La revue de presse du Sgen-CFDT Alsace

Une sélection des articles les plus intéressants des deux dernières semaines dans le domaine de l'Education et du métier enseignant

1. Libé se paie Blanquer

A Matignon, le 25 octobre, lors de la présentation d’une feuille de route pour la réforme de l’apprentissage, la formation professionnelle et l’assurance chômage.Le vent médiatique serait-il en train de tourner ? Dans un dossier assez fourni, le quotidien Libération fait un portrait très critique du chouchou de Macron, le ministre de l’Education Nationale  Jean-Michel Blanquer, appelé « le donneur de leçons »… Laurent Joffrin, Philippe Meirieu et François Dubet donnent leur opinion, ce dernier insistant sur la « rupture profonde » que représente son projet pour l’Education Nationale : « Pour lui, la question principale est celle de l’efficacité du système scolaire. Elle passe avant la lutte contre les inégalités. Il est convaincu qu’en améliorant l’efficacité, cela permettra par la même occasion de lutter contre l’échec scolaire précoce, et donc contre les inégalités. Je ne pense pas qu’il ne prenne qu’une série de « mesurettes », comme certains pourraient le penser. Son projet est au contraire une rupture profonde. Si Blanquer va au bout de ce qu’il dit, c’est le cœur de l’institution scolaire qui en sera modifié. Il y aura un avant et un après Blanquer. Je pense notamment à la réforme du bac, que personne n’a réussi à mener jusqu’ici. »

2. Blanquer du côté obscur ?

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C’est la question que se pose l’Obs, dont une des éditorialistes (on n’ose pas dire « journaliste ») Carole Barjon avait pourtant pourfendu dans un livre ceux qu’elle appelait pas moins que « Les Assassins de l’école » qui seraient les responsables de toutes les difficultés de notre école : Meirieu, Dubet et consorts, les mêmes que Libé a interrogé donc…

Heureusement pour nous, L’Obs semble avoir donné plus de place à quelqu’un qui a l’immense mérite de connaître un peu mieux le monde de l’Education, Gurvan Le Guellec. Pour Celui-ci dépeint ainsi notre ministre : « Il semblait sincère, ouvert au débat, précis dans ses propos. Comme nous l’avaient dépeint ses interlocuteurs des académies de Guyane et de Créteil, où il avait sévi jadis comme recteur. Seule part d’ombre : cette animosité palpable à l’encontre du petit monde des chercheurs en sciences de l’éducation, coupables selon lui d’avoir généré des bataillons d’illettrés et désignés pour la peine sous le vocable infamant de « pédagogistes ». Cette part d’ombre aurait dû nous alerter. Griserie du pouvoir ? Retour du refoulé ? Le ministre de l’Education nationale fait de plus en plus penser à l’enfant de la planète Tatooine qui, se découvrant un superpouvoir au sabre laser, sombre inexorablement du côté obscur de la Force. En quelques mois, le technicien pragmatique, qui entendait sortir les questions éducatives des querelles idéologiques, s’est ainsi mué en machine politique. Contribuant allègrement à la culture du buzz qu’il dénonçait, et participant par là même à la caricature de sa propre pensée. »

3. Blanquer meilleur ministre de tous les temps ?

Le site satirique EducAktu nous fait une jolie satire du discours de notre cher ministre  : « Devant le congrès du MoDem, où il a été très applaudi, Jean-Michel Blanquer a estimé qu’il était « le meilleur ministre de l’Éducation nationale de tous les temps : « Certains ne comprennent pas le sens et la grandeur de notre action » a déploré le ministre de l’Éducation nationale. « Je prétends que jamais une action en matière d’éducation n’a été aussi pertinence ni aussi efficace, au moins depuis un siècle. Je prétends aussi que ce qui est en train d’être fait est de loin ce qui s’est fait de mieux en matière d’éducation nationale », a-t-il poursuivi devant des militants aux anges.

Bon ,en vrai, il a seulement dit mener la politique « la plus sociale » et « progressiste » depuis 20 ans (voir sur Le Lab d’Europe n°1)

 

4. « Monsieur Connard » : l’autodérision d’un prof face au non-verbal de ses collègues

Le site québécois « Ecole branchée » nous raconte l’immersion d’un de ses collaborarateurs – Marc-André Girard – dans le système éducatif français et sa rencontre avec un enseignant se surnommant lui-même « M Connard ». Extraits :

« En visite dans une école française, je me promène dans l’école tout en rencontrant divers intervenants, qu’ils soient des enseignants, des directions d’école ou des membres du personnel de soutien. Lors de ma promenade, j’entre au secrétariat pour saluer le personnel de direction et celui de soutien et quelque chose retient mon attention, au loin dans mon champ de vision : je m’arrête sec et je vois, à côté du nom sur le pigeonnier d’un enseignant, un surnom : Monsieur Connard.

Je m’esclaffe avec peu de retenue étant donné l’effet de surprise! Je ne peux m’empêcher d’aller à la rencontre de Monsieur Connard et de lui serrer la main, en me doutant que je pourrais rigoler avec lui. Une fois dans son local, immédiatement, je prends mes aises et nous nous présentons. Il se présente formellement; il a un prénom et un nom.

