Comme aux mois de juin 2019, 2022 et 2023, les fortes chaleurs qui s’installent dans l’hexagone peuvent avoir de graves répercussions sur la santé des personnels et des élèves dans les établissements scolaires (coup de chaleur, déshydratation...), notamment pour les plus fragiles d’entre nous.
🔥 Fortes chaleurs : un impact direct sur les écoles et les conditions de travail
Les vagues de chaleur extrême perturbent fortement le fonctionnement des écoles et établissements scolaires, avec des conséquences sur les apprentissages, les conditions de travail des personnels, et la santé des élèves.
📉 Une baisse des performances et des risques avérés
Les travaux de Pawel Wargocki, expert auprès des Nations Unies (2019), ont démontré une baisse significative des performances scolaires lorsque la température en classe augmente. Dès 30 à 33 °C, les conditions deviennent dangereuses pour la santé.
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) considère que la chaleur peut constituer un risque professionnel dès 30 °C pour un salarié sédentaire et 28 °C pour un poste impliquant une activité physique.
Chez les enfants, les seuils sont encore plus bas : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime leur température de confort en-dessous de 20 °C.
Des effets indirects peuvent aussi aggraver la situation : augmentation des pathologies respiratoires ou cardiovasculaires liées à la pollution, risques accrus pour les femmes enceintes, jeunes enfants, personnes âgées ou atteintes de certaines pathologies. Pourtant, aucune mesure spécifique n’est prévue pour ces publics au sein de l’Éducation nationale.
⚠️ Pas de seuil légal, mais des dispositifs d’alerte existent
À ce jour, aucun texte ne fixe de seuil réglementaire de température entraînant une fermeture obligatoire d’un établissement scolaire, quel que soit son type.
Même pour les mineurs en formation professionnelle, le Code du travail se contente de rappeler l’interdiction de les exposer à des températures extrêmes susceptibles de nuire à leur santé (article D. 4153-36 ).
Pour autant, l’article L. 4161-1 du code du travail mentionne bien les températures extrêmes comme risques professionnels, à analyser dans le cadre des formations spécialisées (F3SCT) en santé, sécurité et conditions de travail (décret 82-453, art. 64).
📝 Quels leviers d’action pour les personnels ?
✅ Signaler les situations anormales
En cas de chaleur excessive (≥30 °C dans les classes ou bureaux), plusieurs démarches sont possibles :
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Saisir la F3SCT, y compris en procédure d’urgence.
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Renseigner le Registre Santé Sécurité au Travail (RSST) pour signaler les dysfonctionnements.
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Utiliser le Registre de Danger Grave et Imminent (RDGI) dès lors que la température atteint ou dépasse 33 °C ou si des personnes à risque sont concernées.
Les difficultés rencontrées doivent également être inscrites dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP), dont la mise à jour est obligatoire chaque année.
🔒 Fermer l’établissement ?
Une fermeture partielle (par exemple, cours limités au matin) ou totale peut être demandée, notamment par les parents d’élèves ou les agents.
Mais cette décision relève exclusivement du maire ou du préfet, en lien avec les autorités académiques.
🚨 Droit d’alerte et de retrait : un levier à ne pas négliger
L’article 5-6 du décret 82-453 prévoit que tout agent peut, s’il estime qu’une situation présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, alerter immédiatement l’autorité compétente. Il peut également se retirer de cette situation, dans le respect de certaines conditions (ne pas mettre autrui en danger, par exemple).
Ce droit peut être exercé individuellement ou par un représentant du personnel via la F3SCT, avec consignation dans le RDGI (art. 67 du décret 2020-1427).
🛑 Attention : les agents responsables d’élèves (enseignant·e·s notamment) ne peuvent pas exercer le droit de retrait tant qu’ils ont la charge des élèves. Chaque situation est examinée au cas par cas par les juridictions compétentes.
🤝 Faites-vous conseiller et accompagner par votre syndicat !
Lorsqu’une situation devient intenable malgré les recommandations, signalez-la à votre hiérarchie (IEN, chef d’établissement, DASEN, recteur) et consignez-la par écrit dans les registres sécurité.
N’hésitez pas à adresser une copie aux services concernés : collectivité territoriale, médecins scolaires et du travail, inspecteurs santé-sécurité, formation spécialisée…
Les parents d’élèves peuvent également signaler des situations préoccupantes concernant leurs enfants.