Alors que Michel Lussault vient de démissionner du Conseil Supérieur des Programmes (CSP), une instance indépendante créée par la loi sur la Refondation de l'Ecole (2013), le Sgen-CFDT s'inquiète des rumeurs courant sur sa suppression ou de la nomination d'un réactionnaire avéré à sa tête...
Le Conseil Supérieur des Programmes a fourni un travail considérable
Pour le Sgen-CFDT, l’éducation est un sujet trop sérieux pour qu’on le traite avec mépris voire avec violence. Il est inacceptable de remettre en cause d’un revers de la main le travail considérable qui a abouti en 2015 à l’écriture des programmes sans qu’aucune évaluation n’ait été faite. Il est inacceptable de laisser croire que celles et ceux qui ont élaboré les nouveaux programmes, que celles et ceux qui les mettent en œuvre n’ont pas pour objectif que les élèves sachent lire, écrire, compter et respecter autrui à la sortie de l’école. Ces objectifs sont la trame même des programmes. Mais le ministre semble oublier qu’ils visent aussi l’émancipation de chacun.e et la rupture avec les déterminismes sociaux.
Nous n’acceptons donc pas les attaques ad hominem de Jean-Michel Blanquer sur Michel Lussault « Le président du Conseil supérieur des programmes a démissionné, il l’a fait en des termes qui lui appartiennent… Que je lui renvoie… Qui, à mes yeux, font qu’il n’était pas digne d’exercer cette fonction… » (voir la vidéo sur LCP)
Nous trouvons très déplacé que le ministre se permette de donner son avis personnel sur ce que devraient être ou ne pas être le programme de CP ou l’enseignement de la littérature. Ce n’est pas à une seule personne que doit revenir la rédaction des programmes.
Après la rentrée en musique ou les évaluations (ratées) de CP, cela commence à faire beaucoup de décisions arbitraires, venant d’en haut. Une bonne gouvernance doit s’éloigner de ces pratiques.
La démocratisation et l’indépendance du CSP ne sont pas négociables
L’objectif de démocratisation n’est pas négociable, il nous oblige toutes et tous. L’élaboration des programmes par une instance indépendante, transparente et dégagée de toutes les polémiques idéologiques, doit être maintenue.
C’est l’honneur d’une démocratie, héritière du siècle des lumières, que de ne pas laisser l’écriture des programmes à la main d’un seul ministre et de ses amis.
Les membres du CSP sont issus de secteurs variés et pluriels
Le Sgen-CFDT souhaite rappeler que c’est la loi qui a instituée du conseil supérieur des programme (CSP). Le CSP a permis un travail de fond sur les programmes. Il a travaillé en toute transparence et en toute indépendance, avec des acteurs pluriels : député.e.s, sénateur.trice.s, membres du conseil économique social et environnemental (CESE), personnalités de la société civile, scientifiques, personnels de l’éducation nationale.
Les propositions du CSP ont reçu en 2015 un avis très favorable au conseil supérieur de l’éducation (CSE) en particulier des représentant.e.s des personnels, des élèves et des parents d’élèves. Seuls 7 voix s’y étaient opposées alors qu’en 2008, 40 membres du CSE s’étaient exprimés contre le projet de programmes Darcos.
Pour le Sgen-CFDT, mener une politique éducative constructive suppose d’accepter de sortir de l’émotion pour entrer dans la raison. Peut-être alors, sera-t-il possible de ne plus être dans la posture stérile qui consiste à défaire en permanence ce qui a été fait.
En savoir plus sur le CSP et les programmes scolaires
Lire notre lettre au futur président du CSP
Lire le communiqué de presse du Sgen-CFDT
Dans le JDD, la fronde des membres du CSP
« ‘Si M. Blanquer choisit Jean-Paul Brighelli [un essayiste conservateur], beaucoup quitteront le Conseil », prédit un interlocuteur. Parmi les autres noms cités : le neuroscientifique Stanislas Dehaene, très apprécié Rue de Grenelle, le linguiste Alain Bentolila ou le mathématicien Jean-Pierre Demailly, deux pourfendeurs des programmes actuels. »
Philippe Watrelot et le ministre Hibernatus
« Dans une chronique pour Alternatives Economiques en juin dernier, j’ai contribué à populariser l’expression « ctrl-z » pour surnommer le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer. Après trois mois et 39 interviews données à toute la presse, on se demande si l’expression désignant une combinaison de touches pour revenir à l’étape précédente était suffisante. Car, tout en déclarant qu’il ne fera pas de réformes, c’est bien à un changement profond du système que le ministre se livre ainsi qu’à un reformatage du discours sur l’école. Et si Jean-Michel Blanquer ne cesse de dire qu’il veut le changement et promouvoir la modernité, plusieurs signes montrent qu’on est simplement en train de revenir à 2008. Comme un personnage qui aurait hiberné durant une dizaine d’années, plutôt que « ctrl-z », on pourrait aussi surnommer le ministre « Hibernatus » !
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