Reçu en audience à l'ESPE de Strasbourg, le Sgen-CFDT Alsace a alerté ses dirigeants sur le contenu d'une formation initiale des stagiaires trop peu didactique, un accompagnement insuffisant, et une charge de travail trop déséquilibrée sur l'année.
Le Sgen-CFDT Alsace rencontre la direction de l’ESPE
Cet entretien avec les directeurs de l’ESPE P. Clermont et E. Tisserand a eu lieu le mardi 20 juin 2017. Il fait suite à notre enquête sur les conditions de travail des stagiaires du premier et du second degré réalisée à l’ESPE de Strasbourg fin janvier/début février auprès d’une centaine de stagiaires (50 pour le premier degré et 50 pour le second). Nous avons pu y exposer les huit points problématiques concernant la formation initiale des enseignants qui sont ressortis dans l’enquête.
1) La titularisation
La titularisation se fait à partir de 4 avis : celui de l’ESPE, celui du chef d’établissement, celui du tuteur et celui de l’inspecteur. Dès qu’il y a un avis négatif, le jury convoque le stagiaire pour un entretien.
A noter, la visite d’un inspecteur est une spécificité de l’académie. Celle-ci s’avère souvent prépondérante.
2) La charge de travail
La formation initiale a le mérite d’exister mais son organisation doit être revue.
La charge de travail a été réduite la deuxième année. La maquette de formation a été revue et réduite en volume horaire. Les stagiaires ont droit à l’intégralité des vacances scolaires. Mais les formations sont concentrées entre octobre et février. Le mois de septembre est consacré à l’établissement. Cette concentration peut entraîner une surcharge de travail sur cette période. D’autant qu’il faut ajouter la charge de travail due au mémoire. Ce mémoire est parfois vu comme apportant peu à la formation. Il y a aussi un décalage entre les besoins et les apports. Certaines formations arrivent trop tard mais l’ESPE ne veut pas non plus trop chargé le début d’année. Un compromis difficile à trouver.
3) La formation après le master
Tous les acteurs partagent l’avis que le master ne peut pas tout, le continuum s’impose. Dans le premier degré, un suivi est prévu en T1 (néo titulaires) mais pas dans le second degré. Un complément de formation serait prévu en T3 dans le 2nd degré mais la question des moyens se posent. A priori 12h (deux fois six heures) seraient prévues sur public désigné. Cette formation pourrait ne pas apparaître au PAF (plan académique de formation).
Comme pour toute formation, il faudra tenir compte du positionnement des stagiaires et rajouter de la didactique dans certaines disciplines moins sélectives au CAPES.
Un problème de didactique peut entraîner un problème de gestion de classe.
Enfin une formation « conseil de cycle » interdegré est prévue.
4) La question du binôme dans le premier degré
Il arrive que le binôme ne facilite pas le travail du stagiaire. Il peut faire office de tuteur bis et place alors le stagiaire dans une situation inconfortable, soumis à des injonctions contradictoires.
5) Le rythme de travail
Dans le second degré, la stagiaire est 3 jours par semaine dans son établissement pour faire 9h de cours et 2 jours à l’ESPE en formation.
Ce n’est pas possible dans le premier degré. Le temps devant élève (14h) est plus élevé et le temps de préparation peut être plus important dû à la pluridisciplinarité. Dans les faits, les stagiaires du 1er degré n’ont que le mercredi après-midi de libre dans la semaine.
6) L’accompagnement des stagiaires du premier degré
Le tuteur n’est pas dans le même établissement contrairement au second degré. Cela rajoute une difficulté quand la stagiaire a une question de dernière minute. Il faudrait réfléchir à une action complémentaire du directeur d’école et du binôme à celle du tuteur. L’an prochain, le nombre de visites dans le 67 du tuteur passent à 5 au lieu de 3 cette année. Il n’y a pas de « tuteur ESPE ». On manque de PEMF (Professeur des Ecoles Maître Formateur) dans le premier degré.
Les stagiaires du premier degré peuvent être en difficulté par rapport aux fiches de préparation demandées et au cahier journal. Il devrait être possible d’envisager une entrée progressive dans ces problématiques. Les stagiaires doivent être outillés par rapport aux attentes de l’institution. Le cahier journal est un outil réflexif et non un outil de vérification. Une réflexion devrait pouvoir être entamée à ce sujet.
L’outil WIKI est une plateforme de dépôts de documents utilisé uniquement dans le premier degré. L’outil est intéressant mais il faut veiller à ce qu’il ne se transforme pas en outil de coercition. Le stagiaire a-t-il bien tenu compte des conseils donnés précédemment ?
Au niveau de l’encadrement des stagiaires du premier degré, il faudrait mettre en place des équipes plurielles plus restreintes pour un meilleur suivi. L’encadrement actuel est pléthorique et diffus.
7) Une nouvelle maquette de formation initiale
Il y a une grande disparité au niveau de nature même des stagiaires en fonction de leur provenance et des différents masters. Il est difficile de prévoir une formation initiale adaptée à tous les profils.
Il est prévu de réinjecter de l’approfondissement didactique et de travailler sur la gestion de classe à la rentrée 2018. En particulier moins de philosophie (8h seulement) dans le premier degré et davantage de mathématiques.
Un équilibre est à trouver dans l’offre de formation. On ne peut pas se contenter de « recettes de cuisine ».
La nouvelle maquette mettra l’accent sur l’accrochage professionnel notamment des stagiaires du 1er degré. Cela va demander un effort particulier de la part des formateurs pour avoir une approche commune et éviter la dispersion.
8) La place du concours et la fusion avec les Sciences de l’Education
Concernant la place du concours, personne n’est d’accord. Soit en fin de L3, soit en fin de M2. Il semblerait que rien ne change et que le concours demeure en fin de M1.
Concernant la fusion avec les Sciences de l’Education, il n’y a pas d’incidence sauf sur la recherche (on supprime la mention pratique et ingénierie de la formation.). Il y aura une ouverture de la L3 Sciences de l’Education dès la première année à Strasbourg. Il n’est pas nécessaire de choisir cette licence pour le concours de professeur des écoles. C’est bien de maintenir une diversité de recrutement.
De grandes différences entre le premier et le second degré
Les conditions de travail des stagiaires sont donc très différentes entre le premier et le second degré au vu de la différence de charge de travail induit par les horaires hebdomadaires de présence à l’ESPE et en classe.
De même, hormis la qualité de l’apport ressenti par les cours dispensé à l’ESPE en fonction de son parcours universitaire, la différence d’accompagnement par les tuteurs entre le premier et le second degré impacte sur la réalité quotidienne vécu par les stagiaires. Un accompagnement présentiel, tel qu’il est possible dans le secondaire grâce à la présence du tuteur dans le même établissement, ne permet une qualité d’échanges et de relations de la même teneur que pour un accompagnement distanciel car le tuteur exerce dans une autre école.
En CTA, le Sgen-CFDT obtient des avancées
Le Sgen-CFDT est intervenu en CTA (Comité Technique Académique) du mardi 27 juin pour obtenir des avancées concernant la formation des nouveaux titulaires. Il y aura bien une formation au PAF sur public désigné l’année prochaine pour les T3 du second degré (12 heures)
D’autre part, le SGEN CFDT rencontrera Mme La Rectrice en septembre 2017 et lui présentera notre enquête sur la formation initiale et les conditions de travail des enseignants stagiaires.