris en compte dans l’effectif réel des classes où ils sont inclus.
- Une mise à jour plus régulière des élèves accueillis, notamment pour adapter les moyens à l’afflux des des enfants migrants.
- Une vigilance à l’égard des écoles dites « orphelines », mais aussi des secteurs de collèges dont la population tend à évoluer dans la perspective de la mise à jour des REP en 2019.
- Des remplacements mieux assurés pour ne pas laisser les collègues en première ligne face aux parents et dans des conditions de sécurité dégradées.
La question des limites de seuils
Pour les questions de carte scolaire, le Sgen-CFDT a toujours été en faveur des mesures de discrimination positive : donner le plus à ceux qui ont le moins a toujours été au cœur de nos préoccupations. Nous sommes également conscients de la nécessité de faire preuve de pragmatisme et d’adaptation aux situations du terrain.
Cependant, les dernières mesures prononcées lors du CTSD de février ont suscité de vives réactions des collègues victimes de fermetures, et ce surtout lorsqu’elles ont été décidées sur la base d’un élève manquant au regard des seuils.
Par ailleurs, comment expliquer, que, dans une école accueillant des élèves relevant d’une ULIS, l’on ne tienne pas compte de l’inclusion de ces élèves dans les classes correspondant à leur niveau, (ou classe d’âge)? Que l’on ferme une classe alors même que les effectifs réels (hors ULIS) restent suffisants ?
La même réflexion s’impose s’agissant des écoles dotées d’une classe relevant du dispositif UPE2A ou pour des écoles qui doivent faire face à une arrivée massive de migrants en cours d’année, avec une augmentation significative de leurs effectifs.
Il y a certes, une personne en plus dans l’école, mais elle n’est plus au côté de l’élève, lorsqu’il/elle est inclus.e dans une classe.
Les conditions de travail des collègues qui accueillent des élèves en inclusion sont bel et bien modifiées : il faut en tenir compte!
Lisez la suite de nos remarques sur les sujets de carte scolaire et les réponses de M. Launay
d. Le Sgen-CFDT dénonce les injonctions ministérielles
Pour conclure l’entretien, nous revenons sur les conditions de travail des collègues, mises à mal par les dernières notes de service ministérielles : les fameuses « quatre priorités pour renforcer la maîtrise des fondamentaux » à mettre en pratique à la rentrée 2018. Plus largement, la question de la mise en œuvre des APC tout comme les contenus de la formation continue interrogent tous les collègues.
Nous rappelons nos exigences à M. le Directeur académique
- Le respecte de la liberté pédagogique, gage de l’adaptation des pratiques aux besoins du terrain.
- Une formation adaptée aux besoins des collègues.
- La mise en œuvre de l’accompagnement prévu par PPCR, dans un esprit constructif et bienveillant, pour instaurer un climat de confiance.
Lisez le détail de nos griefs et les réponses de M. Launay