Académie de Strasbourg : la crise est profonde !

Lors de notre conférence de presse, puis en conseil syndical, nous avons dressé un bilan sombre et inquiétant de la situation sociale et éducative dans l'Académie de Strasbourg. En voici les principaux points, largement inspirés de l'article paru dans les DNA et l'Alsace (lien ci-dessous).

criseL’Éducation nationale doit sortir de sa bulle, elle agit comme si rien ne s’était rien passé dans ce pays. La crise est profonde… »

Un seul motif de satisfaction pour la rentrée 2022 : on n’a plus de masques…

« Seul motif de satisfaction du Sgen CFDT Alsace en cette rentrée scolaire : « L’absence, pour l’instant, de contraintes sanitaires. » Mais nous nous inquiétons déjà d’un  « contexte socio-économique très dégradé » et des conséquences tant sur les familles « les plus démunies » que sur les personnels, sans oublier « les effets néfastes de la période Covid sur les compétences scolaires ». D’autant plus, estime le secrétaire général Laurent Gomez, « que l’Éducation nationale n’est pas en capacité de prendre en compte ces difficultés, tout est à flux tendu. » Et Chloé Muller de rappeler le manque d’encadrement socio-éducatif et sanitaire, d’assistants sociaux, de médecins, d’infirmiers, de psy-En (psychologues spécialistes de l’orientation) et de réseaux d’aides spécialisées (Rased) permettant des accompagnements au cas par cas. « Sans relais, les chefs d’établissement et directeurs d’école doivent tout gérer, ce n’est pas leur fonction et ce n’est pas notre conception de l’école.
Cependant, le nombre de cas de Covid ne cessent d’augmenter dans l’Académie de Strasbourg et le ministère de la santé communique de rester très prudent. La crise sanitaire n’est peut-être pas tout à fait derrière-nous…

Une crise de recrutement d’enseignant⋅e⋅s aussi dans l’Académie de Strasbourg

S’y ajoute « la pénurie d’enseignants ». « Les titulaires remplaçants sont tous en poste, la liste complémentaire des stagiaires est déjà épuisée. Les directeurs ne peuvent plus prendre de jour de décharge. Qu’est-ce que ça va être au moment des pics de maladies saisonnières ? », s’interroge François Friedelmeyer. « L’Éducation nationale a recours aux contractuels, non plus pour ne pas ouvrir de postes, mais parce qu’elle n’a plus le choix. Cela fait longtemps qu’on tire la sonnette d’alarme ! » Quant aux effectifs, ils sont toujours « très chargés, même dans les dispositifs privilégiés ». Les classes dédoublées dans l’éducation prioritaire sont à 16 ou 17 élèves au lieu de 12, et au-delà de 24 ailleurs dans le premier degré. En collège, les effectifs dépassent les 30 et en lycée, les « intéressantes » spécialités sont préparées dans des groupes très variables jusqu’à 37 élèves « pour un examen à coefficient 16 au bac, c’est très compliqué ».
Ce n’est donc pas tant le recours aux contractuel⋅e⋅s qui pose problème : l’Éducation Nationale y a toujours recouru et ils peuvent être de très bon⋅ne⋅s enseignant⋅e⋅s ! Par contre, on les recrute maintenant car on n’arrive même plus à recruter des titulaires ! L’Université de Strasbourg comptera bientôt plus de contractuel⋅le⋅s que de titulaires, le statut de fonctionnaire n’étant plus considéré comme attractif. Quant aux services centraux, le turn over y est extrêmement important (voir ci-dessous).

Une inclusion bienvenue, mais toujours très compliquée à mettre en œuvre !

Selon Patricia Gonzalez, l’État ne se donne pas les moyens de mettre en œuvre la loi de 2005 sur l’inclusion des élèves handicapés. L’ouverture de places en Ulis (unités localisées pour l’inclusion scolaire) et l’embauche d’AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap), annoncées à la rentrée, ne suffisent pas pour le Sgen-CFDT. En outre, relève Laurent Gomez, « l’académie ne respecte pas l’obligation de compter les Ulis dans les effectifs, ce qui peut impliquer des fermetures ou des non-ouvertures de classes ». « Nous sommes pour que l’inclusion se fasse, mais dans des classes surchargées, autant dire qu’elle ne se fait pas », le tout générant « beaucoup de mal-être » pour les AESH mal rémunérés, les enseignants sans aide, les parents « désespérés » et les enfants eux-mêmes…
Nous continuerons donc à réclamer que le rectorat respecte la loi, même si cela semble désespérant, et désespère les collègues qui voudraient tant inclure ces élèves dans les meilleures conditions qui soient !

La crise au rectorat : des personnels administratifs en grande souffrance !

Enfin, prolonge Frédéric Reysz, les personnels administratifs sont « partout en souffrance, des services centraux du rectorat aux directions départementales ». « Il y a de plus en plus de turn-over, des postes vacants, dans des conditions et avec une charge de travail encore pire… », avec « un énorme impact sur le fonctionnement des services ».
De quoi s’attendre à des retards dans le paiement des contractuels et des nouveaux entrants, dans la prise en compte des affectations, des promotions, des attestations notamment de fin de droits pour s’inscrire à Pôle emploi…
Cela fait des années que le Sgen-CFDT Alsace alerte sur la crise qui couve au rectorat, et la situation empire encore…

Des évaluations d’école qui ne doivent pas se tenir maintenant !

C’est dans ce contexte de crise qu’il est prévu d’évaluer les établissements scolaires. « Ce pourrait être intéressant pour les politiques publiques, mais il faut du temps, des explications, le moment est très mal choisi ! », regrette le Sgen-CFDT. «
Le Sgen-CFDT Alsace réclame à ce sujet que du temps soit donné aux équipes et que le rectorat tienne enfin des propos clairs sur le dispositif et les modalités prévues. Les professeur⋅e⋅s des écoles sont anxieux et doivent être rassurés, d’autant que leurs responsables se contredisent dans leur communications…

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