Avec le Grenelle, des fiches de paie qui n’évolueront qu’à la marge

Les annonces de JM Blanquer lors de la conclusion du Grenelle de l’Éducation vont engendrer beaucoup d'insatisfaction, voire d'amertume chez les personnels : pas de revalorisation globale, pas d'évolution indiciaire, mais des mesurettes qui ne toucheront pas tout le monde et dont voici un résumé.

Un Grenelle de l’Education qui satisfera bien peu de personnels

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Depuis des semaines et des mois (plusieurs années même…), la réalité de nos conditions de travail et tout ce que nous avons enduré (mépris, non-reconnaissance, injonctions scandaleuses, management outrancier… on pourrait continuer la liste…) expliqueront certaines réactions de dépit des collègues face au Grenelle de l’Éducation… Tous les mois, en bas de la fiche de paye, les choses bougent peu (voir notre article : Salaire des enseignants et des CPE : quelle augmentation en 2021 ? Quelles primes ?).

Nous n’oublions pas la longue période de disette avec le gel du point d’indice qui a provoqué une lente et durable baisse du pouvoir d’achat des personnels de l’Éducation Nationale.

Une enveloppe de 700 millions d’euros

Revenons-en au fond, c’est-à-dire aux « annonces » du Grenelle de ce jour : il y a donc 700 millions d’euros sur la table pour 2022… c’est donc plus que l’enveloppe initialement prévue… Par contre, il n’y aura pas une loi de programmation pluriannuelle, c’est aussi officiel.
Mais avec 700 millions d’euros pour une année civile et plus d’un million de personnels, il y aura forcément des heureux et des déçus… que nous ne connaîtrons pas avant l’été :  « Il est difficile pour nous de nous prononcer sur des revalorisations dont nous ne connaissons pas les contours définitifs », reconnaît Catherine Nave-Bekhti, notre secrétaire générale à la Fédération des SGEN-CFDT.

Une revalorisation de TOUS les personnels coûterait plusieurs dizaines de milliards d’euros en une seule année… ce n’est clairement pas l’enveloppe disponible pour 2022… ni le projet du gouvernement (ni des précédents).

Il y aura donc les « gagnants » et les « perdants » de 2022…

Des primes qui devraient augmenter pour certains personnels

Les entrants dans le métier seront à nouveau les « gagnants » de la revalorisation 2022 avec la prime d’attractivité augmentée (objectif d’ici 2025 : aucun prof à moins de 2000€/mois).
Les directeurs et directrices d’école devraient voir leur prime de 450 € annuels pérennisée et augmentée (attendons de voir les contreparties pédagogiques les concernant car les priorités aux fondamentaux sont au cœur de leurs futures missions rénovées).
La prime informatique est maintenue à 150€/an.

Une participation à la complémentaire santé

Le principe d’une participation de l’État au financement de la complémentaire santé des personnels est acté avec un premier montant de 15 € par mois en 2022 qui devrait augmenter par la suite. Ceci n’est cependant pas le résultat du Grenelle, mais des négociations au ministère de la Fonction Publique pour lesquelles la CFDT Fonctions Publiques a beaucoup œuvré.

Des promotions à la Hors-Classe et à la Classe Exceptionnelle augmentées ?

A partir de l’échelon 8 ou 9 (ce n’est pas encore tranché), il y aurait une augmentation des promotions à la Hors-Classe et l’élargissement des viviers de la Classe Exceptionnelle.
Est-ce une revalorisation ? Oui diront certain·e·s puisque le salaire augmente ! Non diront d’autres car cela ne concerne pas tout le monde. Ces collègues à partir de l’échelon 8 sont celles et ceux qui n’auront connu aucune revalorisation depuis leur début de carrière…

Combien pour les AED, les AESH et les personnels de santé ?

Le Sgen-CFDT a insisté sur la « priorité » à donner aux autres catégories de personnels, toutes éprouvées par la crise sanitaire. Il s’agit des assistants d’éducation et des personnels accompagnants pour les élèves handicapés (AESH), mais aussi des médecins scolaires et des infirmières, en première ligne face au dépistage du Covid à l’école et déclassés sur le plan salarial.
« Pour les personnels de santé scolaire, on ne sait pas encore si le ministère envisage une prime ponctuelle pour participation à la gestion de crise, ou s’il compte engager une revalorisation, indique Catherine Nave-Bekhti. Mais de toute façon, leur situation est tellement grave qu’il ne suffira pas d’une année pour tout rattraper. »

grenelleMais l’abandon d’un plan de revalorisation ambitieux et pluriannuel

Le principal problème de ces annonces, mais on s’y attendait, c’est qu’elles actent la fin du projet de revalorisation pluriannuel des personnels ; il n’y aura donc pas de rattrapage des années de gel du point d’indice et de la chute du pouvoir d’achat des personnels de l’Éducation Nationale. Cela va générer une nouvelle fois une grande amertume.
Pour que le chantier engagé en 2021 soit mené à bien, il nécessitera un engagement pluriannuel de l’État qui aille au-delà de la prochaine échéance électorale et qui soit basé au moins en partie sur une évolution indiciaire des fiches de paie, soit par l’augmentation  du nombre de points d’indice alloué à chaque échelon, soit, rêvons un peu, par une revalorisation du point d’indice.

Quelles autres mesures ont été annoncées ?

Si on est loin d’une transformation systémique, quelques mesures nouvelles – ou recyclées de dispositifs existants – ont été annoncées par Jean-Michel Blanquer lors de la conclusion du Grenelle :
  • Le lancement de « Préau », un organisme proposant de l’offre culturelle et de logement, sorte de comité d’entreprise du service public d’éducation.

  • L’amélioration du remplacement lors d’une absence de courte durée, ou l’engagement à une meilleure communication avec les ressources humaines qui ressemblent fort à une généralisation de pratiques existantes.

  • La possibilité pour les enseignants de « prendre des responsabilités ». Mais cela sera-t-il conçu comme une contrepartie à la revalorisation salariale ? Pour le Sgen-CFDT, il n’en est pas question !

Quelle sera l’attitude du Sgen-CFDT dans les négociations qui s’ouvrent ?

grenelleAlors, on fait quoi maintenant ? On ne peut pas choisir notre interlocuteur pour les négociations qui vont s’ouvrir… cela sera bien Blanquer… et Bercy derrière son épaule. Faire la politique de la chaise vide et laisser les autres décider des choix budgétaires à notre place ? Le Sgen-CFDT vous répond clairement dès à présent que nous participerons aux négociations car nous ne souhaitons pas subir des choix qui ne sont pas les nôtres et nous voulons nous faire entendre.
Affaire à suivre donc…

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