Réforme du baccalauréat et du lycée : les préoccupations des chefs d’établissement

Le Sgen-CFDT a écrit, ce 3 octobre, au ministre Jean-Marie Blanquer pour faire part des préoccupations des proviseurs de lycée quant à la mise en oeuvre de la réforme du baccalauréat.

La lettre au ministre

Réforme du baccalauréat et du lycée

Paris, le 3 octobre 2018

Le Sgen-CFDT s’est opposé à la réforme du baccalauréat et du lycée que vous avez décidée de mettre en œuvre en vous éloignant des préconisations du rapport Mathiot.

Le rapport Mathiot ouvrait des perspectives qui nous semblaient intéressantes en termes de construction de parcours des élèves, d’organisation de la scolarité, de préparation à l’enseignement supérieur et, de simplification de l’examen.

La réforme du baccalauréat, nous l’avons souligné, va complexifier l’examen au lieu de le simplifier et va alourdir considérablement les tâches des personnels de direction.

Concernant la réforme du lycée, les personnels de direction sont confrontés à une réforme qui semble improvisée et qui ne permet pas de donner, d’une part aux élèves et à leurs familles une information cohérente et, d’autre part, aux équipes des lycées les éléments qui leur permettraient de la mettre en œuvre.

Les personnels de direction restent opposés à une réforme du lycée qui ne modifie pas en profondeur l’organisation et le fonctionnement du lycée. Les inégalités scolaires dont une grande partie est déterminée par l’origine sociale des élèves ne seront pas remises en cause et la hiérarchie entre la voie générale et la voie technologique est confortée et renforcée.

Les personnels de direction du Sgen-CFDT, en cadres responsables et vous représentant dans les lycées, feront néanmoins tous les efforts pour préparer la rentrée 2019 dans l’intérêt de leurs élèves, même si le contexte de la suppression de postes dans le secondaire ne permet pas de bénéficier d’un climat serein dans les lycées.

Il est cependant nécessaire que les personnels de direction puissent s’appuyer sur des certitudes afin de conduire la réflexion des équipes pour préparer la rentrée prochaine.

Il est indispensable que nous disposions :

– De l’assurance que la réforme ne fera pas baisser les dotations des établissements et ne se soldera pas par des fermetures de postes ;

– De la confirmation que les établissements ne peuvent pas construire préalablement au choix des parents des combinaisons de spécialités en classe de première et de terminale ;

– De programmes arrêtés pour tous les enseignements au lycée le plus tôt possible ;

– De textes clairs concernant le seuil minima d’effectifs des spécialités et la prise en compte les réalités pédagogiques des enseignements scientifiques expérimentaux (Physique-chimie et SVT) ;

– Des moyens horaires pour permettre d’absorber les effets de seuils et de respecter ainsi le choix des élèves

– De formations à la conception des emplois du temps complexes et à la répartition des structures

– De formations pour les professeurs principaux de 2nde qui doivent être capables d’accompagner les choix de spécialités des élèves ;

– De certitudes sur les enseignants qui pourront prendre en charge les nouvelles spécialités ainsi que l’enseignement du numérique en 2nde.

Il est également nécessaire, Monsieur le ministre, de reconnaître, les efforts que vont à nouveau devoir faire les personnels de direction pour cette réforme faite au pas de charge sans aucune visibilité (ni programme, ni moyens clairement posés à moins de 10 mois de la prochaine rentrée). C’est sur eux pourtant que reposent la gestion des équipes, la préparation de rentrée, l’information des parents et des élèves.

Veuillez recevoir, Monsieur le ministre, l’assurance de mes sincères salutations.