Lycée 4.0 : le Sgen-CFDT ecrit à la rectrice

Le Sgen-CFDT Alsace ne s’oppose pas sur le principe à l’introduction du numérique en classe. L’usage du numérique est un support de travail qui peut s’avérer pertinent et une éducation à ses usages nous incombe également. Cependant la préparation de la rentrée pose problème.

À Madame Sophie BEJEAN

Rectrice de l’Académie, Chancelière des universités

Rectorat

6 rue de la Toussaint

67000 STRASBOURG

Objet : Lancement des lycées 4.0

Madame la Rectrice,

Au mois de septembre 2017 s’ouvrira une rentrée 4.0 pour 13 lycées alsaciens et pour un millier de collègues de l’académie. Ce projet, porté au pas de charge par la région Grand Est, est enfin arrivé à la connaissance et à l’attention concrète de toutes les équipes et ces nouvelles dispositions soulèvent des questions et nous portons à votre connaissance les réflexions qui sont les nôtres.

Un projet précipité

Le Sgen-CFDT Alsace ne s’oppose pas sur le principe à l’introduction du numérique en classe. L’usage du numérique est un support de travail qui peut s’avérer pertinent et une éducation à ses usages nous incombe également. Cependant la préparation de la rentrée pose problème, notamment pour les personnels, surtout du fait de la mise en place très rapide pour ne pas dire précipitée du projet.

La question de l’équipement en bornes wifi

Tout d’abord, les travaux d’installation du WIFI ont été engagés mais les délais d’achèvement seront-ils respectés ? Plusieurs établissements annoncent à leurs équipes un mois de septembre voire d’octobre sans accès ou avec un accès partiel au WIFI, mettant les enseignants en situation d’instabilité dans la préparation de leurs cours. Cela risque de prendre à la rentrée des airs de bricolage : c’est insatisfaisant pour les personnels et peu propice à un début d’année serein face aux classes.

On peut également penser aux collègues qui vivront les premiers rendez-vous carrière durant cette année scolaire et qui devront présenter une progression qui traduira ce flottement initial.

Des questions encore sans réponse

La question de la santé des personnels, et partant, des élèves, a également été peu évoquée. L’exposition permanente aux ondes WIFI, le travail qui se multiplie sur écran, le stress lié aux nouvelles pratiques de classe, seront autant de sujets de préoccupation à ne pas évacuer d’un revers de main.

Il s’agit également d’évoquer la question de l’équipement des collègues qui vont devoir, ou se sentir en nécessité, tôt ou tard, de s’acheter un terminal. Il y a certes des réponses qui sont apportées par la Région, des heures d’accompagnement durant l’année, il n’en demeure pas moins qu’il va y avoir un changement de paradigme dans les préparations et les pratiques et que ce changement sera chronophage. Quelle reconnaissance sera apportée à l’investissement des collègues des établissements pilote ?

L’entrée effective dans le dispositif se fait en ce moment-même avec la question du choix des manuels numériques. L’ensemble paraît complexe : un sentiment d’impréparation domine chez le libraire dont les données ne sont pas à jour, chez les éditeurs qu’il faut contacter pour obtenir des accès, sans compter les tests de manuels numériques qui doivent être faits dans l’urgence alors que les collègues sont mobilisés pour le bac. Cela n’est pas propre à rassurer les équipes sur l’aisance des pratiques à venir !

Une évolution sur le temps long

Le Sgen-CFDT milite pour la prise en compte de ce changement sur un temps long. Si nous encourageons les collègues à entrer de bonne foi dans le dispositif, nous n’en considérons pas moins que nous devons raison garder par rapport à l’usage pédagogique du numérique. Il ne s’agit pas de s’y jeter à corps perdu dès la première année mais bien d’entrer progressivement dans des pratiques qui ne doivent pas prendre l’aspect d’une révolution. Nous ne saurions que trop rappeler la nécessité de la bienveillance et de l’accompagnement de la part des personnels de direction et des corps d’inspection. Les collègues doivent pouvoir s’engager chacun à leur niveau et sereinement et cela ne saurait se faire autrement que par l’accompagnement bienveillant, le temps donné et la reconnaissance de l’investissement.

Je vous prie d’agréer, Mme la rectrice, l’assurance de notre dévouement au service public de l’Education nationale.

Le secrétaire Général,

Laurent GOMEZ