Depuis Claude Allègre qui voulait "dégraisser la mammouth", l'Éducation nationale a, petit à petit, rongé les effectifs des services administratifs. Pour la rentrée 2023, encore, la dotation de notre académie est de -2 en EPLE et -3 sur la grande région académique pour les services déconcentrés.
La situation pour le rectorat de l’Académie de Strasbourg
Les services du Rectorat craquent
Les services au Rectorat tirent le signal d’alarme. Après le service de la Division des Examens (DEC), c’est au tour de la Division des Personnels Enseignants (DPE) de solliciter une médiation extérieure.
Le remplacement n’est pas anticipé par le rectorat
La situation est en effet devenue intenable pour les collègues de la DPE. Le nombre de portefeuilles à gérer s’élève de 600 à 900 selon les collègues et les disciplines sont parfois réaffectées d’un·e collègue à l’autre sans aucune concertation. Or, cette tension s’accroît encore avec la non-gestion des absences : une collègue en congé maternité suivi d’un congé parental, absente durant 9 mois, n’a été remplacée que 2 mois sur la période ! (Les congés de maternité ne peuvent pas s’anticiper, c’est bien connu…) La difficulté pour les collègues du service est bien évidemment de devoir se répartir les dossiers restés en souffrance durant 7 mois. Mais il y a plus ! Lorsqu’il y a enfin un remplaçant et que les collègues pensent pouvoir souffler, il s’agit d’un leurre. Le/la contractuel chargé du remplacement, n’est évidemment pas formé aux spécificités du service… Ce qui implique que les gestionnaires en place devront superviser le travail du nouveau venu, ce qui va à l’encontre d’un allègement de la charge de travail !
Ceci, sans compter la question des arrêts maladie, qui ne font l’objet d’aucun remplacement…
Et en plus, RenoiRH est arrivé…
Késako ? Il s’agit du nouveau système de gestion des personnels de l’Éducation Nationale. Sa mise en place oblige à transférer les dossiers et les paies de tous les enseignants et non-enseignants gérés par le rectorat de l’Académie de Strasbourg, soit 31 030 fichiers complets pour l’Académie de Strasbourg. Ce système oblige les agents de la DPE et de la DPAE, de janvier jusqu’au début du printemps, à faire une double saisie sur 2 systèmes de gestion (ancien et nouveau). Ce double travail a pour objectif de configurer les paramètres qui pourront accueillir tous les dossiers.
Imaginez ce travail, qui génère des heures supplémentaires (pour que les paies soient versées dans les temps !), un investissement considérable des agents de ces 2 services… et que l’on ne veut indemniser qu’à hauteur d’un complément indemnitaire annuel (CIA) !!! Les agents n’attendent pas une aumône, mais réclament à juste titre que soient rétribuées les heures supplémentaires et le temps passé.Et comme le compte n’y est pas (et de loin pas!), le Sgen-CFDT réclame des moyens supplémentaires pour les agents des rectorats, tant financiers qu’en force de travail (renforcement des équipes).
L’intégration des titulaires de concours n’est pas pensée
Cette problématique se retrouve encore lors de l’accueil de titulaires du concours, les fonctionnaires stagiaires. Les personnels expérimentés du services sont « invités » à accompagner leurs nouveaux collègues…gratuitement ! En effet, si la notion de tutorat est bien identifiée chez les enseignants, elle reste très floue pour les personnels administratifs. Les collègue qui s’occupent de former les nouveaux venus ne peuvent espérer une compensation financière que si le/la chef·fe de service en fait la demande. En attendant, ce tutorat – imposé, le plus souvent – se traduit en heures supplémentaires qui ne sont bien évidemment pas rémunérées !
Le Sgen-CFDT revendique l’allègement des tâches et une indemnisation financière des tuteurs. Il est juste que leur investissement qui contribue au bon fonctionnement du service et leur expertise soient reconnus.
Les gestionnaires de la DSDEN noyé·e·s sous la masse
À la DSDEN, les collègues qui s’occupent des portefeuilles des enseignants du 1er degré sont encore plus noyé·e·s sous le travail, puisque dans ce service le nombre de portefeuilles à gérer peut s’élever à 1200 par gestionnaire !
Alors, contre toute logique, les services RH recrutent des personnels de catégorie A. Ce qui n’a aucune incidence sur la masse de travail des gestionnaires en place. De fait, ces nouveaux, nouvelles venu·e·s sont souvent originaires d’autres ministères. Ils/Elles ne maîtrisent donc pas la spécificité de la gestion des carrières enseignantes. Certes, le Ministère a lancé une politique de « repyramidage » des catégories de personnels. L’objectif est de réduire le nombre de personnels administratifs en catégorie C au bénéfice des catégories A et B. Mais en ce cas, commençons par revaloriser le statut des personnels déjà en place et qui assurent déjà des fonctions relevant de catégories supérieures !
Pour aller plus loin
CTMN de décembre 2022 : gestion de la pénurie
RenoiRH : question de timing, mais aussi de justice salariale
Rapport social Unique 2020-21 : les chiffres clés de l’académie
Agenda social : à quoi faut-il s’attendre en 2023 ?