J-M Blanquer ne cesse de (dés)informer les parents et les élèves dans les grands médias nationaux : sa réforme est formidable, les élèves ont une immense liberté pour choisir leurs spécialités de Première et ils pourront même en changer en Terminale. Le Sgen-CFDT Alsace vous dévoile la réalité crue.
Cette réalité vient directement du ministère puisque le 6 mars 2019, le ministre de l’Education nationale adresse une note de service aux recteurs sur le traitement des choix des enseignements de spécialité. Enfin, pense-t-on, le ministère va expliquer comment opérer cette quadrature du cercle : respecter les choix de chaque famille avec des moyens qui ne permettent que d’ouvrir des groupes de spécialité de 35 élèves…. Respecter les choix de chaque famille alors que dans les faits le nombre de combinaisons qu’il est possible de mettre en place pour des raisons matérielles est bien plus réduit que le nombre théorique…
Espoir naïf : la note de service ne permet pas de sortir de cette aporie
Un choix des enseignements de spécialités garanti pour les familles …
Cette note de service rappelle tout d’abord, à juste titre, que « le choix des enseignements de spécialité de première générale […] incombe aux parents de l’élève ou à l’élève majeur, éclairés par le dialogue avec les membres de l’équipe éducative et par l’avis du conseil de classe ». Rien de nouveau ici par rapport à ce qu’on savait déjà .
…impossible à respecter dans les faits !
Mais, le texte le reconnaît : « Dans certaines situations qui doivent rester exceptionnelles, il peut s’avérer impossible de satisfaire le choix des élèves au sein de l’établissement ». Compte tenu des moyens accordés aux lycées, on peut largement douter du caractère exceptionnel de ces situations !
Qui sera le 36ème élève ?
Alors, comment donc désigner le 36e élève qui verra son vœu numéraire ?
« Les élèves sont départagés selon les recommandations du conseil de classe et les notes de l’élève en lien avec les enseignements de spécialité demandés. Lorsqu’une décision de refus est opposée à l’élève, elle doit être motivée sur labase de ces critères». Il va donc falloir inventer des critères très fins pour trancher entre Sarah qui a 11,2/20 et Jonathan qui a 11,3/20 …
Ensuite, quand l’établissement refuse (ah bon ? Mais on a lu que c’était un choix ?) un enseignement de spécialité à un élève, il doit proposer un autre enseignement de spécialité : le 4ème vœu dans le meilleur des cas ou un enseignement de spécialité qui n’est pas dans les vœux. Ou un enseignement de spécialité dans un lycée voisin (encore un mirage très difficilement faisable) ou … le CNED !
L’élève peut demander à changer d’établissement pour suivre un enseignement de spécialité non-dispensé dans son lycée. Mais pas parce qu’il est le 36e, semble-t-il …
On attend encore des précisions puisque le texte précise en gras : « Au niveau académique, il est indispensable de communiquer précisément et largement toutes les modalités de la procédure mise en place ». Effectivement !
Bref, voici un bel exercice d’équilibriste : comment, page 1, affirmer un droit et, page 3, faire en sorte qu’il ne soit pas respecté. Autrement dit, comment inventer des usines à gaz infaisables faute de moyens et laisser les subordonnés (chefs d’établissement, enseignants) s’en débrouiller…
On sait déjà par ailleurs que contrairement à ce que le ministre affirme partout, il y aura bien des menus imposés dans chaque établissement. Toutes les combinaisons de spécialités ne seront pas possibles tout simplement parce que cela serait ingérable, particulièrement en période de baisse des moyens ! C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé très clairement l’insepecteur chargé de l’orientation aux Professeurs Principaux de troisième et de Seconde réunis ces derniers jours pour préparer la prochaine campagne d’orientation de fin de 3e et de fin de Seconde alors que le plus grand flou persiste donc…
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