11 mai : les orientations de la rectrice en vue du déconfinement

La rectrice de l'Académie de Strasbourg, Mme Elisabeth Laporte, a reçu les organisations syndicales représentatives ce lundi 20 avril. Il ressort de cette réunion une volonté d'écouter et de rebâtir un dialogue social mis à mal, et les premières orientations pour un déconfinement (très) progressif.

Préalablement à cette réunion, le Sgen-CFDT Alsace avait écrit à la rectrice une note conséquente contenant à la fois nos doutes quant à la reprise du 11 mai voulue par le président de la République et nos exigences si le déconfinement devait tout de même avoir lieu dans les écoles et E.P.L.E de l’Académie de Strasbourg. La rectrice y a répondu, se voulant à l’écoute et rassurante quant au respect des préconisations sanitaires lors du déconfinement en Alsace. Il en ressort peu de choses précises et concrètes mais quelques orientations importantes..

Voir aussi les orientations du DASEN du Bas-Rhin

Les 6 orientations de la rectrice pour le déconfinement dans l’Académie de Strasbourg

Lors de cette réunion, nous avons pu dialoguer directement avec la rectrice de l’Académie de Strasbourg Élisabeth Laporte, qui s’est montrée à l’écoute de l’ensemble des organisations syndicales, qui allaient d’ailleurs presque toutes dans le même sens : prise en compte avant tout des exigences sanitaires et de sécurité des usagers, mise en place des moyens nécessaires aux gestes barrières et à la distanciation sociale et enfin organisation de journées de concertations entre enseignants, CPE, Psy-EN, administratifs et personnels de direction en préalable à toute reprise. Voici quelles ont été les 6 principales orientations évoquées par la rectrice.

1. Déconfinement ou pas, la priorité reste la santé de toutes et de tous

La rectrice l’a répété à plusieurs reprises : l’objectif n°1 est de préserver la santé de toutes et de tous et de limiter au maximum la propagation du virus. C’est pourquoi les personnels fragiles, couverts par la loi d’urgence sanitaire, par exemple, seront toujours invités à se signaler et à rester chez eux où ils pourront travailler à distance comme durant le confinement (de la même manière, les personnels parents d’enfants non accueillis dans les écoles continueront à bénéficier d’une autorisation spéciale d’absence).

De plus, on peut s’attendre à ce que ni les crèches ni les écoles maternelles ne rouvrent, compte tenu du fait que les règles de distanciation sociale et les gestes barrières y sont impossibles à faire respecter. Cela implique que les personnels parents d’élèves de crèche ou de maternelle, par exemple, garderont leur autorisation spéciale d’absence et de télétravail.

2. Le Déconfinement ne signifie pas que les écoles et E.P.L.E. ouvriront partout et pour tout le monde

Certaines communes particulièrement touchées et où le virus circule encore beaucoup malgré le confinement – on pense notamment à certaines communes du Haut-Rhin – devront rester confinées : les écoles, collèges et lycées ne pourront y rouvrir dès le 11 mai : il faudra encore attendre quelques temps.

De plus, il n’est absolument pas question d’une reprise d’ici juillet pour tous les élèves de l’Académie de Strasbourg. Dans toutes les écoles et E.P.L.E. qui rouvriront leurs portes, tous les élèves ne pourront pas venir en cours et pas en même temps. Tout cela reste flou en l’attente des instructions ministérielles, mais on peut s’attendre à ce que certaines classes soient privilégiées, comme les classes à examens – et certaines matières. La rectrice signale par exemple que les Premières et Terminales STMG, où beaucoup d’élèves ont décroché, pourraient être priorisées, notamment les élèves qui ont autour de 8 de moyenne, pour leur permettre de raccrocher en vue de l’obtention du baccalauréat. De même, on pourrait envisager que seuls les enseignements de spécialité ou à fort coefficient pour le bac soient assurés en Première et Terminale. Elle répondait en ce sens au Sgen-CFDT Alsace qui met en avant une approche par objectifs plutôt que par territoire ou par tranche d’âge ou encore par matière. Le Sgen-CFDT Alsace propose par exemple que les élèves de Première puissent suivre des cours de français destinés à préparer l’oral – si celui-ci est maintenu (ce qui nous semble aberrant…).

Cela signifie aussi que l’enseignement à distance se poursuivra soit avec tous les élèves, si l’établissement ou l’école restent fermés, soit avec une partie d’entre eux en cas de reprise partielle.

3. Les personnels ne feront pas en même temps du présentiel et du distanciel

Devant l’inquiétude des représentants des personnels, la rectrice a assuré que les enseignants qui participeraient à la mise en place du déconfinement en assurant les cours en présentiel seraient dispensés de mettre en place la « continuité pédagogique » avec leurs autres élèves.

4. Ces huit semaines (au maximum) de cours doivent être considérées comme une période « d’échauffement » pour préparer la rentrée de septembre 2020.

Répondant à l’une de nos interventions, la rectrice a bien voulu reprendre le terme « d’échauffement » en vue de la rentrée de septembre 2020. Cela veut dire concrètement qu’il ne faut pas envisager de finir le programme ni de multiplier les évaluations et les notes. Il s’agit simplement de reprendre contact et de maintenir ou recréer le lien, cela dans le premier comme dans le second degré.

