Le compte rendu du colloque "Décrochage" avec Bernard Gerde

Le thème du Décrochage et Raccrochage scolaire a été étudié dans le cadre d'un colloque à Wittenheim et Strasbourg, rassemblant plus de 300 participants, du 1er et du 2nd degré.
Des apports, des interventions et des échanges très enrichissants...

Décrochage et Raccrochage scolaire

Le compte rendu

Un constat : 100 000 jeunes décrocheurs chaque année !

Le dernier rapport du Cnesco (conseil national d’évaluation du système scolaire), en date de décembre 2017 relève que le système éducatif français échoue encore trop souvent pour conduire tous les élèves vers une qualification.

Ce sont quelques 100 000 jeunes qui sortent chaque année, depuis 2015, du système éducatif sans diplôme de fin d’études secondaires (CAP ou baccalauréat). Avec l’impact que l’on sait sur l’estime de soi mais aussi un risque important d’inactivité ou de chômage de longue durée.

Reste que le taux de jeunes sortant sans diplôme a baissé de 3 points entre 2011 et 2015, preuve qu’un travail est engagé dans ce sens.

Décrochage / raccrochage au quotidien dans nos établissements

Au quotidien cependant, nous accueillons à tous les niveaux des élèves qui nous échappent, non pas que nous aimerions les maintenir prisonniers de notre classe, mais qui échappent à l’apprentissage, à l’activité, à la dynamique du groupe, à la curiosité, à tous ces éléments que nous mettons en œuvre pour nos élèves, consciencieusement et avec professionnalisme. Et ces élèves nous interrogent et nous déstabilisent : il nous est arrivé à tous d’avoir l’impression d’atteindre les limites de notre compétence d’enseignant, de ne plus savoir que dire, que faire, que proposer pour venir en aide à ces élèves et pour les maintenir dans le système éducatif.

Les intervenants : Bernard Gerde, Vincent Bernaud

Les interventions de Bernard Gerde, cofondateur et animateur du CLEPT, de Vincent Bernaud, secrétaire national du Sgen CFDT chargé de l’orientation professionnelle et Marie Toméi, psychologue de l’éducation nationale ont été très enrichissantes et inductrices de réflexion dans notre cadre professionnel.

On pourrait synthétiser nos réflexions de la journée autour de trois points :

La question du décrochage et du raccrochage scolaire relève de notre école, de notre système de notre classe et le danger serait de chercher à externaliser les solutions en dehors de l’école ou de l’école publique. C’est une question difficile mais dont nous devons humblement nous saisir. Or l’enseignant est déjà soumis à bien des responsabilités et l’élève décrocheur requiert du temps, de l’investissement et peut soulever nos inquiétudes mais il est important de se souvenir que l’équipe éducative doit jouer là tout son rôle, non pas de partage d’une quelconque responsabilité ou culpabilité, mais de partage de l’accompagnement. Une des demandes du Sgen-CFDT est d’ailleurs bien la reconnaissance de notre temps de travail en équipe : on

n’échange pas sur la situation périlleuse d’un élève entre deux portes ou sur le parking de l’établissement !
Le décrochage scolaire nous rappelle l’importance primordiale de la place de l’humain dans la relation d’enseignement et d’apprentissage. Nous exerçons un métier de relation, dans lequel chacun doit pouvoir trouver sa place dans la communauté, au-delà des structures, des normes, des programmes. Notre métier, nous le savons, est un équilibre à sans cesse chercher entre technicité et humanité.
La question du savoir et des enseignements conserve toute sa valeur face aux élèves décrocheurs et raccrocheurs. Les savoirs n’ont pas à être « démonétisés », nous a dit Bernard Gerde, au risque d’accentuer la perte de sens de notre école, mais c’est bien une haute exigence qu’il faut viser. Et c’est bien ce que nous demandons : nous voulons les moyens d’être « élitaires pour tous » et nous attendons de notre employeur qu’il nous permette de viser cette exigence par des moyens humains, financiers, matériels, pour oser enfin une politique sociale ambitieuse !