Non Jean-Michel Blanquer, nous n’avons pas confiance !

Des milliers d'enseignants, d'administratifs et de parents d'élèves ont manifesté dans toute la France pour exprimer leur manque de confiance envers le ministre de l'Education Nationale. Dans l'académie de Strasbourg, ils étaient 1500 à marcher dans les rues de Strasbourg, Mulhouse et Sarre-Union.

La confiance se construit, elle ne se décrète pas par une loi !

 

confianceDans les rues de Strasbourg, mais aussi de Mulhouse et de Sarre-Union, les professeur⋅es ont répondu présent⋅es, à l’appel d’une large intersyndicale dont le mot d’ordre était « non, Jean-Michel Blanquer, vous n’avez pas notre confiance« . Car une chose est claire : Jean-Michel Blanquer aura beau répéter comme le serpent Kaa du livre de la jungle « Aie confiance », celle-ci n’est pas au rendez-vous !

Car la confiance ne se décrète pas, elle se construit !

La confiance s’établit grâce à un dialogue social et constructif, par un respect de tous les jours malgré les avis différents qui peuvent s’exprimer, par l’écoute et la reprise de certaines des propositions des corps intermédiaires. Or depuis le début de ce quinquennat, Jean-Michel Blanquer gouverne seul, envers et contre tous ceux qui représentent les personnels de l’Éducation nationale. Il impose sa vérité sans tenir compte d’aucune critique. Les fameux « bobards » qui se répandent comme une traînée de poudre et que nous ne partageons pas, ne sont cependant que la conséquence de la défiance qui s’est installée durablement entre le ministre et le corps enseignant et administratif.

L’article des Dernières Nouvelles d’Alsace sur la manifestation du 30 mars

A Strasbourg, un cortège fourni

confianceEnseignants, parents d’élèves et élèves ont manifesté hier à Strasbourg contre la réforme scolaire du ministre Jean-Michel Blanquer dans une ambiance bon enfant.

« Est-ce qu’il faudra trier sur les notes ? »

Nathalie Burgard est enseignante dans le premier degré et militante CFDT. « Nous avons des inquiétudes au niveau de l’école en raison du projet de regroupement des écoles et collèges et la suppression de postes de directeurs ou directrices d’école. La réforme du lycée est aussi inquiétante dans sa mise en œuvre, avec une augmentation des effectifs d’élèves et une diminution des dotations. On a ainsi 35 élèves par classe au lycée ce qui rend les cours très difficiles. » L’autre pan de la réforme qui fâche tout le monde, c’est le choix des spécialités à faire à partir de la seconde. À côté du tronc commun dont les mathématiques ont été extraites, les lycéens en seconde doivent choisir trois options (deux en terminale). « Ces spécialités ne sont pas accessibles à tous les lycéens, reprend Nathalie Burgard. Est-ce qu’il faudra trier sur les notes ? »
Ce problème est particulièrement marqué dans les territoires ruraux, comme le font remarquer deux enseignantes du lycée Adrien-Zeller à Bouxwiller. « Dans notre établissement, nous n’avons pas toutes les spécialités. Normalement, les collégiens de La Walck sont censés venir au lycée chez nous. Mais cette année, beaucoup ont préféré aller au lycée de Haguenau, où il y a plus d’options. À terme, on craint la disparition de notre établissement. » Les enseignants d’options craignent aussi de devoir tourner dans plusieurs établissements pour remplir leur quota d’heures.
« Les lycées ne sont plus égaux »
Lara et Lucie ont toutes les deux 16 ans et sont en classe de seconde au lycée de Bouxwiller. La première voudrait faire des études de médecine ou d’infirmière, la seconde veut devenir ergothérapeute. Elles essuient les premiers plâtres de la réforme. « On sait qu’on doit faire des études scientifiques, relève Lara. Mais à Bouxwiller on ne peut pas faire les options sciences de l’ingénieur ou disciplines
artistiques ou encore sports. Pour faire ça, il faut aller à Saverne, Haguenau ou Strasbourg. » Lucie complète : « Les lycées ne sont plus égaux. On ne sait pas quelles options il faut prendre pour ne pas se fermer des portes dans l’enseignement supérieur. Et en plus, les options ne compteront que dans le contrôle continu. » « D’autres options vont être très difficiles à suivre pour certains élèves, selon l’endroit où ils habitent, note Séverine Mangin, du Syndicat national des collèges et lycées indépendants. Par exemple, le latin ne sera accessible que dans huit lycées publics sur les 45 que compte l’Alsace. Idem pour la littérature en langue étrangère qui est aussi une spécialité rare. »
Toutes les personnes interrogées dans la manifestation ont insisté sur l’inégalité de territoire mais aussi socio-économique induite par la réforme. « Ceux qui ont les moyens pourront aller en internat dans un lycée qui leur offre ce qu’ils cherchent.
Les autres devront se contenter des options proposées dans leur établissement de proximité » résume une enseignante de Bouxwiller.