5. Il faut prévoir une période de « prérentrée » assez longue pour se retrouver entre adultes et reconstruire le collectif

Répondant à notre demande et à celle d’autres O.S., il est acté que les cours ne reprendront pas dès le 11 mai, mais que plusieurs journées de concertation seront organisées dans les écoles et les E.P.L.E. pour reprendre contact et organiser le déconfinement. La rectrice, comme le Sgen-CFDT Alsace, avancent une semaine de préparation à compter du 11.

En réponse à une demande du Sgen-CFDT Alsace, la rectrice se montre favorable à la mise en place ou à la réactivation des Comités Hygiène et Sécurité dans les collectifs de travail pour veiller au respect des exigences sanitaires.

Elle souhaite aussi que des cellules d’écoute – collectives et/ou individuelles – soient mises en place dans chaque établissement pour les élèves qui auraient besoin de parler et d’être écoutés sur leurs difficultés rencontrées pendant le confinement, ou les deuils qu’ils auraient pu traverser.

6. Cette crise doit être l’occasion de refonder un dialogue social mis à mal

La rectrice a réaffirmé son attachement au dialogue social : elle reconnaît que celui-ci a été mis à mal ces derniers temps et qu’il est indispensable de le rebâtir, au niveau local – ce qui est acquis selon elle – mais aussi au niveau national…

La rectrice a-t-elle été contredite par le ministre dès le lendemain ?

Mardi 21 avril, soit le lendemain de la réunion évoquée ci-dessus, Jean-Michel Blanquer a semblé contredire tout ce que la recrice de l’Académie de Strasbourg Elisabeth Laporte nous avait dit avant-hier… Qu’en est-il vraiment ? Que faire en attendant les précisions ?

Le ministre de l’ Éducation nationale a livré un discours très politique, passant par dessus les représentants des personnels que nous sommes et s’éloignant ainsi une fois de plus d’un dialogue social solide et constructif : en cela, il est très loin du discours que la rectrice nous a livré lundi (et proche de ce à quoi il nous a habitué depuis 3 ans…).

Cependant, ce qu’a dit le ministre ne s’appliquera pas tel quel, et particulièrement en Alsace. Voici pourquoi :

De nombreux personnels devront rester chez eux et télétravailler, soit parce qu’ils sont considérés comme fragiles, soit parce qu’ils devront ou voudront garder leurs enfants : les ressources humaines présentes dans chaque école, collège et lycée seront donc très variables et il faudra bien faire avec…

Le ministre lui-même a affirmé que les recteurs et les rectrices pourraient assouplir le dispositif en fonction de la situation locale. La reprise ne sera donc pas la même dans le Haut-Rhin (642 décès le 21 avril) et en Ariège (2 décès).

Le Sgen-CFDT Alsace va rester très vigilant et si nécessaire mettre la pression sur les autorités académiques pour que la reprise se fasse dans le respect de la santé des usagers et des agents.

Les annonces d’Edouard Philippe le 28 avril

Aucune des annonces d’Edouard Philippe du 28 avril à l’Assemblée Nationale ne contredit les orientations de la rectrice : le déconfinement pourra en effet être différent dans les départements où les indicateurs donnés sont mauvais. Mais il faudra attendre le 7 mai pour le savoir… donc très tard : le Sgen-CFDT Alsace demande donc qu’une semaine de prérentrée soit organisée dans les écoles à partir du 11 mai.

11 mai ⚠️ Voici les principales annonces du Premier Ministre sur l’organisation de la reprise dans les écoles, collèges et lycées de France

➡️Des stocks de masques seront mis à disposition dans les écoles et EPLE pour les enseignants et les collégiens (port pas recommandé pour les écoliers).

➡️Les mesures de déconfinement seront mises en place progressivement, département par département et revues en fonction des évolutions constatées suvant 3 critères :
– le taux de cas nouveaux
– les capacités en réanimations
– le système local de test et de détection des chaînes
=> ces indicateurs seront relevés le 7 mai pour chaque département et détermineront si le déconfinement a lieu et sous quelles formes.

➡️A partir du 11 mai, les écoles pourront rouvrir. A partir du 18 mai, seuls les départements où le virus circule peu pourront rouvrir les collèges, en commençant par les classes de 5e et de 6e.

➡️ Les règles suivantes devront êtres appliquées : jamais plus de 15 élèves par classe, application stricte des gestes barrières, utilisation de masques et de gel hydroalcoolique. (Pas de masques en maternelle, masques pédiatriques pour enfants présentant des symptômes le temps que les parents viennent les récupérer dans les écoles, port obligatoire du masque pour les collégiens).

➡️Fin mai, sera décidé si les lycées peuvent rouvrir début juin en commençant par les lycées professionnels.

➡️Une souplesse maximale sera donnée au terrain aux directeurs d’école et d’EPLE.

➡️Les crèches seront réouvertes avec accueil par groupe de 10 enfants maximum (ou plus si plusieurs groupes de 10 enfants peuvent être séparés dans de bonnes conditions). Priorité d’accueil pour les familles dans l’impossibilité de télétravailler ou les familles monoparentales, ainsi que les enfants de soignants ou de professeurs.

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