Un crash numérique si prévisible, trop prévisible…

Crash du numérique éducatif : Et si ça continuait ? Quand un crash est si prévisible, il peut et doit être évité, en commençant par écouter les personnels... Motion adoptée par le Conseil fédéral du Sgen-CFDT le 9 avril 2021.

Un crash numérique si prévisible, trop prévisible...La nouvelle poussée épidémique a amené l’exécutif à décider d’un nouveau confinement et d’une phase de suspension de l’enseignement en présentiel.

L’outillage informatique, pourtant essentiel, n’est toujours pas au rendez-vous…

Incompréhension, amertume et exaspération des personnels comme des usagers…

L’Éducation nationale est repartie pour deux périodes de cours à distance. Les acteurs de terrain subissent pourtant depuis le début de la semaine les conséquences d’un outillage informatique inadapté aux besoins. Les serveurs saturés et mal calibrés n’ont pas permis à de nombreux ENT et aux plateformes de visio recommandées par l’Éducation nationale de fonctionner. Les établissements qui avaient préparé une communication sur les procédures de continuité pédagogique à destination des parents et des élèves ont été obligés de bricoler pour pallier les insuffisances informatiques et donner de la visibilité aux élèves et aux familles.

Les explications douteuses du ministre nourrissent la défiance…

Le crash des services numériques éducatifs mardi matin, et sans véritable retour à la normale depuis, a suscité l’incompréhension, l’amertume et l’exaspération des personnels comme des usagers. Cette situation est d’autant plus incompréhensible que le retour en distanciel pouvait être anticipé. Elle doit donc être analysée précisément pour en identifier les causes. Encore une fois, le ministère et certaines collectivités locales ont préféré relativiser les difficultés rencontrées par les élèves et les personnels et désigner des coupables plus ou moins crédibles. Les explications douteuses du ministre nourrissent la défiance quant à la gestion de cette crise.

La question de la gouvernance du numérique doit être posée…

La question de la gouvernance du numérique éducatif, et notamment celle de la distinction entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre doit être posée. Il n’est pas acceptable de voir l’État, les collectivités territoriales et les prestataires privés se renvoyer la balle. C’est d’une réelle alliance éducative autour du numérique dont les personnels et les usagers ont besoin. C’était tout l’enjeu des États généraux du numérique. Cette occasion a été manquée.

Un parcours du combattant pour beaucoup d’élèves

Pour beaucoup d’enfants, d’adolescents et de familles, plus encore en milieu défavorisé, l’enseignement à distance est un parcours du combattant. Et le discours public tend à confondre enseignement à distance et cours en visioconférence, comme si réaliser tout son emploi du temps en visio et y exiger la présence de tous les élèves était souhaitable pédagogiquement et possible en terme de connexion !

Dès l’an dernier, le Sgen-CFDT avait proposé qu’en plus des dotations en matériel informatique aux élèves, le gouvernement travaille avec les fournisseurs d’accès pour que les élèves puissent tous accéder réellement à l’enseignement à distance.

Faute de bilan de l’expérience passée, le retour à la débrouillardise…

Sur le terrain toujours, la débrouillardise l’aura sans doute emporté sur l’organisation réelle d’un service d’enseignement à distance vraiment respectueux du RGPD, puisque finalement, chacun aura dû trouver ses propres moyens de communiquer avec les élèves et les parents.

Que la bonne marche du service public repose à ce point sur la débrouillardise personnelle interroge le sérieux de l’ensemble alors que nous avions pourtant acquis une expérience dans ce domaine.

Les temps de concertation demandés par le Sgen-CFDT pour partager les expériences, se former et réfléchir aux adaptations ont été refusés.

Le Sgen-CFDT avait proposé que les équipes disposent de temps de concertation, en allongeant la pré-rentrée en septembre, ou en banalisant une ou plusieurs journées au moment où s’annonce un changement majeur d’organisation pédagogique. Refusé, ce temps de concertation, de travail entre professionnels, aurait pourtant permis du partage et de l’analyse d’expérience, de la formation entre pairs, une réflexion sur la manière d’installer, en présentiel, des habitudes de travail partagées facilitant le travail à distance des élèves avec les enseignants.

Chaque acteur public doit assumer ses responsabilités…

Chaque acteur public doit assumer ses responsabilités dans la gestion de la crise. Les collectivités locales et l’État n’ont pas conçu et financé à temps les adaptations et la sécurisation des outils numériques utiles pour l’enseignement massif à distance.

En ne préparant pas suffisamment le scenario de fermeture, le Ministère a fait preuve de désinvolture, et met les communautés éducatives dans une situation de tension, y compris dans les relations entre les personnels, les élèves et les familles.

Un sentiment de mépris et l’impression d’un immense gâchis…

Les personnels ont le sentiment que leur travail est méprisé, et l’impression d’un immense gâchis. Cela aboutit aussi à une pression très forte et en urgence pour les personnels de l’État, des collectivités locales, et les salarié.e.s des entreprises qui travaillent au développement et au fonctionnement opérationnel des différents outils numériques utiles à l’enseignement à distance.

Quand un crash est si prévisible, il peut et doit être évité. En commençant par écouter les personnels épuisés par l’impréparation et de fait, par les adaptations permanentes à mener dans l’urgence.

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