100 manifestants à Sarre-Union pour dénoncer des fermetures de classes dans les écoles rurales

À Sarre-Union, une centaine de manifestants – enseignants, élus et parents d’élèves – étaient mobilisés à la fois contre la loi Blanquer en général et pour dénoncer des fermetures de classes dans les écoles rurales d’Alsace Bossue. D’après eux, sept classes seraient menacées de fermeture à la rentrée prochaine à Sarre-Union, Herbitzheim, Sarrewerden et dans quatre regroupements pédagogiques intercommunaux. Parmi les élus, le maire de Bissert, Francis Schorung, demande que « les seuils de fermeture des classes soient revus à la baisse en secteur rural ».

À Mulhouse : le « jeu de quilles de l’éducation »

Comme dans les autres villes françaises, il y avait une journée d’action mulhousienne pour la défense de l’école. L’intersyndicale de l’éducation (FSU, SNUipp, UNSA-Education, SGEN-CFDT) et les parents d’élèves se sont retrouvés
place des Victoires à Mulhouse. Au programme quelques slogans bien huilés pour dire non à la loi Blanquer, des distributions de tracts et une signature de pétition. Pour les plus joueurs, les manifestants avaient préparé un jeu de quilles… des quilles sur lesquelles on pouvait lire « Classe à 24 élèves », « Égalité des chances », « Salaire des profs décents »… et une boule symbolisant Blanquer et lancée pour faire tomber le maximum de quilles. Les idées ne manquaient pas pour
sensibiliser le grand public sur les enjeux ou plutôt les risques de cette loi Blanquer. La trentaine de manifestants ont occupé l’espace public une bonne partie de la journée

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Après le 30 mars, comment rétablir la confiance ?

Catherine Nave-Bekhti a avancé quelques pistes en répondant au Café Pédagogique :

« Pour nous l’idéal c’est un nouveau projet de loi », nous a dit Catherine Nave Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, rencontrée dans la manifestation. « A ce jour les EPSF n’ont pas fait l’objet de dialogue social. Dans la 1ère rédaction du projet et les propos des parlementaires En Marche il y a une inquiétude sur le devenir des directeurs d’école des différents sites composant les EPSF. Sous la pression, on commence à avoir des propos rassurants. Mais on est encore dans le flou. Il faut une clarification rapide sur le temps de travail des directeurs. L’EPSF comme il est actuellement est purement gestionnaire. Or toutes les études montrent que la qualité de la liaison école collège ne repose pas sur une structure administrative. Pour nous on ne peut pas l’imposer. Le ministre commence à dire que les professeurs seront consultés mais ce n’est pas dans le projet de loi ».

Pour ce qui est de la réforme du lycée, il faut à tout prix éviter une catastrophe industrielle en décidant soit d’abonder les DHG de manière à pouvoir faire les groupes de spécialités nécessaires, soit décider du report de la réforme et d’une rediscussion complète avec les syndicats.

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