« Mon bureau numérique », où est le progrès ?

L'ensemble du personnel de l'Education Nationale de l'académie de Strasbourg a découvert à la rentrée l'application "Mon Bureau Numérique" qui remplace l'ENTEA, auquel les personnels s'étaient tant bien que mal formés et habitués depuis 4 ans. Or, Mbn fonctionne très mal !

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Dans l’académie de Strasbourg, depuis une dizaine d’année, les personnels ont donc dû s’adapter à trois outils différents. Lorsqu’enfin l’outil devenait performant et que tout le monde y était habitué, on leur a annoncé qu’il fallait en changer. D’abord en passant de Scolastance à Entea, puis de Entea à Mon Bureau Numérique…. A chaque fois, ce changement s’est opéré difficilement du fait d’un manque de continuité entre ces outils qui a provoqué l’exaspération de beaucoup.

Pourquoi n’a-t-on pas consulté les personnels sur ce qu’ils voulaient à tout prix conserver de l’ancien outil ?

Pourquoi le cahier des charges imposé lors de l’appel d’offres n’a-t-il pas prévu cette continuité en listant tous les services d’ENTEA qui donnaient entièrement satisfaction et qui étaient utilisés quotidiennement et efficacement par les personnels, les parents et les élèves ?

 

Mon bureau numérique n’est pas au point au niveau technique

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Le conseil régional s’est sans doute félicité d’avoir réduit la facture de moitié en abandonnant I-TOP (le concepteur d’ENTEA) et en choisissant KOSMOS (celui de MbN). Mais cette baisse des coûts qui pourrait être salutaire pour le contribuable, s’est bien sûr accompagnée d’une baisse de la qualité d’un service utilisé par plus d’un million de personnes dans la région Grand Est (parents, élèves, enseignants et administratifs inclus) ! Ainsi, le nombre de serveurs n’étant pas suffisant, les déconnexions intempestives sont fréquentes dans les périodes de pointe, quand les professeurs font tous l’appel en début d’heure ou lorsque les parents se connectent en masse, le dimanche soir par exemple, pour suivre les devoirs et les résultats de leurs enfants.

Pour ce qui est de l’utilisation par les parents (qui est quand même un des intérêts principal de l’outil…) on peut aussi regretter une trop grande complexité : ainsi, un parent qui aurait 4 enfants à suivre au collège et au lycée devra retenir autant de logins et de mots de passe !

On peut aussi noter que KOSMOS n’a pas prévu d’intégrer à sa base les nombreux professeurs stagiaires et contractuels qui n’ont pu bénéficier d’un accès que bien après la rentrée des classes !

La vie scolaire ne peut plus faire correctement son travail

Le plus problématique et aussi le plus scandaleux dans cette affaire, c’est que le travail de la vie scolaire a été rendu très compliqué et parfois impossible par le passage d’ENTEA à Mon Bureau Numérique ! Les CPE et les assistants d’éducation ne peuvent plus accéder aux emplois du temps des élèves ou des enseignants. Aucune synthèse facile d’accès et lisible n’est en effet prévue pour permettre de suivre la totalité du parcours d’un élève sur une période donnée (absences, retards, sanctions…). De même, l’absence de compatibilité entre SIECLE, la base de données élèves du rectorat et Mon Bureau Numérique pose problème…

Des problèmes majeurs dans la conception même de l’interface de Mon Bureau Numérique

En effet, de nombreuses fonctionnalités indispensables manquent à l’appel sur Mon Bureau Numérique. Par exemple, il est désormais impossible pour un enseignant de consulter l’emploi du temps de ses collègues ou l’emploi du temps des salles. C’est tout de même un comble qu’on ne puisse plus travailler simplement avec nos collègues, pour voir lorsqu’ils sont présents, échanger une heure de cours, construire des projets communs. De même, impossible pour le moment d’accéder à l’emploi du temps des salles, ce qui était bien pratique lorsqu’on avait un cours à rattraper ou à assurer hors de son emploi du temps…

Il a donc été décidé de revenir au bon vieux papier avec un dossier comprenant tous les emplois du temps des collègues dans la salle des profs… Quelle régression !

mon bureau numériqueMon Bureau Numérique, une « catastrophe industrielle » ?

Les personnels de direction du Sgen-CFDT Alsace ont alerté les collectivités locales et le rectorat sur la « catastrophe industrielle que représente le passage d’ENTEA à Mon Bureau Numérique. « De toute évidence le produit de l’éditeur KOSMOS représente une régression totale par rapport à l’offre d’ITOP avec ENTEA. Les difficultés vécues au quotidien depuis la rentrée dans les EPLE alsaciens méritent qu’on s’interroge sur la possibilité de dénoncer ce marché ou d’appliquer des pénalités à un prestataire qui ne remplit pas son cahier de charges« .

Dans certains établissements, on se pose même la question d’acheter un autre outil de suivi des élèves, ou de revenir à ProNotes qui avait fait ses preuves dans de nombreux établissements.

Au rectorat, nos élus ont repris ce constat devant la rectrice et  rappelé le rôle primordial d’un secrétariat dans un EPLE. De nombreux chefs d’établissement sont mis en difficulté par l’absence ou le manque de qualification de leur secrétaire. Cela impacte fortement leurs conditions de travail et d’exercice de leurs missions de personnel de direction et peut générer de la souffrance au travail. Le SGEN-CFDT considère que les postes de catégorie C ne sont plus adaptés aux missions de secrétariat au vu de la complexité des tâches. Nous demandons la création de postes d’assistant de direction de catégorie B dans tous les EPLE. Les annonces de suppression de postes administratifs au niveau national font craindre que cette situation peut encore s’aggraver ».

Voir aussi cet article sur les suppressions de postes

Ce qu’exige le Sgen-CFDT Alsace

  • Une mise en demeure de la société KOSMOS qui doit mettre à niveau Mon Bureau Numérique (par exemple en augmentant le nombre des serveurs de manière à assurer une connexion facile, rapide et sans interruption.
  • Une hausse conséquente de la rémunération des PRN et Référents Numériques qui doivent faire face aux nombreux bugs et difficultés de configuration de Mon Bureau Numérique, et qui doivent faire face aux nombreuses plaintes des collègues.
  • Qu’une réflexion soit menée au niveau du conseil régional et du rectorat sur le passage d’un outil à un autre : il y faut plus de continuité et un cahier des charges plus strict, plus complet, et plus précis. Il y faut aussi une formation approfondie des administrateurs, des personnels de direction comme des CPE et des enseignants. Cela doit être anticipé pour ne pas provoquer des difficultés à la rentrée.

Dans la presse :

 

Aller plus loin :

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Lycée 4.0 : le Sgen-CFDT ecrit à la rectrice