« Mais pourquoi Monsieur Connard ? »
« Longue histoire. Vous voulez vraiment la connaître? »
« Bien sûr! Pourquoi pas? »
« Très bien. Voici. »

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5. « Supprimons les notes »

Un quotidien suisse de référence – Le Temps– publie un article qui explique pourquoi il faut supprimer les notes. Origines sociales, sexe de l’élève, beauté ou laideur de l’élève, autant de facteurs dont les études scientifiques ont prouvé qu’elles influaient sur la note… « Les origines de l’imprécision de la notation sont multiples. En premier lieu et sans chercher l’exhaustivité, l’ordre de correction des copies influe grandement sur la note, rappelle Pierre Merle, auteur de l’essai L’école française et l’invention des notes, un éclairage historique sur les polémiques contemporaines. En effet, après une bonne copie, le correcteur aura tendance à noter plus sévèrement la suivante, et inversement.

Autre facteur d’influence: le physique de l’élève. Le sociologue Jean-François Amadieu rappelle à cet égard que la notation «à la tête du client» est plus répandue qu’on ne l’imagine. «Les enseignants partagent la croyance inconsciente que les enfants les plus séduisants seront aussi ceux qui réussissent le mieux leur scolarité. Cette conviction entraîne l’intérêt accru de l’enseignant pour l’élève considéré comme un «jeune à potentiel». De ce fait, les évaluations de son travail seront plutôt bienveillantes et il ne lui sera pas trop tenu rigueur de ses éventuels dérapages ou de son indiscipline.»

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6. Un deuxième professeur principal pour étouffer les ambitions des élèves les plus fragiles?

Un professeur s’interroge sur les contreparties de la nomination d’un deuxième Professeur Principal en Terminale… Est-ce pour aider à décourager les lycées fragiles de s’inscrire dans le supérieur ? (sur les blogs du Monde)

« Incorrigibles professeurs, le ministère fait un effort financier en ajoutant un deuxième professeur principal en terminale, et certains d’entre eux redoutent un coup fourré. Officiellement, l’élève sera beaucoup mieux accompagné, informé, et ainsi il n’aura pas de déconvenue. Son projet d’études affiné se concrétisera, et par exemple, il aura « accès à la licence de son choix », dit la brochure du ministère remise à tous les terminales. Pourquoi alors des professeurs sont-ils dubitatifs? La belle histoire cache-t-elle des arrière-pensées? Lorsqu’on pratique depuis des années l’éducation nationale, on sait qu’elle ne rase pas gratis, et si en période de disette budgétaire, elle se montre généreuse, c’est qu’elle attend une contrepartie. »

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7. Téléphone portable, l’interdiction avant l’éducation ?

LeQuotidien, un site d’actualité québécois s’interroge sur les décisions prises en France d’une interdiction pure et simple du smartphone en classe… « On a appris récemment que, dès septembre prochain, le ministre de l’Éducation de la France, Jean-Michel Blanquer, interdira l’utilisation des téléphones intelligents aux élèves dans les écoles primaires. Cette orientation, qui avait été annoncée lors de la campagne électorale du président Emmanuel Macron, est justifiée par les motifs suivants. D’une part, on prétend que l’interdiction permettra aux élèves d’être plus attentifs en classe et de s’amuser avec leurs camarades pendant les pauses, plutôt qu’avoir le nez dans un écran. D’autre part, on affirme que la prohibition des téléphones réduira la cyberintimidation. En dépit de bonnes intentions, il est malheureux de constater que le gouvernement français privilégie l’interdiction à l’éducation. » 

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Quant au journal LeMonde, il a la bonne idée de faire un tour du monde des pays où le téléphone a été interdit puis ré-autorisé (ou pas) ou bien de ceux qui hésitent à suivre l’exemple de la France.

 

8. Un documentaire à voir absolument : « de cendre et d’or, une odyssée musicale »

Une centaine d’enfants entre 8 et 12 ans, issus de trois écoles différentes de Limoges, montent un opéra. Deux ans de travail exigeant qui vont les changer profondément. Un documentaire sensible, plein d’énergie et d’humanité, à voir en replay sur France 3 Nouvelle Aquitaine.

Selon France Inter, « Des enfants qui chantent à l’école : le sujet est d’actualité ! C’est un hasard mais la diffusion de ce film tombe à pic, puisque le gouvernement tient à ce qu’il y ait des chorales dans les écoles. Voici un film magnifique, une pépite bourrée d’énergie et d’humanité qui va vous filer la banane en 52 minutes à peine »

Selon Philippe Watrelot, « ‘Jai entendu ce matin la présentation de ce documentaire par France Inter et j’ai pressenti que c’était vraiment un documentaire d’exception. J’ai eu les larmes aux yeux en permanence en regardant ce film (il faut dire que je suis un « pédagogiste bisounours »…). J’ai aimé les paroles de ces enfants, la force du projet, la bienveillance des adultes qui en sont en charge et qui ont su tirer le meilleur de ces gamins, j’ai aimé l’intensité de l’émotion artistique qu’ils ressentent… »

https://www.youtube.com/watch?time_continue=697&v=hWVS19Ig-yQ